Chaque jour, Didier François traite d’un sujet international.
Le sommet du G7 s’ouvre donc ce samedi à Biarritz. Dans une ville ultra-sécurisée qui va accueillir les chefs d’États des sept pays parmi les plus puissants du monde. Mais ces pays voient depuis des années leur domination très sérieusement remise en cause par l’émergence de nouveaux acteurs internationaux ?
Quatre puissances émergentes que l’on appelle les "BRIC", en accolant leurs initiales. Il s’agit donc du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine. Ce sont des géants démographiques aux territoires immenses et aux économies en pleine croissance qui conçoivent donc naturellement des ambitions stratégiques. Mais ils ne seront pas représentées ce samedi à Biarritz parce que quand Valery Giscard d’Estaing a eu l’idée (en 1975) de former ce club informel des sept plus grandes puissances de la planète pour faire face au premier choc pétrolier. Il se trouve que les sept pays les plus riches étaient sept pays Occidentaux, au sens politique du terme à l’époque. Les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la Grande Bretagne, la France, l’Italie et le Canada qui représentaient le monde dit "libre" face au monde communiste et au Tiers-monde. On était encore en pleine Guerre froide. Mais surtout, ces pays pesaient 62% du Produit intérieur brut mondial pour 12% de la population, une position extrêmement hégémonique aujourd’hui, très sérieusement écornée, puisque les économies du G7 ne représentent plus que 45% de tous les PIB. On assiste à un gros recul quand la Chine s’est haussée au deuxième rang de l’économie mondiale, l’Inde au septième (juste derrière la France). Le Brésil est au neuvième rang, derrière l’Italie mais devant le Canada qui est lui-même talonné par la Russie et la Corée du Sud. Les rapports de force sont donc profondément modifiés.
D’où cette volonté d’Emmanuel Macron de faire évoluer le format du G7 ?
C’est d’autant plus indispensable que le seul ciment du G7 (dans sa forme actuelle) sont ces valeurs à priori communes aux démocraties libérales qui le composent. Or, là aussi, l’effritement est à l’œuvre avec la montée des populismes. Un Donald Trump parfois difficile à suivre, un Boris Johnson empêtré dans le Brexit, un Guiseppe Conte démissionnaire en Italie, un Justin Trudeau très affaibli au Canada et une Angela Merkel en fin de parcours. Le contexte est loin d’être facile pour un Emmanuel Macron qui, à la veille du sommet, a défini cet affaiblissement durable de l’hégémonie occidentale comme "une crise profonde des démocraties, à la fois en représentativité et en efficacité". Ce dernier terme est très intéressant parce que c’est effectivement le sentiment d’une incapacité qu’auraient les États à protéger leurs populations face aux transformations extrêmement rapides du monde contemporain qui nourrit les défiances à l’égard de nos systèmes. D’où cette ambition que porte Emmanuel Macron de développer une diplomatie qui ne soit plus simplement déclarative ou descriptive. Il souhaite une diplomatie pragmatique à fin action, capable de répondre à ce qu’il appelle "les peurs contemporaines comme la peur climatique, la peur technologique ou la peur des migrations". Pour être résolus, ces sujets imposent que l’on associe (question par question) les nouveaux acteurs émergents qui détiennent une part de la solution que ce soit en Afrique, en Asie ou en Amérique latine. Et cela quitte à discuter directement de tous ces sujets de crises avec nos adversaires déclarés. Comme ce fut le cas en début de semaine avec Vladimir Poutine, ou comme cela le sera ce vendredi après-midi avec Mohamed Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères.