Morgan Large, journaliste d'investigation qui travaille notamment pour la radio locale Kreiz Breizh ainsi que certains médias nationaux, est depuis quelques semaines victime de sabotage et de menace. La cause ? Un documentaire diffusé sur France 5 intitulé Bretagne, une terre sacrifiée qui a mis le feu aux poudres chez les agriculteurs et industriels de la région. Des réactions injustifiées, selon la reporter, invitée de Laurent Mariotte dans l'émission La Table des bons vivants sur Europe 1. L'occasion de faire un état des lieux de l'agriculture en Bretagne.
Dénoncer les politiques nationales
Pour rappel, dans son documentaire, Morgan Large dénonçait avant tout les politiques nationales et l'industrie, plutôt que les agriculteurs bretons. "J'ai bien conscience que les agriculteurs bretons sont avant tout pris en étaux dans un modèle social très violent. On peut également parler des ouvriers des abattoirs, avec des licenciements massifs. C'est un vrai problème. Moi, ce que je cherchais à dénoncer, c'est le paradoxe entre la communication de la région Bretagne Centre qui s'enorgueillissait de partir sur le bien manger, de changer complètement le modèle productiviste breton dont on sait qu'il a des conséquences environnementales, sociales, économiques désastreuses et la réalité. Une réalité qui est loin de cela. Juste à côté de chez moi, j'ai en exemple : un poulailler où les poules sont élevées dans un bâtiment avec une fenêtre et du béton."
Ultime preuve de cette ambivalence entre le discours et la réalité, aucune AOP ou AOC existe dans la région pour le fromage. Le problème concerne donc différents secteurs de l'agriculture, loin du discours politique des institutions de la région.
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Le retour d'une agriculture plus artisanale
Si le modèle agro-industriel existe depuis la Seconde Guerre mondiale en Bretagne, Morgan Large a bon espoir. Car, depuis son reportage, elle a pu observer "un mouvement très intéressant qui se passe autour de producteurs locaux et notamment des producteurs de lait, par exemple, qui veulent créer une nouveauté autour du Gwell, avec des races locales. Seule une vache de race bretonne pourra donc produire du Gwell, pas une race Holstein comme il y en a partout." Des avancées pour le bien-être animal ainsi que la terre en fonction des avancées des cultures qui a aussi un côté salvateur pour les bourgs et les écoles qui ont été vidés par cette politique agricole d'un autre temps.