Chaque matin, Franck Ferrand nous fait revivre l'histoire à travers les évènements qui ont marqué la date du jour.
Nous sommes le 6 février 2017, mais en quel 6 février partons-nous ?
Le 6 février 1945, où l’on exécute un écrivain de 35 ans, Robert Brasillach. Après la Libération est en effet venu le temps de l’épuration, celui de la chasse aux "collabos".
De quoi accuse-t-on Brasillach, précisément ?
Avant tout d’avoir été rédacteur-en-chef de Je suis partout, journal collaborationniste et antisémite. Brasillach était depuis longtemps à l’extrême-droite ; dès les années 30, il écrivait dans L’Action française. Ce qui ne veut pas dire qu’il ait admiré Hitler. Ayant lu Mein Kampf, il avait même écrit que c’était le "summum du crétinisme excité" !
Pourtant, il va s’y rallier ?
Disons que Brasillach a prôné un "fascisme à la française". Donc, en septembre 1944, apprenant que sa mère a été arrêtée, il se constitue prisonnier pour la faire libérer. Poursuivi pour intelligence avec l’ennemi, il est incarcéré à Fresnes, jugé dès janvier 1945. Six heures de procès et 20 minutes de délibéré, débouchant sur une condamnation à mort. Seulement Robert Brasillach est un intellectuel marquant de sa génération ! Camus, Cocteau, Anouilh, entre autres, vont signer une pétition pour demander sa grâce, ne serait-ce qu’au nom du talent. Le 3 février, le général de Gaulle a dit même à Mauriac : "Mais non, on ne fusillera pas Brasillach !". Et pourtant, deux jours après, le jeune écrivain est exécuté au fort de Montrouge. Que s’est-il passé ? On a dit que De Gaulle aurait vu une photo d’un homme en uniforme allemand qu’il avait pris pour Brasillach, alors qu’en fait, c’était Doriot. Il me semble, plus simplement, que cette condamnation allait dans le sens de l’histoire.