Laurence Nardon, directrice du programme Amérique du Nord à l'Institut français des relations internationales revient sur l’élection de Donald Trump, et sur les erreurs d'analyse qui permettent d'expliquer la victoire du milliardaire républicain.
Sondeurs et journalistes n'ont pas pris la mesure du cas Trump. Peut-être que Donald Trump lui-même a été surpris du résultat. "Il faut battre sa coulpe" pour Laurence Nardon, directrice du programme Amérique du Nord à l'Ifri (Institut français des relations internationales) qui était invitée dans C'est arrivé cette semaine.
Femmes blanches, noirs et latinos ont aussi voté Trump. "On pensait que la base électorale de Trump, c'était cette classe populaire blanche peu ou pas diplômée et que mathématiquement, ces gens-là n'étaient pas assez nombreux pour le faire gagner. L'erreur que l'on commence à décrypter, c'est de voir que sa base électorale a été plus large."
Ce qui se dégage des résultats, c'est que les femmes - malgré toutes les déclarations chocs et sexistes du candidat - ont pas mal voté pour lui. "Les femmes blanches, notamment, ont plus voté pour lui que pour Hillary Clinton. Et de manière stupéfiante, les noirs, qui votent démocrate à 88% - 95% quand c'est Obama, auraient voté pour Trump de manière un peu plus appuyée que d'habitude, notamment dans l'Ohio. Les latinos, notamment en Floride, eux, ont soutenu la candidature de Trump".
Les swing states ont fait basculer l'élection. Ce qui vient au crédit des instituts de sondage, c'est qu'en nombre de voix, Hillary Clinton a devancé son concurrent. "Ils ne se sont pas trompés dans les grandes largeurs puisqu'Hillary Clinton a gagné le vote populaire. Elle a 430.000 voix de plus que Trump, soit 0,3% du corps électoral." Les instituts de sondage n'ont en revanche pas su voir que les swing states, ces états flottants "qui votent un coup démocrate, un coup républicain, ont pour beaucoup d'entre-eux basculé côté Trump", désormais 45e président des Etats-Unis.