Chaque matin, Franck Ferrand nous fait revivre l'histoire à travers les événements qui ont marqué la date du jour.
A quel 12 février vous a déposé votre machine à remonter le temps, Franck ?
Le 12 février 1915, le jour où un certain Lucien Bersot est condamné à mort. Son crime : avoir refusé de porter un certain pantalon. 1915, on est en pleine Première Guerre mondiale, à Fontenoy, dans l’Aisne. Il fait froid en cet hiver 1915, les combats font rage et le soldat Bersot grelotte. Et pour cause : il ne porte qu’un pantalon en lin blanc. On appelle cela un « bourgeron », c’est un vêtement destiné à être porté à l’intérieur, dans les casernes. Seulement voilà : lors de son arrivée, il n’y avait plus de pantalon de laine rouge, le fameux « pantalon garance » du premier uniforme de nos Poilus. Lucien Bersot en demande donc un à son supérieur qui lui propose un pantalon trouvé sur un cadavre, et maculé de sang. Bersot refuse de le porter, ce qui peut se comprendre. Mais le lieutenant André, son supérieur, prend ce refus pour un acte d’insubordination. Il punit Bersot de huit jours de prison ! Sept de ses amis tentent alors de raisonner les officiers. Un beau geste, mais qui va aggraver la situation : tout cela sent la mutinerie. En ce 12 février 1915, Lucien est donc jugé et condamné à mort, pour l’exemple ! Le lendemain, à 6h30 du matin, Lucien est conduit devant le peloton d’exécution. Il aura juste le temps de crier le nom de sa femme et de sa fille ; puis il s’effondre.
« Fusillé pour l’exemple » L’exemple des injustices de la guerre.
Maigre consolation pour sa famille : il sera réhabilité en 1922. Son histoire, beaucoup plus tard, sera adaptée pour la télévision par Yves Boisset, sous le titre «Le pantalon» - un pantalon rouge qui d’ailleurs a vite été abandonné au profit de tenues plus discrètes.