Tous les samedis dans l'émission Mediapolis, Claire Hazan revient sur l'actualité et la politique par le prisme des réseaux sociaux.
Le gouvernement Macron utilise les réseaux sociaux pour redéfinir ses liens avec les medias, et souvent même les contourner. Cette semaine, 3 initiatives sur Facebook, 3 cas d’école que vous avez observés.
Contourner les medias grâce aux réseaux sociaux… Le maître en la matière c’est évidemmentEmmanuel Macron qui utilise régulièrement Facebook live, l’outil de direct vidéo de Facebook, pour couvrir ses déplacements, dont il tient autant que possible les journalistes écartés. Dernier exemple en date cette semaine : sa seconde visite à Amiens chez Whirlpool. Les images étaient disponibles en priorité sur sa page Facebook, filmées et donc maîtrisées par sa propre équipe. Les extraits qui ont tourné ensuite sur les réseaux sociaux – notamment ceux du face à face avec François Ruffin- sont ceux découpés et choisis par cette même équipe pour mettre en valeur l’intervention du président.
Et puis derrière le maître, vous avez repéré cette semaine deux apprentis
Oui, les « padawan »…
D’abord le premier ministre Edouard Philippe qui s’est lancé lundi dans un premier exercice de questions/réponses avec les internautes, toujours en direct vidéo sur Facebook.
" Bonjour à tous et bienvenue pour cette première séance de questions/réponses sur Facebook. Je ne sais pas si mes prédécesseurs au poste de Premier Ministre utilisaient cet instrument mais ça m’a semblé une bonne idée à intervalle réguliers de pouvoir discuter pendant une demie heure et répondre aux questions que vous vous posez. "
Répondre aux questions que se posent les internautes, plutôt que répondre aux questions… que posent les journalistes sur des sujets sensibles comme les APL ou l’ISF. C’est l’un des premiers avantages de ce format. Des questions que l’on peut trier, sélectionner, modérer. Tout le contraire d’une interview.
Avec en bonus un sentiment d’authenticité, de proximité. Avec Facebook live, vous avez un premier ministre dans votre salon, dans votre poche, sur votre smartphone, et qui s’adresse directement à vous. Pour créer du lien, ou – au hasard- combler un déficit de notoriété, c’est l’outil idéal. Edouard Philippe est resté assez classique dans l’exercice : face caméra, son équipe lui tend les questions sur un bout de papier. On a vu mieux niveau chaleur et interactivité. Mais il va pouvoir s’améliorer puisqu’il promet de renouveler l’exercice chaque semaine.
Verdict donc pour l’élève Philippe ?
Verdict : travail un poil scolaire mais appliqué.
Tout le contraire de l’élève Castaner, qui lui a rendu une copie farfelue… voir totalement hors sujet.
Objectif de départ : jouer la carte de la modernité grâce au nouveaux moyens de communication. On est connectés, on est start-up nation. Ecoutez le lancement de la vidéo qu’il a publiée sur Facebook cette semaine. Tout est dans la musique :
" Bonjour je viens de sortir de l’Élysée, du point presse du porte-parole du gouvernement. Je voudrais évoquer avec vous le conseil des ministres de ce matin qui était évidemment empreint de gravité. "
Ce que j’ai oublié de vous préciser c’est que pour traiter de ces sujets « empreints de gravité », il se filme, dans une voiture, qui roule. Ambiance « pressé mais à la coule ». Ce qui lui a valu plus de réactions ironiques que de pouces levés sur les réseaux sociaux. Et en prime une chronique moqueuse sur France Info. A laquelle il a pris le temps de répondre par un nouveau clin d’œil en vidéo. Il s’y filme cette fois-ci… à vélo.
Résultat, que retient-on ? Le vélo, la voiture… mais le message de départ lui, est déjà loin derrière, bloqué au feu rouge. C’est toute la subtilité de cet exercice de communication sur les réseaux sociaux. Contourner, innover, réinventer… en veillant quand même à ne pas trop dériver.