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À la surprise générale, Emmanuel Macron a invité Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne, lors du G7 de Biarritz.

La surprise du G7, la venue inopinée de Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne à Biarritz.

Dans la diplomatie spectacle, il faut des coups de théâtre. Sinon, malgré le décor Napoléon III et les costumes, on s’ennuie. Il n’y a aucun suspens au G7, il n’y a même plus de communiqué final. Trois jours à jouer aux maitres du monde, on tourne en rond.
Heureusement, Mohammad Javad Zarif est venu. Il n’a pas pénétré la zone verte où sont barricadés les délégations, il n’a pas été reçu à l’hôtel du Palais, mais dans la modeste salle de réunion municipale.
Emmanuel Macron n’a pas imposé la présence de l’Iranien aux autres participants parce qu’il n’avait ni l’autorité, ni le mandat pour ça.
Donald Trump a haussé les épaules. Il laisse le Français faire ce qu’il veut en France. Mais seul le Donald peut parler, tweeter, et même se contredire au nom des États-Unis.
Et quand l’Amérique voudra passer un deal avec les Iraniens, cette bonne affaire dont elle rêve depuis 40 ans, elle négociera toute seule, comme avec les Talibans.
La visite de l’Iranien, ce n’est pas le triomphe du multilatéralisme, c’est précisément le contraire, un moment de bonne vieille diplomatie bilatérale, tortueuse, obscure. Nationale.
La France retrouve ses réflexes, profiter du monde pagailleux pour se donner le beau rôle, celui de médiateur. L’orgasme de ses diplomates, c’est de faire bouger les lignes.

Est-ce qu’elles bougent avec l’Iran ?

Difficile à croire. Depuis un an, l’Europe a été incapable de contourner les sanctions américaines comme elle a été incapable depuis quarante ans de contenir les mollahs. Ce dimanche, pendant les palabres à la mairie, les Iraniens continuaient à enrichir l’uranium sous le nez de l’AIEA, et ses protégés continuaient la guerre, les houtis en bombardant une ville saoudienne et le chef du Hezbollah en promettant le pire à Israël.
Le coup de théâtre est un coup d’épée dans l’eau. Ça fait des vagues, mais à Biarritz, on a l’habitude.