Chaque matin, Franck Ferrand nous fait revivre l'histoire à travers les évènements qui ont marqué la date du jour.
Nous sommes le 12 mai 2017, mais en quel 12 mai partons-nous ?
Le 12 mai 1776, le jour de la démission du ministre des finances, Anne Robert Turgot. Enfin, démission… Il n’a pas vraiment eu le choix. Disons que le roi, Louis XVI, lui a demandé de partir de lui-même.
Et pour quel crime ?
Crime de libéralisme ! Turgot fait partie de ceux que l’on appelle les « physiocrates », les premiers libéraux du point de vue économique, les premiers à penser qu’il vaut mieux ouvrir les frontières et favoriser les échanges plutôt que de dresser des frontière et de contrôler l’économie. Leur devise ? "Laissez faire, laissez passer". Une idée très répandue aujourd’hui mais qui, à l’époque, était très audacieuse ! 1776 : c’est l’année où Adam Smith publie ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, la bible des libéraux en tous genres.
Pourquoi Turgot démissionne-t-il ? Il a déclenché une crise économique ?
Quand il est arrivé à son poste, deux ans plus tôt, le royaume était au bord de la faillite. Il a commencé par juguler les dépenses de la Maison du Roi, c’est-à-dire les abus de la Cour ! Puis c’est le peuple qui s’est rebiffé, quand Turgot a choisi d’ouvrir les frontières intérieures, territoriale, pour permettre la libre circulation du grain. Le bruit a couru que cette action entrainerait des famines en cascade, bruits et rumeurs entretenus par les spéculateurs qui avaient intérêt à voir perdurer l’ancien système. En économie, il faut toujours se demander d’où sont parties les rumeurs. Des émeutes éclatent, c’est la "guerre des farines". Ajoutez à cela le mécontentement des grands propriétaires, nouvellement taxés : le ministre déplait à tous. Ce 12 mai 1776, on le remercie gentiment. Dans une lettre au roi rédigée quelques semaines plus tôt, Turgot écrivait : "N’oubliez pas, Sire, que c’est la faiblesse qui a mis la tête de Charles Ier sur un billot". L’histoire lui donnera raison.