En 1903, Marie Curie fut la première femme à recevoir un prix Nobel de physique. Son arrivée à Paris, son histoire d'amour avec Pierre Curie, son travail sans relâche, sa découverte du radium... Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars dresse le portrait de cette femme de sciences.À l’occasion de la Journée des Femmes de sciences, Jean des Cars revient sur la vie et l’œuvre d’une femme qui a su se faire une place dans un monde d’hommes, travailleuse acharnée, chercheuse obstinée mais aussi une personne touchante et modeste, forte et fragile, que la vie a souvent bousculée. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire" , produit par Europe 1 Studio, découvrez l'histoire de Marie Curie.En cette année 1903, ils sont trois Français à recevoir le prestigieux prix Nobel de physique : Henri Becquerel, 51 ans, qui a découvert la radioactivité, son élève Pierre Curie, 44 ans et Marie Curie, son épouse, 36 ans. Marie Curie, pas très grande, est une jolie blonde aux yeux bleus. Elle est surtout la première femme à être honorée par cette distinction mondiale. La notoriété va s’abattre comme la foudre sur ce couple de savants. Leur discrétion et leur modestie vont être mises à rude épreuve. Mais qui est donc cette Madame Curie ?Une enfance polonaiseMarie Curie est née en 1867 à Varsovie, dans une Pologne divisée entre trois empires : russe, austro-hongrois et prussien. Varsovie est sous la botte russe. Marie Sklodowska est le cinquième enfant d’un couple d’enseignants. Ils sont issus de la petite noblesse terrienne polonaise ruinée par la décision du tsar Alexandre II d’abolir le servage en 1881. La plupart de leurs terres ont été distribuées aux paysans. C’est un couple d’intellectuels. La mère, catholique pratiquante, a été nommée, à 20 ans, directrice d’une prestigieuse école privée de Varsovie. Le père, formé à l’université de Saint-Pétersbourg, est un professeur de mathématiques et de physique. Cette famille unie pousse ses enfants à donner leur maximum, à étudier, à apprendre les langues étrangères mais aussi à pratiquer l’exercice physique. C’est plutôt novateur à cette époque. Ils sont farouchement polonais, pratiquent secrètement cette langue car le russe est la seule langue autorisée à Varsovie. Mais il n’y a pas que l’étude. Il y a aussi des vacances merveilleuses chez des cousins, dans la Galicie austro-hongroise. Dans cette région, grace à l’empereur François-Joseph respectueux des langues de son empire multi-national, on a le droit de parler polonais. Mais il y a aussi les vacances dans le domaine d’un oncle au nord de Varsovie. On y monte à cheval, on chasse à courre, on pêche les écrevisses la nuit aux flambeaux. Des plaisirs plutôt aristocratiques.Malheureusement, deux drames vont bouleverser l’enfance de Marie. Une soeur aînée, qu’elle adorait, meurt du typhus à 14 ans et, surtout, sa mère est victime de la phtisie (la tuberculose) quand Marie a 11 ans. Le père veuf s’occupe admirablement de ses enfants. Tous sont des élèves brillants, Marie comme les autres. Elle termine ses études en 1883, à 16 ans.Marie suit sa sœur à ParisPour des jeunes filles qui veulent poursuivre des études, Varsovie n’offre pas beaucoup de possibilités. La soeur aînée de Marie, Bronia, souhaite devenir médecin. Pour cela, elle rêve d’aller à Paris. Une fois devenue médecin, elle pourrait permettre à Marie de la rejoindre. Ce plan ne peut fonctionner que si on met un peu d’argent de côté. Marie, diplômée et maîtrisant cinq langues (le russe, le polonais, l’allemand mais aussi le français et l’anglais), se place comme gouvernante d’enfants, d’abord chez un avocat à Varsovie. Puis, elle trouve la même place chez un aristocrate fortuné, à 80 kms de Varsovie. La famille l’accueille très bien. Marie y restera trois ans. Elle tombe amoureuse du fils aîné; c’est réciproque mais la famille s’oppose farouchement à ce mariage. Soudain, Marie fait l’amère expérience du déclassement social.Elle revient à Varsovie, toute à fait convaincue de faire des études scientifiques poussées. Sa soeur Bronia est déjà Paris où elle fait ses études de médecine et sur le point d’épouser un Polonais déjà médecin. Elle propose à sa soeur Marie de l’accueillir à Paris.Marie écrit à Bronia : "Décide si vraiment tu peux me prendre chez toi, car moi je peux venir. J’ai de quoi payer les dépenses. Si donc, sans te priver beaucoup, tu peux me donner à manger, écris-le moi… Vous pourriez me caser n’importe où. Je ne vous encombrerai pas, je promets que je ne ferai aucun ennui, aucun désordre. Je t’implore de me répondre mais très franchement".En novembre 1891, Marie débarque à Paris. Elle a 24 ans et s‘inscrit aussitôt à la Sorbonne dont les laboratoires viennent d’être refaits. Il y a peu de femmes chez les étudiants en sciences : seulement 23 sur 2.000 ! Marie travaille dur, perfectionne son français, comble ses lacunes en mathématiques et en physique.Sa rencontre avec Pierre Curie : un coup de foudreEn 1893, elle obtient sa licence de physique avec la mention très bien. Elle est la première de sa promotion. Elle commence l’expérience du laboratoire et cherche un lieu pour continuer ses recherches. Dans une soirée, elle rencontre un certain Pierre Curie, chef de travaux à l’Ecole de Physique et Chimie Industrielles, de la rue Lhomond, près du Panthéon. Une rencontre décisive: "Quand j’entrai, Pierre Curie se tenait dans l’embrasure d’une porte-fenêtre donnant sur un balcon. Il me parut très jeune, bien qu’il fût alors âgé de 35 ans. J’étais frappée par l’expression de son regard fier et par une légère apparence d’abandon dans sa haute stature". Pour lui, c’est un coup de foudre. Lui, qui pouvait écrire "Les femmes de génie sont rares", découvre en Marie une jeune fille passionnée par la Science. Il n’a qu’une idée en tête : la revoir.En juillet 1894, Marie obtient sa licence de mathématiques, deuxième de sa promotion. Pour les vacances, elle repart en Pologne. Pour elle, c’est décidé : elle viendra enseigner dans son pays et s’occupera de son père, à Varsovie. Mais Pierre Curie ne l’entend pas de cette oreille. Il lui écrit : "Ce serait, cependant, une belle chose, à laquelle je n’ose croire, que de passer la vie l’un auprès de l’autre, hypnotisés dans nos rêves : notre rêve patriotique, notre rêve humanitaire et notre rêve scientifique".Marie résiste mais la mère de Pierre Curie, sa propre soeur Bronia et son père M. Sklodowski, vont la convaincre d’épouser Pierre. La veille de son mariage, son père lui écrit : "Je préfère cent fois te savoir à Paris, heureuse et contente, plutôt que de te voir revenir dans notre pays, brisée par le sacrifice d’une vie entière, et victime d’une conception trop subtile de ton devoir".Un couple uni dans l'amour et la science Ils se marient à la Mairie de Sceaux, ville où résident Pierre et sa mère, le 26 juillet 1895. Ils partiront en voyage de noces en bicyclette, à travers l’Île de France. Ils s‘arrêtent dans des auberges pour la nuit où chez des amis accueillants. Ils formeront un couple extrêmement heureux, unis autant par leur amour réciproque que par l’amour de la science. Chez eux, tout cela est indissociable.Ils s’installent d’abord dans un petit appartement rue de la Glacière, à Paris. L’année suivante, Marie Curie est reçue première à l’agrégation de sciences, section mathématiques. En 1897, il y a deux évènements majeurs dans la vie du couple : le 12 septembre, Marie accouche de leur premier enfant, Irène. Quinze jours plus tard, la mère de Pierre décède à Sceaux. L’année suivante, le couple déménage et s’installe dans une jolie maison avec jardin 108 boulevard Kellermann, à Paris. Le père de Pierre les rejoint à cette adresse pour s’occuper de sa petite-fille car Marie a peu de temps à lui consacrer.En effet, le couple travaille sans cesse. Le 18 juillet, dans une lettre à l’ Académie des Sciences, Marie et Pierre Curie font part de leur découverte du Polonium, un métal radioactif que Madame Curie baptise ainsi en hommage à sa terre natale. En décembre, ils annoncent la découverte du radium. Les Curie sont honorés de médailles et de prix pour cette succession de résultats extraordinaires.Des scientifiques discrets1900 est une année importante pour les Curie. C’est celle de l’Exposition Universelle à Paris. L’un des pavillons les plus modernes et les plus fascinants est celui de l’ électricité. Il présente, notamment, les travaux de Pierre et Marie Curie sur le radium. Ils donnent au grand public une connaissance de leurs découvertes, jusque là réservées aux milieux scientifiques. Le même été, à Paris, est organisé un Congrès International de Physique. Les Curie y font un rapport sur les nouvelles substances radio-actives et la rayons qu’elles émettent. Outre leurs travaux, les Curie sont avant tout des universitaires. Pierre est chargé de cours de physique à l’Université de Paris et Marie prend son poste de professeur à l’Ecole Normale Supérieure de Sèvres. Elle est la première femme nommée à une telle fonction. Elle nouera avec ses élèves des rapports très chaleureux. Elle s’intéressera à leurs travaux et aidera les plus brillantes dans leurs carrières.Mais toutes ces activités n’empêchent pas le couple Curie d’avoir des amitiés. Bien que mauvaise cuisinière, Marie Curie aime recevoir ses amis. Mais surtout, les vacances universitaires permettent des contacts avec la nature que les Curie affectionnent. Ils font des séjours en Bretagne et en Pologne. Leur vie est très équilibrée. Ils sont des scientifiques discrets.1903, l'année de la consécration1903 est l’année de la consécration pour les Curie : ils sont lauréats du Prix Nobel de Physique mais ne se rendront pas à Stockholm, pour la remise du prix. Ils laissent leur mentor, Henri Becquerel, avec qui ils partagent leur Prix Nobel de Physique, les remplacer dans la capitale suédoise.Les Curie attendront juin 1905 pour se rendre à Stockholm. Devant l’Académie Nobel, Pierre Curie prononce un discours visionnaire et prémonitoire : "On peut concevoir encore que, dans des mains criminelles, le radium puisse devenir très dangereux et ici, on peut se demander si l’humanité a avantage à connaître les secrets de la nature, si elle est mûre pour en profiter et si cette connaissance ne lui sera pas nuisible".Entre temps, en décembre 1904, Marie Curie a donné naissance à une deuxième fille, Eve. Les Curie, tout en continuant de dispenser leurs cours à leurs élèves, se tiennent au courant de l’actualité. La mode est au spiritisme. Ce n’est pas nouveau mais à Paris, à ce moment-là, une certaine Eusapia Palladino provoque un véritable engouement. De Sarah Bernhardt à l’astronome Camille Flammarion, on se bouscule pour la rencontrer. Les Curie assistent à un certain nombre de séances. Pierre commence à se passionner pour ce phénomène qu’il voudrait étudier scientifiquement. Le 19 avril 1906, Pierre se rend à l’ Assemblée générale de l’association des professeurs des facultés des sciences. Aux dires de tous, il ne s’est jamais montré si gai, ni plus vivant qu’à cette réunion. Il est heureux et plein de projets. C’est au sortir de cette assemblée qu’il est victime d’un stupide accident. A l’intersection du quai et de la rue Dauphine, face au Pont-Neuf, il est écrasé par un camion à chevaux qui n’a pu l’éviter. Il meurt sur le coup. Une tragédie pour Marie. Ses obsèques ont lieu à Sceaux, le 21 avril, dans la plus stricte intimité. Marie ne supporterait pas des funérailles solennelles. Elle résume ainsi la situation : "Ma vie est saccagée de telle sorte qu’elle ne s’arrangera plus. Je pense qu’il en sera toujours ainsi et je n’essaierai pas de vivre autrement. Je désire élever mes enfants le mieux possible, mais même elles ne peuvent réveiller la vie en moi".Marie Curie victime d'une violente campagne de presseMarie se trompe. Elle va s’occuper activement de ses filles, constituant un groupe de scientifiques amis qui vont se partager la tâche d’enseigner à tous leurs enfants. Les cours se passent à domicile. Les enfants vont d’une maison à l’autre pour suivre leurs cours. Cet enseignement privé portera ses fruits pour ces enfants dont quelques uns deviendront de très grands chercheurs. L’expérience, un peu compliquée à tenir, ne durera pas plus de deux ans. Parallèlement, elle poursuit sa carrière. Elle est nommée professeur à la Sorbonne, première femme à ce poste. Elle a 39 ans.L’année 1911 va mettre Marie à rude épreuve. En effet, le 4 novembre, un article de journal révèle sa liaison avec un autre savant, Paul Langevin. Celui-ci est marié et père de quatre enfants. Commence une campagne de presse d’une violence inouïe. Paradoxalement, dans cette tempête, le 9 novembre Marie est informée que l’Académie Nobel lui a attribué le prix Nobel de Chimie pour l’ensemble de son oeuvre. Malgré les horreurs qui se déversent sur elle, elle ira recevoir son prix Nobel à Stockholm. Au même moment, les époux Langevin annoncent leur séparation de corps. Curieusement, Paul Langevin n’est pas accablé par la presse. C’est forcément Marie la coupable. Lui regagnera le domicile conjugal au début de la Première Guerre mondiale et revivra avec son épouse, jusqu’à la mort de celle-ci, tout en continuant à la tromper copieusement avec quelques unes de ses élèves de l’Ecole Normale de Sèvres.Marie, après la remise de son Prix Nobel, va craquer. Elle quitte la maison de Sceaux où elle s’était installée après le décès de Pierre pour emménager quai de Béthune, sur l'île Saint-Louis. Mais elle n’y reste pas longtemps : elle passe tout le mois de janvier 1912 dans une maison de santé où elle va subir une grave opération des reins. Son état est préoccupant mais elle récupère. La guerre va lui permettre de restaurer une image salie par une presse déchaînée.L’invention des "petites Curie"Le début de la guerre, si difficile pour la France, l’est encore plus pour Marie. Elle vit très mal l’invasion de la Pologne par l’Allemagne et s’inquiète pour sa famille. Mais Paris étant menacé, le gouvernement lui demande de mettre à l’abri le radium en sa possession et qui représente une véritable fortune. Marie enferme le métal dans une lourde boîte de plomb et la transporte jusqu’à Bordeaux où elle sera enfermée dans un coffre. La plupart des hommes étant au combat, les femmes prennent la relève. A la fin du conflit, on dénombrera 430.000 femmes travaillant pour l’armement. Une véritable révolution ! Marie va y prendre sa part en inventant des appareils radiologiques mobiles transportés dans des voitures à moteurs, le plus près des champs de bataille. On les appelle "les petites Curie". La radiographie permet de rendre les opérations plus sûres. On repère l’emplacement des balles et des éclats d’obus chez les blessés, on analyse les fractures. Bref, les opérations sont plus rapides et des vies sont sauvées. Avec une énergie sans relâche, Marie va tout organiser. La constitution de ce parc automobile grâce à la générosité de leurs propriétaires, la confection d’appareils radiologiques transportable et suffisamment isolés pour qu’on les manipule sans danger, c’est elle qui les supervise. Marie se charge aussi de la formation du personnel. Cela va remarquablement fonctionner. Et Marie aura fait une véritable oeuvre de salut public jusqu’à la fin de la guerre.Après la guerre, la reconnaissanceLa paix revenue, Marie Curie sera unanimement reconnue. Elle fait un voyage triomphal aux Etats-Unis en 1921. Les femmes américaines lui font don d’un gramme de radium pur. La même année, la Fondation Curie est reconnue d'utilité publique. Elle a pour but d’utiliser les rayonnements pour le traitement du cancer. De 1919 à 1935, plus de 10.000 malades y seront traités.Madame Curie a toujours eue une santé fragile. Outre ses brûlures aux mains, elle souffre de problèmes rénaux. Elle subit quatre opérations de la cataracte en 1923 et 1924 qui l’obligent à porter d’épaisses lunettes. En 1934, à cause de graves difficultés respiratoires, sa fille Eve la fait transporter au sanatorium de Sancellemoz, près de Chamonix. Marie Curie y meurt le 19 juin 1934. Elle sera enterrée au cimetière de Sceaux, au côté de Pierre. Plus tard, le président François Mitterrand fera transférer les restes du couple au Panthéon le 20 avril 1995. La présence de Lech Walesa, président de la République de Pologne, rappellera l’attachement de Marie à son pays natal. Si elle avait choisi la France, elle n’avait jamais oublié la Pologne. "Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 StudioAuteur et présentation : Jean des Cars Cheffe de projet : Adèle PonticelliRéalisation : Guillaume VasseauDiffusion et édition : Clémence OlivierGraphisme : Europe 1 StudioDirection Europe 1 Studio : Claire HazanBibliographie : Janine Trotereau Marie Curie ( Folio, Gallimard, 2011) Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ?>> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr et sur Apple Podcasts , SoundCloud , Dailymotion et YouTube , ou vos plateformes habituelles d’écoute.>> Retrouvez ici le mode d'emploi pour écouter tous les podcasts d'Europe 1
En savoir plusIsabelle d’Angoulême, reine-comtesse par-delà les mers
Isabelle d’Angoulême est une figure marquante du Moyen-Âge. Une comtesse ambitieuse et influente qui a accédé au trône d’Angleterre grâce à son mariage avec Jean sans Terre. Mais à la mort de ce dernier, elle ne s’est pas résignée à abandonner le pouvoir. De retour sur ses terres natales, elle a géré le comté d’Angoulême avec une poigne de fer se faisant appeler « reine-comtesse ». Mère du roi Henri III d’Angleterre, elle a aussi su jouer un rôle clé dans les conflits entre l’Angleterre et la France.<br />
30 janvier 2025 - 15 min
ENTRETIEN - Pourquoi Henri IV était-il surnommé le Vert-Galant ? Avec Flavie Leroux
Face à la gent féminine, Henri IV, a, semble-t-il, toujours fait preuve d’une certaine faiblesse. Marié à Marguerite de Valois, puis à Marie de Médicis pour des raisons politiques, celui que l’on surnomme le Vert-Galant a vécu des passions ardentes avec de nombreuses maîtresses, Gabrielle d’Estrées et Henriette d’Entragues en premier lieu.<br /> <br /> Ces femmes ont été plus que des amantes. Elles étaient des « presque reines », et bien souvent les mères de bâtards royaux.<br /> <br /> Pour évoquer ces femmes souvent détestées à leur époque, Virginie Girod reçoit l'historienne Flavie Leroux. Spécialiste d’histoire de la cour et des femmes en France à l’époque moderne, en particulier des maîtresses royales, elle est l’auteure de plusieurs livres à ce sujet, dont "L’autre famille royale", disponible aux éditions Passés Composés.
29 janvier 2025 - 20 min
[2/2] Marie de Médicis, reine de France, régente et mère indigne
Virginie Girod raconte la reine Marie de Médicis (1575-1642), régente avide de pouvoir.<br /> <br /> Dans le second épisode de ce double récit inédit d'Au coeur de l'Histoire, Henri IV, roi de France et fondateur de la dynastie des Bourbons, meurt assassiné par Ravaillac. Son épouse, Marie de Médicis, devient alors régente du royaume, rôle qu'elle devra assurer jusqu'à la majorité de Louis XIII...
27 janvier 2025 - 13 min
[1/2] Marie de Médicis, reine de France, régente et mère indigne
Virginie Girod raconte la reine Marie de Médicis (1575-1642), héritière florentine devenue la seconde épouse du roi Henri IV. <br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double récit inédit d'Au coeur de l'Histoire, Marie de Médicis , fille du grand duc de Toscane, naît en 1575, à Florence. Héritière la plus riche d'Europe, la jeune femme est très convoitée et épouse le roi de France, Henri IV, en 1600, à l'âge de 25 ans. Neuf mois après les noces, elle donne naissance à l'héritier du trône, le futur Louis XIII.
27 janvier 2025 - 14 min
TEASER - Qui est le Vert-Galant ?
Quel roi de France surnomme-t-on le Vert Galant ? Henri IV, bien sûr ! Tout au long de sa vie, celui qui hérite de la couronne en 1589 multiplie les liaisons amoureuses… et charnelles ! Plusieurs dizaines de maîtresses auraient reçu ses faveurs parmi lesquelles Gabrielle d’Estrées ou Henriette d’Entragues. <br /> <br /> La semaine prochaine, dans Au cœur de l’Histoire, découvrez un entretien inédit dans lequel Virginie Girod recevra l’historienne Flavie Leroux afin de s'intéresser aux amours du bon roi Henri et à l’influence réelle ou fantasmée de ses favorites.
26 janvier 2025 - 01 min
ENTRETIEN - La vie dans une maison close au XIXe siècle.
En 1946, la loi Marthe Richard abolit le système de prostitution réglementé et entraine la fermeture des maisons closes en France. Depuis un siècle, la fréquentation de ces maisons de tolérance était une pratique masculine courante. Mais quelle était la réalité du quotidien de celles que l’on appelle les filles de joie dans les bordels ? Ces femmes, immortalisées par des artistes comme Henri de Toulouse-Lautrec ou Edgar Degas avait-elle la possibilité de sortir de la prostitution ?<br /> <br /> Pour en parler Virginie Girod reçoit l’historienne Catherine Menciassi-Authier. Spécialiste de l’histoire des femmes au XIXe siècle, elle est notamment l’auteure de l’ouvrage "Femmes d'exception, femmes d'influence, une histoire des courtisanes au XIXe siècle", paru aux éditions Armand Colin.
25 janvier 2025 - 22 min
[1/2] Valtesse de la Bigne, une courtisane de la Belle Époque
Virginie Girod raconte Valtesse de la Bigne (1848-1910), jeune cousette devenue courtisane influente du Tout-Paris.<br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double-récit inédit d'Au cœur de l'Histoire, Émilie-Louise Delabigne naît en 1848 dans la quartier Poissonnière, à Paris. Issue d'une fratrie de 7, elle mène une enfance misérable et travaille très tôt comme cousette. Dans le Paris du XIXe siècle, hormis les bourgeoises et les aristocrates, toutes les femmes travaillent, exerçant des métiers difficiles et mal payés dans les ateliers, les usines ou les marchés. Certaines n'ont alors d'autres choix que de s'adonner à la prostitution. Bientôt, celle qui se fait désormais appeler Valtesse de la Bigne fait ses débuts dans le demi-monde.
23 janvier 2025 - 14 min
2/2] Valtesse de la Bigne, une courtisane de la Belle Époque
Virginie Girod raconte Valtesse de la Bigne (1848-1910), demi-mondaine ayant inspiré le personnage de Nana, dans le roman éponyme d'Émile Zola.<br /> <br /> Dans le second épisode de ce double-récit d'Au cœur de l'Histoire, Valtesse de la Bigne commence une carrière sur les planches des théâtres parisiens et se fait une place dans le milieu des courtisanes, prostituées de haut vol. Fréquentant les jeunes auteurs à la mode et les cafés parisiens où se retrouve la bonne société, elle perfectionne ses connaissances et apprend l’art de converser. A la fin des années 1870, Valtesse de la Bigne est devenue l’une de ces grandes horizontales les plus recherchée par l’élite parisienne.
23 janvier 2025 - 14 min
ENTRETIEN - Quand le spiritisme passionne l'Europe.
Esprit, es-tu là ? Dans la seconde partie du XIXe siècle, un phénomène venu des Etats-Unis déferle sur l’Europe. Au spiritualisme incarnée par les mystérieuses sœurs Fox - entrées en communication avec un fantôme - succède le spiritisme, une philosophie inventée par Allan Kardec, figure française de la communication avec l’au-delà. Des médiums et des photographes spirites se font alors un nom, quand les salons accueillent séances de tables tournantes et de lévitation.<br /> <br /> Mais comment expliquer l’ampleur de ce phénomène ? Le spiritisme est-il synonyme de science, comme le pensait l’astronome Camille Flammarion, ou de charlatanisme ? <br /> <br /> Pour en parler, Virginie Girod reçoit Philippe Baudouin. Maître de conférences en histoire des médias à l’Université Paris-Saclay, il a consacré de nombreux ouvrages à l’histoire de l’occultisme, dont "Apparitions" aux éditions Hoëbeke.
22 janvier 2025 - 20 min
Victor Hugo et le spiritisme, quand le poète fait tourner les tables
Virginie Girod raconte les séances de spiritisme organisées à Marine Terrace, sur l'île de Jersey, lieu d'exil de Victor Hugo, dans les années 1850.<br /> <br /> Le 4 septembre 1843, Léopoldine, la fille de Victor Hugo, se noie dans les eaux de la Seine, à Villequier, en Normandie. Dévasté, le poète lui dédiera l'un de ses plus beaux poèmes, "Demain, dès l'aube". Dans les années 1850, en exil dans les îles Anglo-Normandes, Hugo et sa famille trompent l'ennui et s'essaient au spiritisme, philosophie en vogue. Alors qu'ils font tourner les tables, ils tentent d'entrer en communication avec des êtres chers disparus.
21 janvier 2025 - 14 min
En 1903, Marie Curie fut la première femme à recevoir un prix Nobel de physique. Son arrivée à Paris, son histoire d'amour avec Pierre Curie, son travail sans relâche, sa découverte du radium... Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars dresse le portrait de cette femme de sciences.
À l’occasion de la Journée des Femmes de sciences, Jean des Cars revient sur la vie et l’œuvre d’une femme qui a su se faire une place dans un monde d’hommes, travailleuse acharnée, chercheuse obstinée mais aussi une personne touchante et modeste, forte et fragile, que la vie a souvent bousculée. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire" , produit par Europe 1 Studio, découvrez l'histoire de Marie Curie.
En cette année 1903, ils sont trois Français à recevoir le prestigieux prix Nobel de physique : Henri Becquerel, 51 ans, qui a découvert la radioactivité, son élève Pierre Curie, 44 ans et Marie Curie, son épouse, 36 ans. Marie Curie, pas très grande, est une jolie blonde aux yeux bleus. Elle est surtout la première femme à être honorée par cette distinction mondiale. La notoriété va s’abattre comme la foudre sur ce couple de savants. Leur discrétion et leur modestie vont être mises à rude épreuve. Mais qui est donc cette Madame Curie ?
Une enfance polonaise
Marie Curie est née en 1867 à Varsovie, dans une Pologne divisée entre trois empires : russe, austro-hongrois et prussien. Varsovie est sous la botte russe. Marie Sklodowska est le cinquième enfant d’un couple d’enseignants. Ils sont issus de la petite noblesse terrienne polonaise ruinée par la décision du tsar Alexandre II d’abolir le servage en 1881. La plupart de leurs terres ont été distribuées aux paysans. C’est un couple d’intellectuels. La mère, catholique pratiquante, a été nommée, à 20 ans, directrice d’une prestigieuse école privée de Varsovie. Le père, formé à l’université de Saint-Pétersbourg, est un professeur de mathématiques et de physique.
Cette famille unie pousse ses enfants à donner leur maximum, à étudier, à apprendre les langues étrangères mais aussi à pratiquer l’exercice physique. C’est plutôt novateur à cette époque. Ils sont farouchement polonais, pratiquent secrètement cette langue car le russe est la seule langue autorisée à Varsovie.
Mais il n’y a pas que l’étude. Il y a aussi des vacances merveilleuses chez des cousins, dans la Galicie austro-hongroise. Dans cette région, grace à l’empereur François-Joseph respectueux des langues de son empire multi-national, on a le droit de parler polonais. Mais il y a aussi les vacances dans le domaine d’un oncle au nord de Varsovie. On y monte à cheval, on chasse à courre, on pêche les écrevisses la nuit aux flambeaux. Des plaisirs plutôt aristocratiques.
Malheureusement, deux drames vont bouleverser l’enfance de Marie. Une soeur aînée, qu’elle adorait, meurt du typhus à 14 ans et, surtout, sa mère est victime de la phtisie (la tuberculose) quand Marie a 11 ans. Le père veuf s’occupe admirablement de ses enfants. Tous sont des élèves brillants, Marie comme les autres. Elle termine ses études en 1883, à 16 ans.
Marie suit sa sœur à Paris
Pour des jeunes filles qui veulent poursuivre des études, Varsovie n’offre pas beaucoup de possibilités. La soeur aînée de Marie, Bronia, souhaite devenir médecin. Pour cela, elle rêve d’aller à Paris. Une fois devenue médecin, elle pourrait permettre à Marie de la rejoindre. Ce plan ne peut fonctionner que si on met un peu d’argent de côté. Marie, diplômée et maîtrisant cinq langues (le russe, le polonais, l’allemand mais aussi le français et l’anglais), se place comme gouvernante d’enfants, d’abord chez un avocat à Varsovie. Puis, elle trouve la même place chez un aristocrate fortuné, à 80 kms de Varsovie. La famille l’accueille très bien. Marie y restera trois ans. Elle tombe amoureuse du fils aîné; c’est réciproque mais la famille s’oppose farouchement à ce mariage. Soudain, Marie fait l’amère expérience du déclassement social.
Elle revient à Varsovie, toute à fait convaincue de faire des études scientifiques poussées. Sa soeur Bronia est déjà Paris où elle fait ses études de médecine et sur le point d’épouser un Polonais déjà médecin. Elle propose à sa soeur Marie de l’accueillir à Paris.
Marie écrit à Bronia : "Décide si vraiment tu peux me prendre chez toi, car moi je peux venir. J’ai de quoi payer les dépenses. Si donc, sans te priver beaucoup, tu peux me donner à manger, écris-le moi… Vous pourriez me caser n’importe où. Je ne vous encombrerai pas, je promets que je ne ferai aucun ennui, aucun désordre. Je t’implore de me répondre mais très franchement".
En novembre 1891, Marie débarque à Paris. Elle a 24 ans et s‘inscrit aussitôt à la Sorbonne dont les laboratoires viennent d’être refaits. Il y a peu de femmes chez les étudiants en sciences : seulement 23 sur 2.000 ! Marie travaille dur, perfectionne son français, comble ses lacunes en mathématiques et en physique.
Sa rencontre avec Pierre Curie : un coup de foudre
En 1893, elle obtient sa licence de physique avec la mention très bien. Elle est la première de sa promotion. Elle commence l’expérience du laboratoire et cherche un lieu pour continuer ses recherches. Dans une soirée, elle rencontre un certain Pierre Curie, chef de travaux à l’Ecole de Physique et Chimie Industrielles, de la rue Lhomond, près du Panthéon. Une rencontre décisive: "Quand j’entrai, Pierre Curie se tenait dans l’embrasure d’une porte-fenêtre donnant sur un balcon. Il me parut très jeune, bien qu’il fût alors âgé de 35 ans. J’étais frappée par l’expression de son regard fier et par une légère apparence d’abandon dans sa haute stature". Pour lui, c’est un coup de foudre. Lui, qui pouvait écrire "Les femmes de génie sont rares", découvre en Marie une jeune fille passionnée par la Science. Il n’a qu’une idée en tête : la revoir.
En juillet 1894, Marie obtient sa licence de mathématiques, deuxième de sa promotion. Pour les vacances, elle repart en Pologne. Pour elle, c’est décidé : elle viendra enseigner dans son pays et s’occupera de son père, à Varsovie. Mais Pierre Curie ne l’entend pas de cette oreille. Il lui écrit : "Ce serait, cependant, une belle chose, à laquelle je n’ose croire, que de passer la vie l’un auprès de l’autre, hypnotisés dans nos rêves : notre rêve patriotique, notre rêve humanitaire et notre rêve scientifique".
Marie résiste mais la mère de Pierre Curie, sa propre soeur Bronia et son père M. Sklodowski, vont la convaincre d’épouser Pierre. La veille de son mariage, son père lui écrit : "Je préfère cent fois te savoir à Paris, heureuse et contente, plutôt que de te voir revenir dans notre pays, brisée par le sacrifice d’une vie entière, et victime d’une conception trop subtile de ton devoir".
Un couple uni dans l'amour et la science
Ils se marient à la Mairie de Sceaux, ville où résident Pierre et sa mère, le 26 juillet 1895. Ils partiront en voyage de noces en bicyclette, à travers l’Île de France. Ils s‘arrêtent dans des auberges pour la nuit où chez des amis accueillants. Ils formeront un couple extrêmement heureux, unis autant par leur amour réciproque que par l’amour de la science. Chez eux, tout cela est indissociable.
Ils s’installent d’abord dans un petit appartement rue de la Glacière, à Paris. L’année suivante, Marie Curie est reçue première à l’agrégation de sciences, section mathématiques. En 1897, il y a deux évènements majeurs dans la vie du couple : le 12 septembre, Marie accouche de leur premier enfant, Irène. Quinze jours plus tard, la mère de Pierre décède à Sceaux. L’année suivante, le couple déménage et s’installe dans une jolie maison avec jardin 108 boulevard Kellermann, à Paris. Le père de Pierre les rejoint à cette adresse pour s’occuper de sa petite-fille car Marie a peu de temps à lui consacrer.
En effet, le couple travaille sans cesse. Le 18 juillet, dans une lettre à l’ Académie des Sciences, Marie et Pierre Curie font part de leur découverte du Polonium, un métal radioactif que Madame Curie baptise ainsi en hommage à sa terre natale. En décembre, ils annoncent la découverte du radium. Les Curie sont honorés de médailles et de prix pour cette succession de résultats extraordinaires.
Des scientifiques discrets
1900 est une année importante pour les Curie. C’est celle de l’Exposition Universelle à Paris. L’un des pavillons les plus modernes et les plus fascinants est celui de l’ électricité. Il présente, notamment, les travaux de Pierre et Marie Curie sur le radium. Ils donnent au grand public une connaissance de leurs découvertes, jusque là réservées aux milieux scientifiques. Le même été, à Paris, est organisé un Congrès International de Physique. Les Curie y font un rapport sur les nouvelles substances radio-actives et la rayons qu’elles émettent. Outre leurs travaux, les Curie sont avant tout des universitaires. Pierre est chargé de cours de physique à l’Université de Paris et Marie prend son poste de professeur à l’Ecole Normale Supérieure de Sèvres. Elle est la première femme nommée à une telle fonction. Elle nouera avec ses élèves des rapports très chaleureux. Elle s’intéressera à leurs travaux et aidera les plus brillantes dans leurs carrières.
Mais toutes ces activités n’empêchent pas le couple Curie d’avoir des amitiés. Bien que mauvaise cuisinière, Marie Curie aime recevoir ses amis. Mais surtout, les vacances universitaires permettent des contacts avec la nature que les Curie affectionnent. Ils font des séjours en Bretagne et en Pologne. Leur vie est très équilibrée. Ils sont des scientifiques discrets.
1903, l'année de la consécration
1903 est l’année de la consécration pour les Curie : ils sont lauréats du Prix Nobel de Physique mais ne se rendront pas à Stockholm, pour la remise du prix. Ils laissent leur mentor, Henri Becquerel, avec qui ils partagent leur Prix Nobel de Physique, les remplacer dans la capitale suédoise.
Les Curie attendront juin 1905 pour se rendre à Stockholm. Devant l’Académie Nobel, Pierre Curie prononce un discours visionnaire et prémonitoire : "On peut concevoir encore que, dans des mains criminelles, le radium puisse devenir très dangereux et ici, on peut se demander si l’humanité a avantage à connaître les secrets de la nature, si elle est mûre pour en profiter et si cette connaissance ne lui sera pas nuisible".
Entre temps, en décembre 1904, Marie Curie a donné naissance à une deuxième fille, Eve. Les Curie, tout en continuant de dispenser leurs cours à leurs élèves, se tiennent au courant de l’actualité. La mode est au spiritisme. Ce n’est pas nouveau mais à Paris, à ce moment-là, une certaine Eusapia Palladino provoque un véritable engouement. De Sarah Bernhardt à l’astronome Camille Flammarion, on se bouscule pour la rencontrer. Les Curie assistent à un certain nombre de séances.
Pierre commence à se passionner pour ce phénomène qu’il voudrait étudier scientifiquement. Le 19 avril 1906, Pierre se rend à l’ Assemblée générale de l’association des professeurs des facultés des sciences. Aux dires de tous, il ne s’est jamais montré si gai, ni plus vivant qu’à cette réunion. Il est heureux et plein de projets. C’est au sortir de cette assemblée qu’il est victime d’un stupide accident. A l’intersection du quai et de la rue Dauphine, face au Pont-Neuf, il est écrasé par un camion à chevaux qui n’a pu l’éviter. Il meurt sur le coup. Une tragédie pour Marie. Ses obsèques ont lieu à Sceaux, le 21 avril, dans la plus stricte intimité. Marie ne supporterait pas des funérailles solennelles. Elle résume ainsi la situation : "Ma vie est saccagée de telle sorte qu’elle ne s’arrangera plus. Je pense qu’il en sera toujours ainsi et je n’essaierai pas de vivre autrement. Je désire élever mes enfants le mieux possible, mais même elles ne peuvent réveiller la vie en moi".
Marie Curie victime d'une violente campagne de presse
Marie se trompe. Elle va s’occuper activement de ses filles, constituant un groupe de scientifiques amis qui vont se partager la tâche d’enseigner à tous leurs enfants. Les cours se passent à domicile. Les enfants vont d’une maison à l’autre pour suivre leurs cours. Cet enseignement privé portera ses fruits pour ces enfants dont quelques uns deviendront de très grands chercheurs. L’expérience, un peu compliquée à tenir, ne durera pas plus de deux ans. Parallèlement, elle poursuit sa carrière. Elle est nommée professeur à la Sorbonne, première femme à ce poste. Elle a 39 ans.
L’année 1911 va mettre Marie à rude épreuve. En effet, le 4 novembre, un article de journal révèle sa liaison avec un autre savant, Paul Langevin. Celui-ci est marié et père de quatre enfants. Commence une campagne de presse d’une violence inouïe. Paradoxalement, dans cette tempête, le 9 novembre Marie est informée que l’Académie Nobel lui a attribué le prix Nobel de Chimie pour l’ensemble de son oeuvre. Malgré les horreurs qui se déversent sur elle, elle ira recevoir son prix Nobel à Stockholm. Au même moment, les époux Langevin annoncent leur séparation de corps. Curieusement, Paul Langevin n’est pas accablé par la presse. C’est forcément Marie la coupable. Lui regagnera le domicile conjugal au début de la Première Guerre mondiale et revivra avec son épouse, jusqu’à la mort de celle-ci, tout en continuant à la tromper copieusement avec quelques unes de ses élèves de l’Ecole Normale de Sèvres.
Marie, après la remise de son Prix Nobel, va craquer. Elle quitte la maison de Sceaux où elle s’était installée après le décès de Pierre pour emménager quai de Béthune, sur l'île Saint-Louis. Mais elle n’y reste pas longtemps : elle passe tout le mois de janvier 1912 dans une maison de santé où elle va subir une grave opération des reins. Son état est préoccupant mais elle récupère. La guerre va lui permettre de restaurer une image salie par une presse déchaînée.
L’invention des "petites Curie"
Le début de la guerre, si difficile pour la France, l’est encore plus pour Marie. Elle vit très mal l’invasion de la Pologne par l’Allemagne et s’inquiète pour sa famille. Mais Paris étant menacé, le gouvernement lui demande de mettre à l’abri le radium en sa possession et qui représente une véritable fortune. Marie enferme le métal dans une lourde boîte de plomb et la transporte jusqu’à Bordeaux où elle sera enfermée dans un coffre.
La plupart des hommes étant au combat, les femmes prennent la relève. A la fin du conflit, on dénombrera 430.000 femmes travaillant pour l’armement. Une véritable révolution ! Marie va y prendre sa part en inventant des appareils radiologiques mobiles transportés dans des voitures à moteurs, le plus près des champs de bataille. On les appelle "les petites Curie". La radiographie permet de rendre les opérations plus sûres. On repère l’emplacement des balles et des éclats d’obus chez les blessés, on analyse les fractures. Bref, les opérations sont plus rapides et des vies sont sauvées.
Avec une énergie sans relâche, Marie va tout organiser. La constitution de ce parc automobile grâce à la générosité de leurs propriétaires, la confection d’appareils radiologiques transportable et suffisamment isolés pour qu’on les manipule sans danger, c’est elle qui les supervise. Marie se charge aussi de la formation du personnel. Cela va remarquablement fonctionner. Et Marie aura fait une véritable oeuvre de salut public jusqu’à la fin de la guerre.
Après la guerre, la reconnaissance
La paix revenue, Marie Curie sera unanimement reconnue. Elle fait un voyage triomphal aux Etats-Unis en 1921. Les femmes américaines lui font don d’un gramme de radium pur. La même année, la Fondation Curie est reconnue d'utilité publique. Elle a pour but d’utiliser les rayonnements pour le traitement du cancer. De 1919 à 1935, plus de 10.000 malades y seront traités.
Madame Curie a toujours eue une santé fragile. Outre ses brûlures aux mains, elle souffre de problèmes rénaux. Elle subit quatre opérations de la cataracte en 1923 et 1924 qui l’obligent à porter d’épaisses lunettes. En 1934, à cause de graves difficultés respiratoires, sa fille Eve la fait transporter au sanatorium de Sancellemoz, près de Chamonix.
Marie Curie y meurt le 19 juin 1934. Elle sera enterrée au cimetière de Sceaux, au côté de Pierre. Plus tard, le président François Mitterrand fera transférer les restes du couple au Panthéon le 20 avril 1995. La présence de Lech Walesa, président de la République de Pologne, rappellera l’attachement de Marie à son pays natal. Si elle avait choisi la France, elle n’avait jamais oublié la Pologne.
"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio
Auteur et présentation : Jean des Cars
Cheffe de projet : Adèle Ponticelli
Réalisation : Guillaume Vasseau
Diffusion et édition : Clémence Olivier
Graphisme : Europe 1 Studio
Direction Europe 1 Studio : Claire Hazan
Bibliographie : Janine Trotereau Marie Curie ( Folio, Gallimard, 2011)
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