Tous les samedis et dimanches, Vanessa Zhâ et Marion Sauveur nous font découvrir quelques pépites du patrimoine français. Direction aujourd'hui le département du Lot-et-Garonne, pour une visite de Monflanquin et Villereal, deux des plus beaux villages de France.
Direction le Sud-Ouest. Vous nous emmenez en balade dans le Lot-et-Garonne, un territoire que vous aimez bien Vanessa.
Oui, parce qu’il réunit tout : des vieilles pierres, du vert, de l’eau (omniprésente) et de bons produits comme les fraises - Marion va nous en parler évidemment ! Alors quand je dis vieilles pierres, je pense aux châteaux, aux moulins, aux séchoirs à tabac que l'on cultivait dans la vallée de la Garonne, mais surtout aux Bastides. C’est le département qui compte le plus de bastides en Aquitaine : 42. Elles ont été construites au Moyen-âge, vers le 13e siècle. Certaines sont perchées comme Monflanquin, d’autres en plaine comme Villereal (pour ville royale). Et si je vous parle de ces deux là précisément, c’est parce qu’elles sont classées "Plus beaux villages de France".
Et il ne faut pas confondre ces villages avec les bastides du Sud-Est qui sont, elles, des corps de ferme.
C’est ca ! Une bastide dans le Sud-Ouest, c’était un ville au Moyen-âge. Le village n’est pas construit autour d’une église mais d'une place centrale, avec une halle, pour accueillir le marché (un évènement hebdomadaire gravé dans le marbre). Jean Rocher, que certains connaissent sous le nom de Janouille, est guide troubadour-bouffon à Monflanquin. Il nous raconte les coulisses. "Quand on a créé une bastide, on a créé une charte des coutumes, avec 37 articles à Monflanquin. Il y avait notamment le jour du marché, qui était le jeudi. Et depuis plus de 750 ans, c'est toujours le cas, comme à Villereal, où c'est le samedi. Mais, dans cette bastide voisine, il y a une belle halle en bois, sur des piliers de chênes. Alors qu'à Monflanquin, elle a été détruite en 1770."
750 ans après, le marché se déroule toujours le même jour !
Et c’est en plus à ce moment-là que vous devez découvrir chaque bastide du territoire. On déambule dans le Lot-et-Garonne comme dans un grand potager. C’est son ADN. En plus, on y trouve la plus grande diversité de fruits et légumes cultivés en France.
Coté jardins, il y a de quoi faire aussi. Il y en a un qui est incontournable, c'est le Jardin des nénuphars à Latour-Marliac. Ill abrite la collection nationale Française de Nymphéa depuis le 19e siècle. Ce lieu a été une révélation pour Robert Sheldon, le propriétaire. "C'est grâce à ces nénuphars colorés que Claude Monet a eu l'idée de créer son jardin d'eau à Giverny. C'est aussi ce qui lui a inspiré près de 200 tableaux de sa série "Les Nymphéas".
3 hectares de jardins, de bassins, c’est beau, captivant ! Et puis ce jardin, c’est aussi un bon point de départ pour descendre le Lot sur une gabare à fond plat ou un bateau électrique. Vous avez le choix, il y a 200 km de voies navigables et 4.000 km de cours d’eau pour pêcher.
Coté hébergements, une adresse ?
J’aime beaucoup la maison d’hôtes la Maison bleue à Villereal, surtout pour sa petite pause gourmande dans le patio. Et c'est à quelques kilomètres seulement du Jardin des nénuphars, dans la campagne. Sinon, vous avez des corps de ferme et une ancienne chapelle réhabilités en chambres d’hôtes : Le Roussel.
Marion Sauveur, qu'est-ce que l'on mange dans le Lot-et-Garonne ?
Le fruit préféré des Français ! La fraise, le fruit du printemps par excellence. Et cela tombe bien puisque c’est aujourd’hui le printemps, et le début de la saison des fraises. Le Lot-et-Garonne est aujourd’hui le premier département producteur de fraises en France. Elles y sont cultivées depuis le 15e siècle et leur renommée date au moins du 17e siècle lors de la visite du roi Louis XIII. Pour son souper, il a eu droit à des fraises au vin et au sucre en début de repas, avant de finir par une tourte à la crème et aux fraises. A cette époque, chacun cultive ses propres fraises dans son jardin.
Est-ce qu’il y a une véritable culture de la fraise ?
A partir du 18e siècle, on verra apparaître les premiers champs de fraisiers. Mais il faut attendre les années 1970 pour que les agriculteurs se lancent véritablement dans la culture de fraises. C’est un travail fastidieux : les fraises sont récoltées à la main. Pourquoi les fraises sont si bien dans le Lot-et-Garonne ? La réponse avec le président de l’association interprofessionnelle des fruits et légumes du département, Eric Bazile.
“Le Lot-et-Garonne, c’est un pays de rivières : la Baïse, la Garonne et le Lot. Ce sont des vallées alluvionnaires, climatiquement et géographiquement bien placées pour faire de la fraise. On a une influence océanique importante qui nous permet d’avoir des températures fraîches de nuit et de la chaleur, parce que la fraise a besoin de chaleur aussi dans la journée, ça joue directement sur la qualité de la fraise. On est sur une zone idéale pour produire des fraises. On a vraiment une typicité ici dans le Lot-et-Garonne, c’est pour ça qu’on a été les premiers à être nommés pour le Label rouge, en 2010”.
Et oui, il y a quatre variétés de fraises lot-et-garonnaises qui portent le Label rouge.
- La gariguette : acidulée, sucrée, forme allongée
- La ciflorette : douce et acidulée
- La charlotte : plus ronde, avec un goût de fraise des bois, fondante
- Et celle qui vient juste d’être labellisée : la mariguette. C’est un mariage entre la maras des bois et la gariguette : saveurs boisées, acidulée et croquante.
Comment on choisit les fraises ?
On ouvre les yeux puisqu’il faut qu’elles soient belles : avec des pédoncules verts, bien rouges, brillantes, pas talées. Il faut qu’elles sentent bon ! Les labels comme le Label rouge peuvent vous influencer parce qu’elles sont sélectionnées notamment pour leurs qualités gustatives avec un taux de sucre minimal.
A la maison, on ne les conserve pas plus de deux jours. Les fraises se mangent tout de suite ! Pour les garder, placez-les en bas du réfrigérateur, dans le bac à légumes, surtout pas équeutées. Et sortez-les 30 minutes avant dégustation, pour qu’elles retrouvent toutes leurs saveurs.
Comment vous nous conseillez de les déguster ?
Il y a mille et une façons de manger des fraises. Moi, je les adore simplement avec de la chantilly. Mais je vous propose de réaliser des fraises au vin rouge, comme celles qui ont été servies à Louis XIII. Faites frémir le vin rouge (du Lot-et-Garonne, comme un Côte de Duras, fruité et léger) avec des épices (vanille, cannelle, clous de girofle) et du sucre. Une fois bien infusé, on laisse refroidir. On équeute et coupe les fraises en quatre, avant de verser le vin épicé refroidi. On place au réfrigérateur et on sert bien frais. Le vin est sirupeux, c’est un délice !
Les fraises au vin rouge
Ingrédients :
- 1 kg de fraises
- 75 cl de vin rouge du Lot et Garonne, comme un Côte de Duras
- 150 g de sucre
- 1 bâton de cannelle
- 1 gousse de vanille
- 3 clous de girofle
Réalisation :
1. Commencer par faire frémir le vin dans une casserole. Ajouter le sucre, la cannelle, les grains de la gousse de vanille coupée en deux (et la gousse) et les clous de girofle. Passer sur feu doux au bout de 3 minutes et laisser mijoter une quinzaine de minutes, tout en remuant. Laisser refroidir.
2. Nettoyer, enlever la queue des fraises et les couper en quatre, avant de les arroser de vin épicé refroidi. Placer au frais, au moins 1h30.