LE SAVIEZ-VOUS ? C'est sur la Côte d'Azur que Katia fit le deuil de son mari, le tsar Alexandre II

En écoutant le récit consacré à Alexandre II et Katia, vous vous être peut-être posé une question : qu'est donc devenu Katia après l'assassinat du tsar en 1881 ? Dans cet épisode bonus de "Au cœur de l'histoire", le spécialiste histoire Jean des Cars vous raconte pourquoi Katia a décidé de quitter la Russie pour s'installer en France. 

Les obsèques d’Alexandre II ont eu lieu dans la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul, le Saint-Denis des Romanov, à Saint-Pétersbourg. C’est le nouveau souverain, Alexandre III, qui porte le catafalque avec les grands-ducs. Pendant la cérémonie, la famille impériale est au premier rang. Puis, chacun se lève pour rendre hommage au défunt tsar : on lui baise les mains. Selon la tradition russe, le cercueil est ouvert. Les ambassadeurs succèdent aux Romanov. Soudain, le maître de cérémonie arrête le défilé. Du fond de la cathédrale, s’avance, soutenue par un ministre de la Cour, une jeune femme enveloppée dans ses voiles de deuil : c’est Katia. Dévastée, elle rend un ultime hommage à l’homme qui l’a tant aimée. Quelques jours plus tard, elle quitte la Russie pour toujours, avec ses trois enfants.

Elle achète une somptueuse villa à Nice

Elle se réfugie d’abord à Biarritz, déjà très prisée par l’aristocratie russe. Puis, en janvier 1891, elle achète, à Nice, la somptueuse Villa Georges et va s’y installer définitivement. Nice est aussi très appréciée des Romanov. Le premier tsarévitch, le fils aîné d’ Alexandre II, Nicolas, y avait séjourné en 1865 pour tenter de guérir sa tuberculose. Il y était décédé le 25 avril de cette année. Sa fiancée, née Dagmar de Danemark, épousa finalement son frère cadet, le nouvel héritier, le futur Alexandre III. Pour commémorer la mort du tsarévitch, une chapelle avait été construite à l’emplacement de la villa où il avait rendu le dernier soupir. Elle fut inaugurée en 1869. Bien plus tard, en 1912, non loin de là, sera inaugurée la cathédrale Saint-Nicolas, l’église russe de Nice, un hommage de l’épouse d’ Alexandre III, Maria Feodorovna, à son premier fiancé Nicolas. Aujourd’hui encore, ce très important édifice orthodoxe est géré par la Russie.

Une vie digne et retirée

Katia fréquente la cathédrale dès son inauguration. Elle y fera don de sa relique la plus chère, la chemise ensanglantée que portait Alexandre II au moment de sa mort. A Nice, Katia mène une vie digne et retirée. Elle se dévoue à des œuvres charitables, en particulier une maison de retraite portant le nom de son mari. 

Son fils, Georges Yourevski, sera officier de la Marine Russe puis capitaine au Régiment des Hussards de la Garde de Tsarskoie Selo. Il mourra en 1913. Sa fille aînée, Olga, épousera le comte de Meremberg, de la famille des Nassau-Luxembourg. Enfin, Catherine épousera un prince Obolenski dont elle divorcera en 1922. Katia, elle, s’éteint la même année, âgée de 75 ans et oubliée de tous...

Parmi les Romanov ayant échappé à la Révolution de 1917 et fui la Russie, certains s’installèrent aussi sur la Côte d’Azur. C’est le cas du grand-duc André, cousin du tsar, qui y résidera avec son épouse, la célèbre ballerine Mathilde Kchessinskaya qui avait été le premier amour du futur Nicolas II. Ils firent construire la splendide Villa Alam, au Cap d’Ail. Son frère, le grand duc Cyril choisit le Château Fabron. Aujourd’hui encore, de nombreux Russes résident sur la Côte d’Azur et n’y passent pas inaperçus...