En 1936, le député Léon Blum a bien failli être lynché par des militants d'extrême droite. Découvrez cette histoire dans cet épisode bonus de "Au cœur de l'histoire".
En écoutant le récit consacré à Léon Blum, vous vous avez peut-être eu envie d'en savoir encore un peu plus sur la vie de cette figure politique française. Dans cet épisode bonus de "Au cœur de l'histoire", le spécialiste histoire Jean des Cars revient sur un épisode méconnu de la vie de Léon Blum : son agression en 1936.
Aujourd’hui, on dit beaucoup que notre époque est marquée par la violence politique. Mais saviez-vous qu’en 1936, le député Léon Blum avait été agressé dans la voiture d’un collègue et que blessé à la tête, il faillit être lynché ?
C’est la rencontre des contraires, des adversaires, des ennemis. A Paris, le 13 février 1936, vers midi, une foule dense et silencieuse est bloquée à l’angle du boulevard Saint-Germain et de la rue de l’Université. Des étudiants et ce qu’on appelle les "Camelots du Roi", c’est-à-dire les partisans monarchistes et les soutiens de la droite défendue par le journal et les idées de L’Action Française, sont rassemblés en silence. Ils portent des brassards noirs. Ils attendent le cortège funèbre de l’historien et académicien français Jacques Bainville, idéologue emblématique de l’Action Française, décédé à son domicile voisin, rue de Bellechasse.
Blessé à la tête et au cou
Soudain, une voiture tente d’avancer. Elle oblige les manifestants à se ranger. Ils protestent, furieux de cette incongruité. On doit respecter l’émotion d’un deuil. La voiture attendra. Mais le cortège remarque que sur le pare-brise de cette voiture, il y a une cocarde tricolore. Un député ! A l’intérieur, on reconnaît le visage et l’épaisse moustache de Léon Blum. Le dirigeant socialiste, un peu dandy, brillant intellectuel, est alors député socialiste de Narbonne. La voiture est celle de son collègue Georges Monnet, député de l'Aisne, qui raccompagne Blum chez lui, dans l'île Saint-Louis.
La vitre arrière de la Citroën est brisée, des coups de canne frappent la carrosserie. Les assaillants tentent d’extraire Léon Blum. Il est blessé à la tête et au cou. Un inspecteur de police, chargé de la surveillance de l’Ambassade d’Allemagne qui est toute proche, dira qu’il y avaient des cris : "Au poteau, Blum ! Au poteau !"
Les mouvements d'extrême-droite dissous
Des ouvriers, travaillant sur un chantier voisin, mettent le parlementaire blessé à l’abri dans une cour d’immeuble. Sans eux, diront les partis de gauche, il aurait été probablement lynché. Transporté à l'Hôtel-Dieu, les médecins constatent une rupture de la veine temporale.
Pourtant, Léon Blum refuse de porter plainte. Les socialistes dénoncent la violence de l’agression. On retrouvera le célèbre et large chapeau de Léon Blum dans les locaux du journal L’Action Française, ce qui semble désigner les agresseurs.
Le soir même, le Conseil des Ministres décide la dissolution des mouvements d’extrême-droite et, le soir même, le décret est signé du Président de la République, Albert Lebrun. Trois mois plus tard, les socialistes remportent les élections. Léon Blum devient chef du gouvernement du Front Populaire.
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"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio
Auteur et présentation : Jean des Cars
Cheffe de projet : Adèle Ponticelli
Réalisation : Guillaume Vasseau
Diffusion et édition : Clémence Olivier
Graphisme : Europe 1 Studio
Bibliographie : Jean Lacouture Léon Blum ( Le Seuil, 1977, réédition 1979)