Indonésie : "Ce matin-là, les geôliers laissent Atlaoui dans sa cellule"

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Europe 1
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VIDÉO - Chaque matin tout au long de l’été, Europe1 revient sur les grands reportages qui ont marqué la saison de la radio, en compagnie d’un reporter de la rédaction.

 

C’est un événement qui a marqué l’actualité de cette année, la plus grosse exécution de l’histoire de l’Indonésie. Anne Vaganay était à Jakarta pour Europe1, alors que la France manifestait son soutien à Serge Atlaoui. Cet homme, soudeur français, condamné à mort pour trafic de drogue. Alors que les instances internationales faisaient monter la pression pour surseoir aux exécutions, la reporter d’Europe1 apprenait que Serge Atlaoui était provisoirement épargné.

Elle raconte :

"Grâce à une décision de toute dernière minute, nous sommes fin avril, sur décision du procureur, Serge Atlaoui a été inscrit sur la liste des 10 condamnés à mort pour trafic de drogue qui doivent être exécutés tout prochainement. Le compte à rebours commence, on transfère tout le groupe sur l’Alcatraz indonésien et l’inquiétude monte au plus haut de l’Etat français.

François Hollande implore à plusieurs reprises la clémence de l’Indonésie. Laurent Fabius dénonce - dans l’affaire Atlaoui - un procès expéditif et des irrégularités judiciaires, alors que le pays n’est pas vraiment coutumier de ces exécutions massives.

Et finalement, à la surprise générale, alors que l’ensemble des condamnés sont conduits dans le couloir de la mort, ce matin-là, les geôliers laissent Serge Atlaoui dans sa cellule. Il a été épargné. Du moins, c’est ce qu’on suppose puisqu’il faudra attendre le lendemain pour en avoir la confirmation, alors que les 9 autres condamnés n’ont plus que 72 heures à vivre. Leur famille sont invitées à venir leur dire au revoir. On fait alors graver leur cercueil et un tribunal populaire commence à se masser en face de l’île aux exécutions."

C’est dans cette ambiance lourde que la reporter d’Europe1 a rencontré les rares militants sur place qui se sont battus jusqu’au bout pour éviter cette série d’exécutions.

"Finalement, parmi les condamnés restants, seuls 8 sont été emmenés dans la jungle et fusillés à minuit. Une domestique philippine accusée d’avoir joué les mules a été épargnée à la toute dernière minute sur ordre du président indonésien, et officiellement encore pour des raisons de procédures. 

Ils sont donc deux aujourd’hui, suspendus à des décisions de justice qui peuvent tomber à n’importe quel moment et alors que leurs avocats profitent de ce sursis pour décortiquer le droit indonésien et envisager - encore - de déposer des recours devant la justice."