Le colonel Michel Goya était l'invité de David Abiker, samedi, dans "C'est arrivé cette semaine", pour parler du rapport nouveau entre l'armée et les Français, après les attentats ayant frappé le pays en janvier et novembre 2015.
Deux jours après l'annonce par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, de renforcer le recours aux réservistes, le colonel Michel Goya était l'invité de David Abiker, samedi matin, dans C'est arrivé cette semaine. A la retraite, ce militaire enseigne à Sciences Po et à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). Il est notamment revenu sur la volonté du gouvernement de développer la réserve militaire.
Les réservistes, à quoi ça sert ? "Le but est de renforcer un dispositif déjà existant", explique le colonel, alors que François Hollande souhaite atteindre la mobilisation de 40.000 réservistes, contre 28.000 actuellement, d'ici 2018. Actuellement, 450 réservistes sont employés chaque jour avance Michel Goya, pour 270.000 soldats actifs. La mission de ces réservistes est de remplacer les militaires dans leurs missions actuelles, car ils sont extrêmement sollicités, notamment compte tenu du plan Vigipirate.
"Un réserviste, historiquement, est quelqu’un qui est là pour venir renforcer les militaires actifs, permanents. L'idée, c'est d'avoir quelqu'un qui a déjà été formé, qui a fait son service militaire, et qui, en cas de crise, de guerre, vient compléter les rangs de l'armée", rappelle-t-il. "Ce sont des gens qui, par définition, font autre chose, travaillent dans une entreprise", mais avec une formation militaire tout à fait similaire à celle des permanents. La réserve militaire a donc un coût : "il faut les nourrir, les loger, les payer pour ce qu'ils font", précise Michel Goya. D'ailleurs, depuis 2012 - année pour laquelle le budget consacré aux réservistes était de 71 millions d'euros -, le budget est passé à 100 millions d'euros. Mais "cet effort est très très marginal", estime Michel Goya, qui parle même d'une "goutte d'eau", rapportée au budget de la défense qui "s'élève à 31 milliards d'euros".
Vers un retour du service militaire ? Malgré la menace terroriste actuelle, il n'est pas nécessaire pour ce spécialiste des questions stratégiques de rétablir le service militaire. "Le service militaire, n'est pas un système éducatif de rattrapage, c'est quelque chose destiné à fournir des soldats, des gens prêts à risquer leur vie", souligne le rédacteur du blog "La voie de l'épée". Michel Goya est d'ailleurs peu convaincu par l'idée que le rétablissement du service militaire aurait changé les choses face à la situation exceptionnelle vécue par la France en 2015. Il argumente : "Il ne faut pas oublier que les raisons qui ont conduit à l'abandon du service militaire n'ont pas fondamentalement disparu" : la "menace majeure" incarnée "par l'Allemagne", qui donnait son sens au maintien du service militaire, n'existe plus.
Néanmoins, malgré la disparition du service militaire, les attentats ont recréé un lien entre l'armée, les militaires, et le peuple français. "L'homme ne se nourrit pas que de pain. Il se nourrit aussi d'idéaux et d'aventure. Les gens recherchent quelque chose d'autre", analyse Michel Goya pour justifier l'explosion des candidatures au sein de l'armée. "Cela correspond à un besoin. Les événement font que l'ont a un peu redécouvert une fibre patriotique. L'ambiance, le climat dans la société française a changé. Et je pense que celle-ci a changé plutôt dans le bon sens".
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