Selon les sondages sortis des urnes, les deux candidats anti-système Kais Saied et Nabil Karoui arriveraient en tête du premier tour de la présidentielle tunisienne.
Tout le monde admire la démocratie tunisienne.
Ses voisins ont envié les débats télévisés de cette présidentielle. Quel miroir flatteur !
Mais la réalité, c’est un système en panne et la réalité des chiffres. Alors qu’en 2014, la participation était de 63%, on constatait un tiers d’électeurs en moins ce dimanche, comme aux dernières municipales, comme si les Tunisiens ne croyaient plus à la politique.
En tout cas, ils ne croient plus les politiciens. Trois anciens premiers ministres, un ancien président et l’actuel chef de gouvernement prennent une raclée. Les deux grandes forces du parlement, le centre libéral et le parti islamiste sont balayées.
Au milieu des décombres, deux outsiders : Nabil Karoui et Kaïs Saïed. Tout oppose ces deux hommes qui s’opposent au système. Le milliardaire qui faisait campagne en Range Rover, distribuant les cadeaux comme un père Noel hors saison, avec sa femme en stiletto. Et l’universitaire qui roule dans sa vieille Peugeot, sans parti, sans meeting, sans réseaux sociaux. Le premier est populiste et fait de la télé, l’autre parle en arabe classique et fait de la télé.
Nabil Karoui est en prison et cela va être compliqué de l’y laisser. Kaïs Saïed enseigne le droit constitutionnel, il croit être le Droit et l’autre le tordu.
Le second tour va encore simplifier l’équation.
Kaïs Saïed invoque le chariah, il aura le soutien des islamistes. A défaut, Nabil Karoui doit réveiller le peuple.
La vraie campagne commence ce matin.