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Société
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Léon Blum, le destin tourmenté d'un éternel humaniste

Il y a 70 ans, le 30 mars 1950, Léon Blum le célèbre chef du gouvernement du Front Populaire disparaissait. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars revient sur le parcours de cet intellectuel idéaliste qui fut l'un des fondateurs du socialisme français.Entre 1936 et 1938, cette période de l’entre-deux guerres où la politique était particulièrement violente et tourmentée, l’extrême-droite a fait de lui l’homme le plus détesté de France. Aujourd'hui on se souvient de lui comme l'un des fondateurs du socialisme français. Un homme qui, dans tous ses combats, n’a jamais été médiocre. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire" , produit par Europe 1 Studio, découvrez l'histoire de Léon BlumAprès avoir refusé de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940, Léon Blum est arrêté. Il est interné au château de Chazeron, dans le Puy-de-Dôme, en compagnie de Paul Reynaud, de Georges Mandel, d’Edouard Daladier et du général Gamelin. Tous sont jugés responsables de la défaite de 1940, accusés d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de trahison. En février 1942, ils sont conduits devant la Cour de Justice de Riom. Le seul à se défendre réellement, avec courage, est Léon Blum. Son plaidoyer est si brillant qu’il contraint le gouvernement de Vichy à suspendre le procès. C’est le moment où les Allemands envahissent la Zone Libre.Détenu à BuchenwaldIl est de nouveau interné, cette fois à la forteresse de Bourrassol près de Vichy, avec ses compagnons. Ils n’ont pas le droit de communiquer les uns avec les autres. Mais Léon Blum parvient à correspondre avec une certaine Jeanne Levylier. Il est veuf depuis 1938 de sa deuxième épouse, Thérèse, emportée par un cancer généralisé. Elle avait été le grand amour de sa vie. Depuis ce moment et peut-être un peu avant, sa petite cousine, Jeanne Levylier, éperdument amoureuse de lui, fera tout pour embellir et adoucir son existence. Le 31 mars 1943, Léon Blum, qui a 71 ans, entame son trentième mois de captivité. Il voit arriver à la forteresse des officiers allemands qui viennent l’enlever ainsi que ses compagnons. Léon Blum a juste le temps de griffonner quelques mots à Jeanne, qu’il appelle Janot : "A l’instant, entrent des officiers allemands. Je pars à midi. Les dés sont jetés. Je te promets de revenir intact".Les détenus sont conduits à l’aéroport de Clermont-Ferrand et de là, ils partent en avion pour l’Allemagne. Blum est séparé de ses compagnons d’infortune. Il débarque en Allemagne dans un lieu qui lui est inconnu. En fait, l’endroit s’appelle Buchenwald. Cependant, il n’est pas soumis au même traitement qu’un déporté ordinaire. Laissons son biographe, Jean Lacouture, nous expliquer : "Installé dans un baraquement proche du quartier des officiers, à la limite extérieure du camp, il ne sait même pas qu’il vit dans le sinistre Buchenwald dont il a entendu parler par ses camarades anti-nazis. Ce n’est que plus tard qu’il en prendra conscience. Le local est propre, assez bien chauffé. Il peut travailler, dispose d’un poste de radio et reçoit la presse : celle de Paris, de la collaboration bien sûr, L’Oeuvre ou Le Matin, mais il y a tant de façons de lire un journal, fût-il ignoble... "Léon Blum s'y marie pour la 3eme fois...dans un camp de concentrationLéon Blum découvre que la chambre voisine de la sienne est occupée par Georges Mandel. Celui-ci, Ministre de l’Intérieur en 1940, s’était opposé à l’Armistice. Georges Mandel était alors parti vers le Maroc. Arrêté et ramené en France, il a été livré aux Allemands par Vichy. Ils sont libres de se rencontrer, échangent des livres et des idées, jouent au billard, bref se soutiennent et vont devenir amis alors que la vie politique les avait opposés auparavant. Dès son premier jour à Buchenwald, Léon Blum avait écrit à Janot, nous dit Jean Lacouture : "Vous pourrez peut-être me rejoindre ". Il précise qu’elle sera enfermée, que nul retour ne sera possible, que ce voyage et cette réunion présentent les pires dangers. Comment ne le saurait-elle pas ? Mais que pèsent ces risques, mis en balance avec la perspective de le rejoindre ? Tandis que Léon Blum, le 14 avril et le 3 mai, adresse des mémoires en ce sens aux autorités du camp et de Berlin, alléguant notamment leur souhait commun de se marier. Janot multiplie les démarches auprès de la Gestapo parisienne, faisant valoir qu’elle est apparentée au déporté. Que les nazis l’aient écoutée est l’un des mystères de cette extravagante affaire. Le fait est que le 3 mai, Blum recevait de sa belle-fille, leur alliée, enthousiaste, une lettre indiquant que Janot a beaucoup d’espoir ".Le 30 juin, après un rocambolesque voyage par Berlin, Jeanne débarque à Buchenwald, trouvant Léon Blum dans sa chambre en train de trier des haricots et des lentilles. Ils se marient. Léon Blum dira " Ma vie est transformée ". Désormais, ils sont deux pour affronter cette captivité. Elle est plus légère que ce que vivent les déportés du camp si proche. Toutefois, aucun espoir ne leur semble permis. Ils savent désormais qu’ils sont des otages. Mais avant ce tragique épisode, quel a été le parcours et la vie de Léon Blum ?Un jeune homme brillant et engagéIl est né en 1872 dans une famille d’origine juive alsacienne, qui a réussi dans le commerce des tissus. Le train de vie de ses parents est plus qu’aisé. Il fera ses études à Paris au lycée Charlemagne puis à Henri IV où il prépare le concours d’entrée à Normale Sup. Il intègre brillamment l’Ecole de la rue d’Ulm mais en sera exclu au bout d’un an. Il a détesté "cette usine à élites où se forment les chiens de garde de la bourgeoisie". Il s’inscrit alors à la Sorbonne, fait des études de droit et de lettres. Il est reçu au concours du Conseil d’Etat en 1895. A la même époque, il fait ses débuts de critique littéraire dans la célèbre Revue Blanche des frères Natanson. Il tient aussi une chronique théâtrale dans la revue Comedia. Il rencontre Maurice Barrès, Stéphane Mallarmé, Paul Claudel, Paul Verlaine mais aussi Guillaume Apollinaire et Tristan Bernard. Ce dernier sera un de ses grands amis. Il fréquente un univers très brillant. Dans le salon de Mme de Caillavet, il rencontre aussi Anatole France. En 1896, juste après son entrée au Conseil d’Etat, Léon Blum a épousé Lise Bloch. Le couple s’installe rue du Luxembourg, l’actuelle rue Guynemer. Il publiera son premier livre en 1901 :"Nouvelles conversations de Goethe avec Eckermann ".Alors qu’ils ne s’étaient pas fréquentés lors de sa courte année passée à Normale Sup, Léon Blum se lie avec le bibliothécaire de l'École, Lucien Herr. C’est lui qui va l’orienter vers le Parti Socialiste. Léon Blum commence à se mêler aux luttes politiques à l’occasion de l’affaire Dreyfus.Il va se faire défenseur de Zola au moment où celui-ci est condamné en 1898. Il est profondément dreyfusard. On sait que le combat sera long avant que le capitaine Dreyfus soit totalement blanchi et réintégré dans l’armée.A 25 ans, il rencontre Jean JaurèsC’est en 1897 qu’il rencontre Jean Jaurès. Blum a 25 ans, Jaurès 38. Léon Blum va tout de suite se considérer comme un disciple de ce socialiste convaincu. Laissons parler Thadée Natanson, patron de La Revue Blanche : "Tout le temps que Jaurès a vécu, Léon Blum n’a fait que l’écouter... Il n’a jamais pensé qu’il eut plus ou mieux à faire... car ce maître a fait mieux qui lui donner la foi, il lui a fait voir qu’il l’avait ".Léon Blum confiera lui-même à André Gide : "Cet homme-là, j’ai été son chien fidèle". En 1899, il participe pour la première fois à un congrès socialiste et en 1901, il sera auprès de Jaurès pour la fondation du journal L’Humanité. Mais après le Congrès du Parti Socialiste en 1905, qui verra la création de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière), Léon Blum quitte L’Humanité et s’écarte pendant près de dix ans de la vie du Parti Socialiste. La critique littéraire le passionne. Il donne des articles à la Renaissance Latine, à l’Excelsior et au Matin. Il a 33 ans et vient d’être nommé maître des Requêtes au Conseil d’Etat. Avec son épouse, il déménage pour s’installer dans un très grand appartement du boulevard Montparnasse. Il aménage un grand bureau-atelier. Il y accroche deux grandes toiles de Vuillard prêtées par Alfred Natanson. Il consacre aussi beaucoup de temps à l’éducation de son petit garçon, Robert, né en 1902.Sa femme Lise est passionnée de théâtre et de musique. Boulevard du Montparnasse on rencontre Alfred Cortot, Gabriel Fauré et surtout Reynaldo Hahn, très lié à Léon Blum. Lise est une hôtesse remarquable, bien qu’un peu autoritaire et légèrement bas-bleu. Pendant les vacances, ils reçoivent beaucoup le monde des arts et de la littérature dans une villa d’Enghien louée par leurs parents. C’est alors qu’il écrit son traité "Du Mariage" en 1907. Blum fait scandale en développant la thèse de l’instinct polygamique de l’homme et en préconisant l’expérience sexuelle pour les jeunes filles avant le mariage. Cette vie, somme toute très agréable, prend fin en août 1914. L’attentat de Sarajevo avait été occulté à Paris par le procès de Madame Caillaux. L’ultimatum autrichien à la Serbie du 23 juillet provoque la guerre. Jaurès se rend à une réunion d’urgence, à Bruxelles, de l’Union Internationale Socialiste. Blum l’accompagne à la Gare du Nord. C’est la dernière fois qu’il verra Jaurès. A son retour de Bruxelles, le 31 juillet, Jaurès passe sa journée à L'Humanité avant d’aller prendre un verre au Café du Croissant. A 21 h 40, il est assassiné à bout portant. Blum se précipite chez les Jaurès où le corps du tribun a été ramené. Il éprouve un immense chagrin. C’est son maître en politique qui vient de mourir.1914 : pour la première fois, Blum est associé au pouvoir Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Léon Blum a 42 ans. Il n’est pas mobilisable mais il souhaite servir. Il va le faire au sein du gouvernement d’Union Nationale de René Viviani. Blum est chef de cabinet d’un des deux ministres socialistes du gouvernement, Marcel Sembat, chargé des Travaux Publics. Blum y reste de 1914 à 1916. Ce ministère est un ministère clé. L’intelligence, les capacités d’organisateur et les connaissances juridiques de Léon Blum lui permettent de s’imposer. Il s’attaque à la reconversion des usines civiles à des fins militaires. Il le fait avec une grande efficacité. En 1916, il réintègre le Conseil d'Etat et se replonge aussi dans la vie du Parti Socialiste.En 1919, il est chargé de rédiger le programme d’action du Parti Socialiste. Cette même année, Blum est élu député de la Seine. Il entre définitivement en politique. Ses fonctions parlementaires étant incompatibles avec celles de Conseiller d’État,il s’inscrit au barreau. En quelques mois, il devient l’avocat civiliste le plus réputé de Paris. Il va gagner beaucoup d’argent, éternel paradoxe du socialisme engagé ! Cela ne le dérange pas du tout. Le Congrès de Tours : un grand tournantLe grand tournant de sa vie politique va être le Congrès de Tours. Il débute le 25 décembre 1920 : pour les congressistes laïcs, Noël ne compte pas ! C’est la rupture : Blum est une des vedettes de la minorité hostile aux bolchéviques. Après avoir vainement essayé de maintenir l’unité du Parti, lui qui était simplement secrétaire du groupe parlementaire socialiste devient le chef, incontesté, du Parti Socialiste minoritaire. Son paradoxe est d’être devenu chef de Parti sans avoir jamais été réellement un militant. Il n’a que peu de contacts avec le monde ouvrier. Et surtout, ses scrupules lui interdisent toujours les compromissions parfois nécessaires à l’action. Il est battu aux élections de 1928 mais fera quand même son retour à la Chambre des Députés lors d’une élection partielle en 1929 : il est élu député de Narbonne et le restera jusqu’en 1940. Dès 1924, lors de la formation du Cartel des Gauches, il oriente le Parti Socialiste vers la collaboration avec les radicaux. Mais jusqu’en 1936, il la limite à un soutien sans participation au gouvernement. Sa vie privée change elle aussi. Sa femme Lise meurt en 1931. Il se remarie deux ans plus tard avec Thérèse Pereyra. Il la connaît depuis longtemps. Elle fait partie d’un groupe de musiciens et de peintres auxquels Blum aime se mêler. Thérèse a beaucoup d’esprit, d’entrain et de gaieté. Il est très amoureux d’elle. Le couple s’installe dans l'Île Saint-Louis. Léon Blum sera parfaitement heureux avec elle jusqu’à ce que Thérèse soit emportée, en 1938, par un cancer généralisé. Mais entre-temps, la carrière de Léon Blum a atteint des sommets.Le chef du gouvernement du Front Populaire En mai 1936, l’alliance des socialistes et des radicaux remporte les élections. Léon Blum devient chef du gouvernement du Front Populaire. Il met en oeuvre d’importantes réformes économiques et sociales : l’institution des Congés Payés le 8 juin et de la semaine de 40 heures le 12 juin. Le gouvernement impose le contrôle direct de l'Etat sur la Banque de France le 24 juillet et la nationalisation des grandes usines d’armement le 11 août. Cependant, la situation financière est désastreuse. Blum est contraint de procéder à une dévaluation du franc. En février 1937, il annonce une pause sociale. Le début de la guerre d’Espagne jette le trouble dans le Front Populaire. Blum est partisan de la neutralité à l’égard de l’Espagne alors qu’une partie de ses amis souhaite qu’on apporte une aide financière et militaire aux républicains. Le Royaume-Uni fait savoir qu’il ne l'acceptera pas : cela pourrait remettre en cause son alliance avec la France. L'Allemagne et l'Italie soutiennent Franco et les nationalistes, l’URSS soutient les républicains. En France, le Front Populaire se disloque. Dans la nuit du 20 au 21 juin 1937, Léon Blum démissionne. Il revient au gouvernement de mars à avril 1938 avant de se retirer du pouvoir. Il est simple parlementaire et refusera de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en juillet 1940, comme je vous l’ai dit au début de ce récit.La fin du cauchemar et un bref retour au pouvoir A Buchenwald, Léon Blum écrit beaucoup. Il s’astreint à des dialogues avec son épouse. De ces dialogues vont naître des notes qui formeront une suite et seront publiées sous le titre "A l’échelle humaine". Un matin de juillet 1944, la Gestapo vient extraire Georges Mandel du baraquement où ils cohabitent depuis des mois. Ils ne savent pas encore que Mandel sera ramené en France où la Milice l’assassinera dans la forêt de Fontainebleau. Léon et Jeanne raconteront ce qu’ils soupçonnaient sans réellement l’appréhender. Ecoutons Léon Blum : " C’est aussi la rigueur de cette clôture qui explique un fait à première vue incompréhensible, je veux dire notre ignorance si longtemps prolongée sur les horreurs indicibles qui se perpétraient à quelques centaines de mètres de nous. Le premier indice que nous avons surpris est l’étrange odeur qui nous parvenait souvent le soir, par les fenêtres ouvertes, et qui nous obsédaient la nuit toute entière quand le vent continuait à souffler dans la même direction : c’était l’odeur des fours crématoires ".Le 1er avril 1945, un officier allemand les prévient qu’ils vont partir dans l’après-midi en voiture. Ils font partie d’un convoi qui traverse Weimar, puis Ratisbonne avant d’arriver à Dachau. Puis ils gagnent Munich et prennent la route d’Innsbruck, en Autriche. Par la route du Brenner, ils se retrouvent en Italie. Un officier allemand se présente et leur dit qu’ils sont désormais sous la caution de l’honneur militaire de la Wehrmacht. Léon Blum et sa femme sont sauvés. Ils sont récupérés par les Américains. Le mardi 8 mai 1945, jour de l’Armistice, un appareil de l’US Air Force les transporte à Naples, au QG britannique du général Alexander. Ils seront soignés et logés pendant quelques jours avant de regagner paris le 14 mai.Ils reprennent vie à Paris. Le général de Gaulle propose à Léon Blum un ministère d'État. Il le refuse. Fin 1946, à la demande de Vincent Auriol, Léon Blum forme un gouvernement socialiste homogène qui ne sera qu’un cabinet de transition d’un mois, avant l’élection de Vincent Auriol Président de la République. Léon Blum restera l’homme des congés payés et des 40 heures et le principal inspirateur du socialisme français. S’il n’a plus des responsabilités politiques, il restera intellectuellement très actif jusqu’à la fin, notamment avec ses éditoriaux dans Le Populaire. Il s’éteint dans sa maison de Jouy-en-Josas le 30 mars 1950.  Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ?>> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr et sur Apple Podcasts , SoundCloud , Dailymotion et YouTube , ou vos plateformes habituelles d’écoute.>> Retrouvez ici le mode d'emploi pour écouter tous les podcasts d'Europe 1   "Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 StudioAuteur et présentation : Jean des Cars Cheffe de projet : Adèle PonticelliRéalisation : Guillaume VasseauDiffusion et édition : Clémence OlivierGraphisme : Europe 1 StudioBibliographie : Jean Lacouture Léon Blum ( Le Seuil, 1977, réédition 1979)   

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Isabelle d’Angoulême, reine-comtesse par-delà les mers

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30 janvier 2025 - 15 min

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Face à la gent féminine, Henri IV, a, semble-t-il, toujours fait preuve d’une certaine faiblesse. Marié à Marguerite de Valois, puis à Marie de Médicis pour des raisons politiques, celui que l’on surnomme le Vert-Galant a vécu des passions ardentes avec de nombreuses maîtresses, Gabrielle d’Estrées et Henriette d’Entragues en premier lieu.<br /> <br /> Ces femmes ont été plus que des amantes. Elles étaient des « presque reines », et bien souvent les mères de bâtards royaux.<br /> <br /> Pour évoquer ces femmes souvent détestées à leur époque, Virginie Girod reçoit l'historienne Flavie Leroux. Spécialiste d’histoire de la cour et des femmes en France à l’époque moderne, en particulier des maîtresses royales, elle est l’auteure de plusieurs livres à ce sujet, dont "L’autre famille royale", disponible aux éditions Passés Composés.

29 janvier 2025 - 20 min

[2/2] Marie de Médicis, reine de France, régente et mère indigne

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Virginie Girod raconte la reine Marie de Médicis (1575-1642), régente avide de pouvoir.<br /> <br /> Dans le second épisode de ce double récit inédit d'Au coeur de l'Histoire, Henri IV, roi de France et fondateur de la dynastie des Bourbons, meurt assassiné par Ravaillac. Son épouse, Marie de Médicis, devient alors régente du royaume, rôle qu'elle devra assurer jusqu'à la majorité de Louis XIII...

27 janvier 2025 - 13 min

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Virginie Girod raconte la reine Marie de Médicis (1575-1642), héritière florentine devenue la seconde épouse du roi Henri IV. <br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double récit inédit d'Au coeur de l'Histoire, Marie de Médicis , fille du grand duc de Toscane, naît en 1575, à Florence. Héritière la plus riche d'Europe, la jeune femme est très convoitée et épouse le roi de France, Henri IV, en 1600, à l'âge de 25 ans. Neuf mois après les noces, elle donne naissance à l'héritier du trône, le futur Louis XIII.

27 janvier 2025 - 14 min

TEASER - Qui est le Vert-Galant ?

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Quel roi de France surnomme-t-on le Vert Galant ? Henri IV, bien sûr ! Tout au long de sa vie, celui qui hérite de la couronne en 1589 multiplie les liaisons amoureuses… et charnelles ! Plusieurs dizaines de maîtresses auraient reçu ses faveurs parmi lesquelles Gabrielle d’Estrées ou Henriette d’Entragues. <br /> <br /> La semaine prochaine, dans Au cœur de l’Histoire, découvrez un entretien inédit dans lequel Virginie Girod recevra l’historienne Flavie Leroux afin de s'intéresser aux amours du bon roi Henri et à l’influence réelle ou fantasmée de ses favorites.

26 janvier 2025 - 01 min

ENTRETIEN - La vie dans une maison close au XIXe siècle.

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En 1946, la loi Marthe Richard abolit le système de prostitution réglementé et entraine la fermeture des maisons closes en France. Depuis un siècle, la fréquentation de ces maisons de tolérance était une pratique masculine courante. Mais quelle était la réalité du quotidien de celles que l’on appelle les filles de joie dans les bordels ? Ces femmes, immortalisées par des artistes comme Henri de Toulouse-Lautrec ou Edgar Degas avait-elle la possibilité de sortir de la prostitution ?<br /> <br /> Pour en parler Virginie Girod reçoit l’historienne Catherine Menciassi-Authier. Spécialiste de l’histoire des femmes au XIXe siècle, elle est notamment l’auteure de l’ouvrage "Femmes d'exception, femmes d'influence, une histoire des courtisanes au XIXe siècle", paru aux éditions Armand Colin.

25 janvier 2025 - 22 min

[1/2] Valtesse de la Bigne, une courtisane de la Belle Époque

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Virginie Girod raconte Valtesse de la Bigne (1848-1910), jeune cousette devenue courtisane influente du Tout-Paris.<br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double-récit inédit d'Au cœur de l'Histoire, Émilie-Louise Delabigne naît en 1848 dans la quartier Poissonnière, à Paris. Issue d'une fratrie de 7, elle mène une enfance misérable et travaille très tôt comme cousette. Dans le Paris du XIXe siècle, hormis les bourgeoises et les aristocrates, toutes les femmes travaillent, exerçant des métiers difficiles et mal payés dans les ateliers, les usines ou les marchés. Certaines n'ont alors d'autres choix que de s'adonner à la prostitution. Bientôt, celle qui se fait désormais appeler Valtesse de la Bigne fait ses débuts dans le demi-monde.

23 janvier 2025 - 14 min

2/2] Valtesse de la Bigne, une courtisane de la Belle Époque

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Virginie Girod raconte Valtesse de la Bigne (1848-1910), demi-mondaine ayant inspiré le personnage de Nana, dans le roman éponyme d'Émile Zola.<br /> <br /> Dans le second épisode de ce double-récit d'Au cœur de l'Histoire, Valtesse de la Bigne commence une carrière sur les planches des théâtres parisiens et se fait une place dans le milieu des courtisanes, prostituées de haut vol. Fréquentant les jeunes auteurs à la mode et les cafés parisiens où se retrouve la bonne société, elle perfectionne ses connaissances et apprend l’art de converser. A la fin des années 1870, Valtesse de la Bigne est devenue l’une de ces grandes horizontales les plus recherchée par l’élite parisienne.

23 janvier 2025 - 14 min

ENTRETIEN - Quand le spiritisme passionne l'Europe.

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Esprit, es-tu là ? Dans la seconde partie du XIXe siècle, un phénomène venu des Etats-Unis déferle sur l’Europe. Au spiritualisme incarnée par les mystérieuses sœurs Fox - entrées en communication avec un fantôme - succède le spiritisme, une philosophie inventée par Allan Kardec, figure française de la communication avec l’au-delà. Des médiums et des photographes spirites se font alors un nom, quand les salons accueillent séances de tables tournantes et de lévitation.<br /> <br /> Mais comment expliquer l’ampleur de ce phénomène ? Le spiritisme est-il synonyme de science, comme le pensait l’astronome Camille Flammarion, ou de charlatanisme ? <br /> <br /> Pour en parler, Virginie Girod reçoit Philippe Baudouin. Maître de conférences en histoire des médias à l’Université Paris-Saclay, il a consacré de nombreux ouvrages à l’histoire de l’occultisme, dont "Apparitions" aux éditions Hoëbeke.

22 janvier 2025 - 20 min

Victor Hugo et le spiritisme, quand le poète fait tourner les tables

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Virginie Girod raconte les séances de spiritisme organisées à Marine Terrace, sur l'île de Jersey, lieu d'exil de Victor Hugo, dans les années 1850.<br /> <br /> Le 4 septembre 1843, Léopoldine, la fille de Victor Hugo, se noie dans les eaux de la Seine, à Villequier, en Normandie. Dévasté, le poète lui dédiera l'un de ses plus beaux poèmes, "Demain, dès l'aube". Dans les années 1850, en exil dans les îles Anglo-Normandes, Hugo et sa famille trompent l'ennui et s'essaient au spiritisme, philosophie en vogue. Alors qu'ils font tourner les tables, ils tentent d'entrer en communication avec des êtres chers disparus.

21 janvier 2025 - 14 min

À propos

Il y a 70 ans, le 30 mars 1950, Léon Blum le célèbre chef du gouvernement du Front Populaire disparaissait. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars revient sur le parcours de cet intellectuel idéaliste qui fut l'un des fondateurs du socialisme français.


Entre 1936 et 1938, cette période de l’entre-deux guerres où la politique était particulièrement violente et tourmentée, l’extrême-droite a fait de lui l’homme le plus détesté de France. Aujourd'hui on se souvient de lui comme l'un des fondateurs du socialisme français. Un homme qui, dans tous ses combats, n’a jamais été médiocre. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire" , produit par Europe 1 Studio, découvrez l'histoire de Léon Blum

Après avoir refusé de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940, Léon Blum est arrêté. Il est interné au château de Chazeron, dans le Puy-de-Dôme, en compagnie de Paul Reynaud, de Georges Mandel, d’Edouard Daladier et du général Gamelin. Tous sont jugés responsables de la défaite de 1940, accusés d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de trahison. 

En février 1942, ils sont conduits devant la Cour de Justice de Riom. Le seul à se défendre réellement, avec courage, est Léon Blum. Son plaidoyer est si brillant qu’il contraint le gouvernement de Vichy à suspendre le procès. C’est le moment où les Allemands envahissent la Zone Libre.

Détenu à Buchenwald

Il est de nouveau interné, cette fois à la forteresse de Bourrassol près de Vichy, avec ses compagnons. Ils n’ont pas le droit de communiquer les uns avec les autres. Mais Léon Blum parvient à correspondre avec une certaine Jeanne Levylier. Il est veuf depuis 1938 de sa deuxième épouse, Thérèse, emportée par un cancer généralisé. Elle avait été le grand amour de sa vie. 

Depuis ce moment et peut-être un peu avant, sa petite cousine, Jeanne Levylier, éperdument amoureuse de lui, fera tout pour embellir et adoucir son existence. Le 31 mars 1943, Léon Blum, qui a 71 ans, entame son trentième mois de captivité. Il voit arriver à la forteresse des officiers allemands qui viennent l’enlever ainsi que ses compagnons. Léon Blum a juste le temps de griffonner quelques mots à Jeanne, qu’il appelle Janot : "A l’instant, entrent des officiers allemands. Je pars à midi. Les dés sont jetés. Je te promets de revenir intact".

Les détenus sont conduits à l’aéroport de Clermont-Ferrand et de là, ils partent en avion pour l’Allemagne. Blum est séparé de ses compagnons d’infortune. Il débarque en Allemagne dans un lieu qui lui est inconnu. En fait, l’endroit s’appelle Buchenwald. Cependant, il n’est pas soumis au même traitement qu’un déporté ordinaire. 

Laissons son biographe, Jean Lacouture, nous expliquer : "Installé dans un baraquement proche du quartier des officiers, à la limite extérieure du camp, il ne sait même pas qu’il vit dans le sinistre Buchenwald dont il a entendu parler par ses camarades anti-nazis. Ce n’est que plus tard qu’il en prendra conscience. Le local est propre, assez bien chauffé. Il peut travailler, dispose d’un poste de radio et reçoit la presse : celle de Paris, de la collaboration bien sûr, L’Oeuvre ou Le Matin, mais il y a tant de façons de lire un journal, fût-il ignoble... "

Léon Blum s'y marie pour la 3eme fois...dans un camp de concentration

Léon Blum découvre que la chambre voisine de la sienne est occupée par Georges Mandel. Celui-ci, Ministre de l’Intérieur en 1940, s’était opposé à l’Armistice. Georges Mandel était alors parti vers le Maroc. Arrêté et ramené en France, il a été livré aux Allemands par Vichy. Ils sont libres de se rencontrer, échangent des livres et des idées, jouent au billard, bref se soutiennent et vont devenir amis alors que la vie politique les avait opposés auparavant. 

Dès son premier jour à Buchenwald, Léon Blum avait écrit à Janot, nous dit Jean Lacouture : "Vous pourrez peut-être me rejoindre ". Il précise qu’elle sera enfermée, que nul retour ne sera possible, que ce voyage et cette réunion présentent les pires dangers. Comment ne le saurait-elle pas ? Mais que pèsent ces risques, mis en balance avec la perspective de le rejoindre ? Tandis que Léon Blum, le 14 avril et le 3 mai, adresse des mémoires en ce sens aux autorités du camp et de Berlin, alléguant notamment leur souhait commun de se marier. Janot multiplie les démarches auprès de la Gestapo parisienne, faisant valoir qu’elle est apparentée au déporté. Que les nazis l’aient écoutée est l’un des mystères de cette extravagante affaire. Le fait est que le 3 mai, Blum recevait de sa belle-fille, leur alliée, enthousiaste, une lettre indiquant que Janot a beaucoup d’espoir ".

Le 30 juin, après un rocambolesque voyage par Berlin, Jeanne débarque à Buchenwald, trouvant Léon Blum dans sa chambre en train de trier des haricots et des lentilles. Ils se marient. Léon Blum dira " Ma vie est transformée ". Désormais, ils sont deux pour affronter cette captivité. Elle est plus légère que ce que vivent les déportés du camp si proche. Toutefois, aucun espoir ne leur semble permis. Ils savent désormais qu’ils sont des otages. Mais avant ce tragique épisode, quel a été le parcours et la vie de Léon Blum ?

Un jeune homme brillant et engagé

Il est né en 1872 dans une famille d’origine juive alsacienne, qui a réussi dans le commerce des tissus. Le train de vie de ses parents est plus qu’aisé. Il fera ses études à Paris au lycée Charlemagne puis à Henri IV où il prépare le concours d’entrée à Normale Sup. Il intègre brillamment l’Ecole de la rue d’Ulm mais en sera exclu au bout d’un an. Il a détesté "cette usine à élites où se forment les chiens de garde de la bourgeoisie". 

Il s’inscrit alors à la Sorbonne, fait des études de droit et de lettres. Il est reçu au concours du Conseil d’Etat en 1895. A la même époque, il fait ses débuts de critique littéraire dans la célèbre Revue Blanche des frères Natanson. Il tient aussi une chronique théâtrale dans la revue Comedia. Il rencontre Maurice Barrès, Stéphane Mallarmé, Paul Claudel, Paul Verlaine mais aussi Guillaume Apollinaire et Tristan Bernard. Ce dernier sera un de ses grands amis. Il fréquente un univers très brillant. Dans le salon de Mme de Caillavet, il rencontre aussi Anatole France. 

En 1896, juste après son entrée au Conseil d’Etat, Léon Blum a épousé Lise Bloch. Le couple s’installe rue du Luxembourg, l’actuelle rue Guynemer. Il publiera son premier livre en 1901 :"Nouvelles conversations de Goethe avec Eckermann ".

Alors qu’ils ne s’étaient pas fréquentés lors de sa courte année passée à Normale Sup, Léon Blum se lie avec le bibliothécaire de l'École, Lucien Herr. C’est lui qui va l’orienter vers le Parti Socialiste. Léon Blum commence à se mêler aux luttes politiques à l’occasion de l’affaire Dreyfus.

Il va se faire défenseur de Zola au moment où celui-ci est condamné en 1898. Il est profondément dreyfusard. On sait que le combat sera long avant que le capitaine Dreyfus soit totalement blanchi et réintégré dans l’armée.

A 25 ans, il rencontre Jean Jaurès

C’est en 1897 qu’il rencontre Jean Jaurès. Blum a 25 ans, Jaurès 38. Léon Blum va tout de suite se considérer comme un disciple de ce socialiste convaincu. Laissons parler Thadée Natanson, patron de La Revue Blanche : "Tout le temps que Jaurès a vécu, Léon Blum n’a fait que l’écouter... Il n’a jamais pensé qu’il eut plus ou mieux à faire... car ce maître a fait mieux qui lui donner la foi, il lui a fait voir qu’il l’avait ".

Léon Blum confiera lui-même à André Gide : "Cet homme-là, j’ai été son chien fidèle". En 1899, il participe pour la première fois à un congrès socialiste et en 1901, il sera auprès de Jaurès pour la fondation du journal L’Humanité. Mais après le Congrès du Parti Socialiste en 1905, qui verra la création de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière), Léon Blum quitte L’Humanité et s’écarte pendant près de dix ans de la vie du Parti Socialiste. 

La critique littéraire le passionne. Il donne des articles à la Renaissance Latine, à l’Excelsior et au Matin. Il a 33 ans et vient d’être nommé maître des Requêtes au Conseil d’Etat. Avec son épouse, il déménage pour s’installer dans un très grand appartement du boulevard Montparnasse. Il aménage un grand bureau-atelier. Il y accroche deux grandes toiles de Vuillard prêtées par Alfred Natanson. Il consacre aussi beaucoup de temps à l’éducation de son petit garçon, Robert, né en 1902.

Sa femme Lise est passionnée de théâtre et de musique. Boulevard du Montparnasse on rencontre Alfred Cortot, Gabriel Fauré et surtout Reynaldo Hahn, très lié à Léon Blum. Lise est une hôtesse remarquable, bien qu’un peu autoritaire et légèrement bas-bleu. Pendant les vacances, ils reçoivent beaucoup le monde des arts et de la littérature dans une villa d’Enghien louée par leurs parents. 

C’est alors qu’il écrit son traité "Du Mariage" en 1907. Blum fait scandale en développant la thèse de l’instinct polygamique de l’homme et en préconisant l’expérience sexuelle pour les jeunes filles avant le mariage. Cette vie, somme toute très agréable, prend fin en août 1914. L’attentat de Sarajevo avait été occulté à Paris par le procès de Madame Caillaux. L’ultimatum autrichien à la Serbie du 23 juillet provoque la guerre. 

Jaurès se rend à une réunion d’urgence, à Bruxelles, de l’Union Internationale Socialiste. Blum l’accompagne à la Gare du Nord. C’est la dernière fois qu’il verra Jaurès. A son retour de Bruxelles, le 31 juillet, Jaurès passe sa journée à L'Humanité avant d’aller prendre un verre au Café du Croissant. A 21 h 40, il est assassiné à bout portant. Blum se précipite chez les Jaurès où le corps du tribun a été ramené. Il éprouve un immense chagrin. C’est son maître en politique qui vient de mourir.

1914 : pour la première fois, Blum est associé au pouvoir 

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Léon Blum a 42 ans. Il n’est pas mobilisable mais il souhaite servir. Il va le faire au sein du gouvernement d’Union Nationale de René Viviani. Blum est chef de cabinet d’un des deux ministres socialistes du gouvernement, Marcel Sembat, chargé des Travaux Publics. Blum y reste de 1914 à 1916. Ce ministère est un ministère clé. L’intelligence, les capacités d’organisateur et les connaissances juridiques de Léon Blum lui permettent de s’imposer. Il s’attaque à la reconversion des usines civiles à des fins militaires. Il le fait avec une grande efficacité. En 1916, il réintègre le Conseil d'Etat et se replonge aussi dans la vie du Parti Socialiste.

En 1919, il est chargé de rédiger le programme d’action du Parti Socialiste. Cette même année, Blum est élu député de la Seine. Il entre définitivement en politique. Ses fonctions parlementaires étant incompatibles avec celles de Conseiller d’État,il s’inscrit au barreau. En quelques mois, il devient l’avocat civiliste le plus réputé de Paris. Il va gagner beaucoup d’argent, éternel paradoxe du socialisme engagé ! Cela ne le dérange pas du tout. 

Le Congrès de Tours : un grand tournant

Le grand tournant de sa vie politique va être le Congrès de Tours. Il débute le 25 décembre 1920 : pour les congressistes laïcs, Noël ne compte pas ! C’est la rupture : Blum est une des vedettes de la minorité hostile aux bolchéviques. Après avoir vainement essayé de maintenir l’unité du Parti, lui qui était simplement secrétaire du groupe parlementaire socialiste devient le chef, incontesté, du Parti Socialiste minoritaire. 

Son paradoxe est d’être devenu chef de Parti sans avoir jamais été réellement un militant. Il n’a que peu de contacts avec le monde ouvrier. Et surtout, ses scrupules lui interdisent toujours les compromissions parfois nécessaires à l’action. Il est battu aux élections de 1928 mais fera quand même son retour à la Chambre des Députés lors d’une élection partielle en 1929 : il est élu député de Narbonne et le restera jusqu’en 1940. 

Dès 1924, lors de la formation du Cartel des Gauches, il oriente le Parti Socialiste vers la collaboration avec les radicaux. Mais jusqu’en 1936, il la limite à un soutien sans participation au gouvernement. Sa vie privée change elle aussi. Sa femme Lise meurt en 1931. Il se remarie deux ans plus tard avec Thérèse Pereyra. Il la connaît depuis longtemps. Elle fait partie d’un groupe de musiciens et de peintres auxquels Blum aime se mêler. Thérèse a beaucoup d’esprit, d’entrain et de gaieté. Il est très amoureux d’elle. Le couple s’installe dans l'Île Saint-Louis. Léon Blum sera parfaitement heureux avec elle jusqu’à ce que Thérèse soit emportée, en 1938, par un cancer généralisé. Mais entre-temps, la carrière de Léon Blum a atteint des sommets.

Le chef du gouvernement du Front Populaire 

En mai 1936, l’alliance des socialistes et des radicaux remporte les élections. Léon Blum devient chef du gouvernement du Front Populaire. Il met en oeuvre d’importantes réformes économiques et sociales : l’institution des Congés Payés le 8 juin et de la semaine de 40 heures le 12 juin. Le gouvernement impose le contrôle direct de l'Etat sur la Banque de France le 24 juillet et la nationalisation des grandes usines d’armement le 11 août. 

Cependant, la situation financière est désastreuse. Blum est contraint de procéder à une dévaluation du franc. En février 1937, il annonce une pause sociale. Le début de la guerre d’Espagne jette le trouble dans le Front Populaire. Blum est partisan de la neutralité à l’égard de l’Espagne alors qu’une partie de ses amis souhaite qu’on apporte une aide financière et militaire aux républicains. Le Royaume-Uni fait savoir qu’il ne l'acceptera pas : cela pourrait remettre en cause son alliance avec la France. L'Allemagne et l'Italie soutiennent Franco et les nationalistes, l’URSS soutient les républicains. 

En France, le Front Populaire se disloque. Dans la nuit du 20 au 21 juin 1937, Léon Blum démissionne. Il revient au gouvernement de mars à avril 1938 avant de se retirer du pouvoir. Il est simple parlementaire et refusera de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en juillet 1940, comme je vous l’ai dit au début de ce récit.

La fin du cauchemar et un bref retour au pouvoir 

A Buchenwald, Léon Blum écrit beaucoup. Il s’astreint à des dialogues avec son épouse. De ces dialogues vont naître des notes qui formeront une suite et seront publiées sous le titre "A l’échelle humaine". Un matin de juillet 1944, la Gestapo vient extraire Georges Mandel du baraquement où ils cohabitent depuis des mois. Ils ne savent pas encore que Mandel sera ramené en France où la Milice l’assassinera dans la forêt de Fontainebleau. Léon et Jeanne raconteront ce qu’ils soupçonnaient sans réellement l’appréhender. Ecoutons Léon Blum : " C’est aussi la rigueur de cette clôture qui explique un fait à première vue incompréhensible, je veux dire notre ignorance si longtemps prolongée sur les horreurs indicibles qui se perpétraient à quelques centaines de mètres de nous. Le premier indice que nous avons surpris est l’étrange odeur qui nous parvenait souvent le soir, par les fenêtres ouvertes, et qui nous obsédaient la nuit toute entière quand le vent continuait à souffler dans la même direction : c’était l’odeur des fours crématoires ".

Le 1er avril 1945, un officier allemand les prévient qu’ils vont partir dans l’après-midi en voiture. Ils font partie d’un convoi qui traverse Weimar, puis Ratisbonne avant d’arriver à Dachau. Puis ils gagnent Munich et prennent la route d’Innsbruck, en Autriche. Par la route du Brenner, ils se retrouvent en Italie. Un officier allemand se présente et leur dit qu’ils sont désormais sous la caution de l’honneur militaire de la Wehrmacht. Léon Blum et sa femme sont sauvés. Ils sont récupérés par les Américains. Le mardi 8 mai 1945, jour de l’Armistice, un appareil de l’US Air Force les transporte à Naples, au QG britannique du général Alexander. Ils seront soignés et logés pendant quelques jours avant de regagner paris le 14 mai.

Ils reprennent vie à Paris. Le général de Gaulle propose à Léon Blum un ministère d'État. Il le refuse. Fin 1946, à la demande de Vincent Auriol, Léon Blum forme un gouvernement socialiste homogène qui ne sera qu’un cabinet de transition d’un mois, avant l’élection de Vincent Auriol Président de la République. Léon Blum restera l’homme des congés payés et des 40 heures et le principal inspirateur du socialisme français. S’il n’a plus des responsabilités politiques, il restera intellectuellement très actif jusqu’à la fin, notamment avec ses éditoriaux dans Le Populaire. Il s’éteint dans sa maison de Jouy-en-Josas le 30 mars 1950.

 

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"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio

Auteur et présentation : Jean des Cars 

Cheffe de projet : Adèle Ponticelli

Réalisation : Guillaume Vasseau

Diffusion et édition : Clémence Olivier

Graphisme : Europe 1 Studio

Bibliographie : Jean Lacouture Léon Blum ( Le Seuil, 1977, réédition 1979)

 

 

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