Chaque jour, Didier François traite d’un sujet international.
Didier une bonne nouvelle ce matin au Soudan où les représentants des manifestants qui réclament depuis trois mois la mise en place d’un gouvernement civil ont finalement signé un accord avec la junte militaire.
Effectivement, après une nuit complète de discussions très serrées avec les généraux du Conseil militaire, les meneurs du mouvement de contestation démocratique ont finalement accepté, hier matin, un compromis qui prévoit un partage du pouvoir avec l’armée pendant une période de transition de trois ans. Cette "déclaration politique" n’est évidemment qu’un premier pas vers le retour à un pouvoir civil dans ce pays, qui vit quand même sous la férule d’une dictature militaro-islamiste depuis 1989. Ça fait 30 ans, c’est énorme. C’est un mouvement populaire pacifiste absolument massif, lancé il y a sept mois par les classes moyennes urbaines et rapidement rejoint par les couches populaires des campagnes, qui a finalement obtenu il a trois mois le départ du président Omar el-Béchir, lâché par une partie importante de son armée.
Mais si les militaires avaient accepté de se débarrasser de leur ancien chef vieillissant et très isolé sur la scène internationale, condamné pour de génocide, crimes de guerre, crime contre l’humanité, ils n’entendaient pas pour autant abandonner la direction des affaires. Et les tensions étaient fortes avec les contestataires qui pour maintenir la pression en faveur d’un retour à la démocratie, avaient monté un immense campement en plein centre de la capitale Karthoum face au quartier général des forces armées.
C’est le campement qui a été brutalement attaqué par les paramilitaires le 3 juin dernier.
C’est cela, une nuit de répression terrible menée par les miliciens du général Mohamed Hamdan Daglo, dit "Hemeidti", qui était l’exécuteur des basses œuvres sous l’ancien régime et semble être aujourd’hui l’homme fort de la junte militaire. Et ce sympathique personnage exigeait, bien entendu, une garantie d’amnistie totale avant d’accepter d’envisager un partage du pouvoir avec les représentants de la société civile, qui ont fini par céder à cet ultimatum.
Ce qui a permis la signature de cette "déclaration politique", qui prévoit la création d’un "Conseil souverain" en charge d’assurer la transition en trois ans vers un gouvernement civil et qui sera composé de cinq généraux et de six contestataires. Les militaires auront la présidence de cette nouvelle instance pendant les 21 premiers mois de la transition. Les civils prendront la relève pendant les dix-huit mois restants.
Mais quelle garantie ont-ils que l’armée respectera cet accord ?
Honnêtement, ils en ont peu…L’armée, mais surtout les milices paramilitaires conservent toute leur puissance, et restent en bonne part maîtres du jeu donc en capacité d’en changer les règles à tout moment. Néanmoins, les généraux s’exposeraient alors à une réaction de la communauté internationale, que ce soit sur le plan économique avec une possibilité de saisie de leurs avoirs, ou sur le plan judiciaire avec des mises en accusation individuelles par le Tribunal pénal international que pourraient saisir l’Ethiopie et l’Union africaine, parrains de ce compromis.