Tous les samedis dans l'émission Mediapolis, Claire Hazan revient sur l'actualité et la politique par le prisme des réseaux sociaux.
Claire Hazan, cette semaine vous êtes pleine d’espoir, vous avez découvert que vous pourriez enfin devenir riche grâce à cette chronique…
Pour cette chronique sur le numérique, il est requis que je passe un nombre considérable d’heures à surfer sur internet.
J’y dépose, malgré moi, un paquet de données : les liens sur lesquels je clique, les photos que je publie, les like que je dispense sur Facebook ou Twitter etc.
Ces données aujourd’hui elles rapportent aux géants du net, qui les récoltent (quand j’utilise leurs services gratuitement), puis qui les commercialisent. On a coutume de résumer la chose ainsi : « si c’est gratuit c’est que c’est toi le produit ».
Mais demain ça pourrait changer. Certains - députés, philosophes, économistes- veulent opérer un renversement radical. Le principe : c’est l’internaute qui deviendrait propriétaire de ses données et qui pourrait lui-même les vendre. Comme on vend un pull sur le bon coin ou ses services pour un baby-sitting.
Concrètement qui fait ces propositions, et comment ça se passerait ?
Cette vision est incarnée par l’auteur et philosophe Gaspard Koenig. Il a signé une tribune dans le Monde le 25 janvier dernier, avec notamment Laurence Parisot et le député LAREM Bruno Bonnell. Pour eux nos données intimes sont une marchandise comme une autre, qu’on doit pouvoir monnayer sur des places de marché, pour augmenter notre pouvoir d’achat.
Ça c’est la version ultra-libérale. Différente de celle proposée par le socialiste Julien Dray. Lui veut taxer les GAFA, pour reverser aux internautes. C’était sur BFM le 14 janvier dernier.
Dans la même lignée, un chercheur français a envoyé à Facebook une facture de 350 000€, pour ce « travail invisible ». Un geste symbolique mais qui montre bien que l’idée commence à faire son chemin, dans un contexte de défiance à l’égard des GAFA.
On imagine que peu d’internautes sont conscients de ces enjeux, quand ils naviguent sur internet. A la base c’est un sujet très technique, mais qui devient éminemment politique…
Toutes ces solutions… c’est pas pour demain. Ce sont des réflexions à long terme, complexes à mettre en place. Mais qui définissent un modèle de société.
Est-ce qu’on prend comme un état de fait, irréversible, la collecte massive de nos données personnelles ? Et alors on cherche, en effet, comment en tirer profit.
Ou est-ce qu’on tente d’inverser la machine, pour aller vers plus de protection des données. Ce qui là, exclut a priori toute idée de monnayer nos vies privées sous forme de données.