Tous les samedis dans l'émission Mediapolis, Claire Hazan revient sur l'actualité et la politique par le prisme des réseaux sociaux.
L’axe Trump/Poutine/Erdogan, c’est le sujet de notre focus. Et à nouvel ordre mondial, nouvelle forme de diplomatie… Claire vous vous êtes penchée sur le rôle ambigu de Twitter dans les relations internationales et la naissance de ce que certains appellent déjà « la diplomatie du tweet ».
Un canard. Oui, la photo d’un vilain canard boiteux… c’est le dernier message envoyé sur Twitter par l’ambassade russe en Angleterre à… Barack Obama.
Bref rappel des faits : fin décembre, Barack Obama expulse 35 diplomates russes pour punir la Russie, qu’il accuse d’avoir piraté l’élection présidentielle américaine. Et cette ambassade russe riposte donc en… 140 signes et une image de caneton….
Bien sûr il y a eu d’autres réactions plus stratégiques (de Poutine notamment), mais ce tweet-là a fait le tour des médias. Il y a ceux qui se demandent si le compte a été piraté par une bande de pré-ados soviétiques un peu trop portés sur la vodka. Et il y a ceux qui voient se profiler dans cette réponse une nouvelle forme de diplomatie : la « diplomatie du tweet ».
Fini les longs communiqués où chaque mot aurait été pesé, pensé par une quinzaine de conseillers en géopolitique. Avec des figures comme Trump ou Poutine – viriles, impulsives, connectées- les relations internationales pourraient finir, craint-on, par se faire et se défaire en un tweet.
Trump nous a d’ailleurs fourni de « beaux » exemples
C’est le champion du genre. Regardez, depuis son élection :
Il menace Cuba… alors que les relations se réchauffaient avec les Etats-Unis depuis peu.
Il soutient Israël… contre les positions du président sortant Barack Obama et de l’ONU.
Il se met à dos la Chine… en se vantant de ses bonnes relations avec la présidente de Taïwan.
Tout ça sur Twitter. En 140 signes, donc sans nuances, sans éléments de contexte, et bien souvent sans explications complémentaires dans les médias traditionnels…
Des médias traditionnels qui, d’ailleurs, se débrouillent comme ils peuvent pour couvrir cette nouvelle variante des rapports internationaux. Sur le site des Echos, vous pouvez par exemple tomber cette semaine sur un article qui raconte « Donald Trump clashe Kim Jong-Un sur Twitter »… Waouh. Ok.
D’un coup, j’imagine le pire. Va-t-on un jour déclarer la guerre à la Corée du Nord à l’aide d’un GIF de chaton en colère ? Tout ça, tous ces « malheureux tweets », peuvent-ils vraiment être pris au sérieux, mal interprétés par les leaders des plus grosses puissances mondiales ?
Début de réponse cette semaine : en réaction aux attaques de Donald Trump, le gouvernement chinois a publié un article qui déclare « indésirable » l’obsession du futur président américain pour la diplomatie du tweet…