Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mercredi, Virginie Phulpin revient sur les déclarations de Patrice Evra au sujet du racisme dans le football sur les réseaux sociaux. Il s’en est notamment pris à Noël Le Graët. Pour Virginie Phulpin, son témoignage est important mais il ne suffira pas.
Y a-t-il du racisme et de la discrimination en équipe de France de football ? Patrice Evra a mis les pieds dans le plat dans une vidéo. L’ancien joueur s’en prend à Noël Le Graët, le président de la fédé qui avait dit que le racisme n’existait pas dans le foot, et il donne des exemples de ce qu’il a vécu avec les Bleus. Pour Virginie Phulpin, il faut écouter Patrice Evra mais son témoignage ne suffira pas.
Pour une fois que Patrice Evra montre l’exemple… Parce que l’ancien capitaine des Bleus a souvent raconté n’importe quoi. Mais même une tête brûlée comme lui peut avoir des choses importantes à dire.
On sait bien, depuis des décennies, il y a des gens dans ce pays qui ne supportent pas de voir des joueurs noirs en bleu. C’est une chose de le savoir, c’en est une autre de voir un ancien joueur raconter le genre de lettres racistes abjectes que le staff reçoit à Clairefontaine. Personne n’en a jamais parlé. C’est ça qui est fou.
Et là, Patrice Evra le fait. Il ne joue plus, donc il est plus libre de s’exprimer. On a suffisamment critiqué la sortie de Noël Le Graët sur le racisme qui n’existe pas dans le foot pour apprécier qu’un joueur le contredise. Ça n’est pas un hasard si l’ancien capitaine en parle maintenant. Il y a quelques années, ça aurait été inaudible. Mais c’est comme le mouvement Me Too ou Black Lives Matter. Aujourd’hui, on ne se tait plus et on dénonce les discriminations. En tout cas Evra le fait et tant mieux.
Patrice Evra dénonce aussi une forme de racisme dans l’institution équipe de France, pas juste de la part de certains supporters.
C’est là que l’on va avoir besoin de la version d’autres joueurs, parce que celle de Patrice Evra ne peut pas suffire. Quand il dit qu’à Clairefontaine, on ne met que des joueurs blancs autour du président et que c’est parfaitement intégré, c’est plus que choquant, évidemment. Sauf que sur la photo qui est ressortie partout, on voit François Hollande entre Hugo Lloris et Laurent Koscielny. Oui, mais Lloris c’est le capitaine. Et Koscielny est un proche de François Hollande. Il est corrézien, ils ont participé à beaucoup de manifestations ensemble.
Donc il ne faut peut-être pas non plus accuser de racisme à tort et à travers. C’est pour ça que le témoignage de Patrice Evra ne suffira pas. Mais à sa manière, maladroitement, il a eu raison de dire tout ce qu’il avait sur le cœur.
Patrice Evra n’a jamais trouvé la taupe dans le vestiaire des Bleus, mais il débusque un lièvre 10 ans plus tard. Et c’est autrement plus important.
