Ce vendredi, Didier François revient sur l'exclusion de 12 candidats de l'opposition pro-démocratique dans le cadre des prochaines élections législatives à Hong Kong. Il explique que cette décision était attendue par le régime chinois, qui n'accepte pas que la population hongkongaise ne soutienne pas sa vision de l'avenir de ce territoire.
Cette fois, c’est vraiment de l’heure de la mise au pas à Hong Kong, où la Chine a commencé à utiliser les pouvoirs que lui confèrent la loi sur la sécurité nationale adoptée par son Parlement le mois dernier. L’une de ses premières applications aura été l’exclusion des candidats du mouvement pro-démocratique des élections législatives...
"Oui, les douze principaux candidats de l’opposition démocratique ont tous été invalidés hier. Ils ne pourront pas se présenter aux élections qui doivent se tenir à Hong Kong en septembre pour renouveler le parlement local. Formellement, il s'agit bien d'une décision de l’exécutif hongkongais. Mais dans les faits, il agissait à la demande du très puissant Bureau de liaison, l'organe de représentation du gouvernement chinois sur la péninsule.
Son représentant n’en a d’ailleurs pas fait mystère en saluant la mise à l’écart de ces opposants, qu’il a qualifié de "délinquants ayant dépassé le cadre de la légalité". Leur crime, aux yeux du régime chinois, c’est de refuser la dictature communiste. Et de réclamer le respect de l’autonomie politique de Hong Kong qui est un engagement pris par Pékin, en 1997, au moment de la rétrocession de cette ancienne colonie britannique.
C'est le fameux principe du "un pays, deux systèmes"…
C’est ça. Hong Kong acceptait de rejoindre la Chine, mais gardait un statut particulier avec son assemblée consultative, le Conseil législatif, sachant que les prérogatives de ce Parlement local sont extrêmement limitées. La moitié de ses 70 députés sont automatiquement désignés par des représentants professionnels liés à Pékin.
Quand bien même l’opposition démocratique gagnerait les 35 sièges restants, qui sont attribués au suffrage universel direct, elle ne pourrait pas légalement proclamer l’indépendance. C’est donc l’idée même qu’on refuse de se soumettre absolument à sa toute puissance qui est insupportable pour le régime chinois.
Car plus de 20 ans après son rattachement à la Chine, la population de Hong Kong n’a toujours pas majoritairement adhéré au mantra communiste. Que des manifestant osent défier une décision du président Xi Jinping, dans un régime de parti unique omnipotent, ça fait désordre et donne un très mauvais exemple.
De plus les mouvements attachés à la démocratie ont remporté les élections municipales de l’année dernière. Et ils ont mobilisé plus de 600.000 personnes lors des primaires pour la désignation de leurs candidats il y a quinze jours. Un nombre énorme dans une ville de sept millions d’habitants et au vu de la situation actuelle.
D’où ce choix de la répression. Pékin ne veut pas risquer de leur offrir une nouvelle victoire symbolique aux législatives."