Chaque matin Virginie Phulpin livre son regard sur l'actualité sportive. Ce lundi, elle revient sur la victoire dimanche, en Ligue européenne de handball, des Nantaises. Pour elle, c'est "une de ces divines surprises que personne n’avait vu venir" et qui font la beauté du sport.
Les handballeuses de Nantes championnes d’Europe ! Les Nantaises ont remporté la Ligue européenne en dominant les Hongroises de Siofok (36-31) dimanche. Pour Virginie Phulpin, on doit se rendre compte que ce match fait partie des victoires qui marquent l’histoire du sport collectif français.
"Il y a des surnoms prédestinés. Les Roses, c’est celui des Nantaises qui ont ajouté des couleurs au printemps sportif français. Championnes d’Europe ! Si on nous avait dit ça au début de la saison, personne n’y aurait cru. Nantes n’avait jamais participé à une phase finale européenne. Il y a 10 ans, cette équipe évoluait encore au troisième niveau national, l’entraîneur n’est arrivé que l’été dernier, et le président qu'au mois de janvier.
Avouez que ça ressemble plus à la description d’un petit poucet en train de grandir qu'à celle d’un ogre européen. Personne n’y croyait, sauf elles. En sport on parle souvent de la force du collectif, sans toujours savoir exactement ce que cache cette expression toute faite. Mais dimanche, on a vu se matérialiser cette idée de collectif sous nos yeux. En finale, les Nantaises ont fait tomber les Hongroises de Siofok, les tenantes du titre et archi-favorites, en frissonnant à peine en fin de match.
Elles les ont dominées de la tête et des épaules, parce qu’elles étaient ensemble avec un objectif commun et avec une solidarité qui déjoue tous les pronostics des rencontres jouées d’avance. C’est ça aussi la beauté du sport. C'est la meilleure des réponses à tous ceux qui rêvent de ligues fermées où seuls sont invités à la fête ceux qu’on attend. Non, ce n'est pas ça le sport. Ce qui nous embarque dans des moments hors du temps, ce sont ces divines surprises que personne n’avait vu venir.
C’est aussi la meilleure des réponses à une saison très compliquée pour le handball...
Des cris, des pleurs, des rires et des sourires pour oublier les tribunes vides. Les Nantaises nous ont offert une ode à la joie dimanche. Cela a conclu et exorcisé les démons d’une saison en enfer pour tous les sports de salle. Cette année sans public a fragilisé les clubs et éloigné les supporters et les pratiquants. Cette victoire des Roses ne peut que redonner du baume au coeur à un secteur en souffrance.
Elles ont gagné pour elles, bien sûr, pour leur club, mais aussi pour tout le handball français, et pour les cousins du basket et du volley. Mon seul regret, ce lundi matin, c’est que ces finales européennes qui nous transportent ne soient pas plus visibles à la télévision. A l’heure où le sport français va chercher à récupérer tous les sportifs en herbe perdus pendant la crise sanitaire, le sacre européen des Nantaises est la meilleure publicité, le meilleur argument pour faire revenir les jeunes dans les gymnases.
Il ouvre le champ des possibles, nous invite à y croire, célèbre la force d’une équipe et les émotions qu’offre le sport. Que demander de plus ? Rien. Il reste juste à dire bravo."