Jérôme Jarre, mondialement connu pour ses vidéos humoristiques sur internet, a récemment apporté 60 tonnes d'aide humanitaire en Somalie.
Chatouiller un inconnu dans la rue, se précipiter sur un autre pour lui faire un câlin, miauler en suivant un sac à dos à tête de chat ou se mettre aboyer en voyant un chien passer… C’est comme ça que Jérôme Jarre est devenu une superstar d’Internet. Son smartphone comme son œil. Des millions d’ados pliés de rire à chaque fois que leur idole se donne en spectacle quelque part. Un trottoir, un square, une gare, une rame de métro… Ses partenaires involontaires, castés n’importe où, au hasard des situations : une gueule singulière à un carrefour ou une posture équivoque dans une salle de sport. Des quidams qui ne lui ont rien demandé et dont il déconstruit l’instant, au moment où il les piège : ici, Jérôme réveillant à coup de caresses un vieux, assoupi sur un banc public. Là, Jérôme, dont les grimaces font éclater rire une toute petite fille dans sa poussette.
L’impromptu, la réaction… Des mini-séquences qui ne durent jamais plus 6 secondes. Un humour furtif et sans risque. Rien de méchant, rien de subversif, rien de politique… Pas de scénario, pas d’histoire, pas de propos. Juste des blagues gentiment cucul, du niveau collège, avec des messages gentiment con-con du genre : Love Life Like Crazy, "Aimez la Vie comme un fou". Les ados adorent. Du bon sentiment 2.0 et du culot : les 2 ressorts d’un succès né il y a maintenant 4 ans, sur Vine, une application mobile de partage de vidéos, rachetée depuis par Twitter. Près de 8 millions de "Jérômies", le nom que se sont donnés les fans de Jérôme Jarre. De quoi caresser l’ego d’un Narcisse dont l’étendue du sourire n’a d’égale que la taille de son moi. Moi, Jérôme. Jérôme, moi et ma bobine. Jérôme partout… Ça pourrait être une blague sur le web, si ses admirateurs ne juraient pas que Jérôme est tout le contraire d’un crâneur. Pas bêcheur pour un snap.
Un type formidable, qui ne se prend jamais au sérieux, malgré son succès, son argent et son carnet d’adresse Hollywoodien : Béyoncé l’adore, Bob de Niro l’appelle sur son portable, Pharrell Williams fait l’andouille avec lui sur ses vidéos, ou encore Ellen DeGeneres, la fameuse animatrice américaine de télé qui l’invite, tous les 4 matins, dans son émission. Incredible !
Le fabuleux destin d’un petit Savoyard né le 12 juin 1990 à Albertville. Un bébé bercé au son d’Aimable et d’Yvette Horner. La tétine et la musette. Un père accordéoniste professionnel qui abandonnera ses bretelles, la mère et l’enfant, avant que Jérôme ne sache marcher. Une enfance de ville en ville, au gré des jobs de sa maman. Une flopée d’écoles, des mauvais souvenirs : Jérôme tête de turc, Jérôme mal dans sa peau, une puberté compliquée, jusqu’au jour où, devenu étudiant dans une école de commerce, Jérôme part pour la Chine. Pas une contrepèterie, un séjour de fin d’études… Un voyage quasi-initiatique, racontera, plus tard, ce jeune homme, plus doué pour le Storytelling que pour la comédie. Une rencontre qui va tout changer : pas un chaman, un jeune businessman américain, un startupien à la pensée "Jeanclaudevandamienne", qui lui va dire ceci : "Imagine Jérôme… Tu as 99 ans, tu es sur ton lit de mort. La chance te permet de tout recommencer à zéro : qu’est-ce que tu fais ?"
Ce sera le déclic pour le garçon, puis le Clic sur une application naissante : Vine ! Jérôme va commencer à filmer ses délires. Les followers se multiplient. Un billet simple pour les States, un Iphone et 400 dollars en poche… Quelques mois de galères mais le garçon est malin et se fait aussi rapidement héberger que repérer. Il se filme déguisé en écureuil à Central Park. S’expose presque nu dans un Boeing en plein vol, une bouée canard autour des hanches et un speedo en guise de feuille de vigne. Les menottes du FBI à l’atterrissage. Ses millions de fans le feront libérer en quelques heures après avoir pris d’assaut, à coup de mails, tous les ordinateurs du département US de la justice.
La célébrité, l’influence, le pouvoir de dire non à une agence de pub new-yorkaise qui lui proposera 1 million de dollars pour sponsoriser une année de ses vidéos. Parfois, expliquera-t-il, vous devez écouter votre cœur. Être honnête avec vous-même. Légende, marketing, bien sûr. On oubliera son sourire exaspérant et son niveau d’humour moins 2.0. Il y a 72 heures, Jérôme Jarre a apporté 60 tonnes d’aide humanitaire à des Somaliens en train de crever de faim. La preuve éclatante qu’on peut donner du sens au creux, et créer du beau à partir du con.