Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse au parti Les Républicains qui organise ce mardi une convention nationale sur l’économie qui doit jeter les premières bases d’un programme pour la prochaine présidentielle.
Le parti Les Républicains organise aujourd’hui une convention nationale sur l’économie qui doit jeter les premières bases d’un programme pour la prochaine présidentielle.
Mais qu’arrive-t-il aux Républicains ? Faut-il qu’ils aient perdu tous leurs repères pour en être réduits à promettre aux Français un programme économique et social aussi "grotesque", comme me le disait ce lundi un ancien ministre de Bercy ? Ah, bien sûr, il est conçu tout exprès pour séduire. Par exemple, Guillaume Peltier, le numéro 2 du parti qui a piloté ce travail, le proclame haut et fort : "en cas de victoire, tous les salaires nets seront augmentés de 5%".
Ce n’est pas une bonne idée ?
Chacun pensera sûrement que oui, pour ce qui le concerne, c’est une idée lumineuse. Mais attention, cette hausse de salaire promise à tous sera (serait) obtenue via une baisse de la CSG. Autrement dit, c’est sur les fonds destinés à faire vivre la Sécu et le modèle social français que les augmentations de salaires seraient financées. Pas sûr que ce deal soit gagnant. Et puis surtout, il n’est pas dit un seul mot sur les économies nécessaires pour financer cette mécanique. Le mot "dépense publique" n’est même pas prononcé, comme si ce n’était pas un sujet. On sait pourtant qu’avec le Covid et le "quoi qu’il en coûte", elles ont explosé. On sait que le rythme actuel n’est pas tenable longtemps. Même la majorité actuelle commence à l’admettre, et laisse monter le débat sur le "comment rembourser, comment inverser la tendance", alors que c’est un sujet politiquement très dangereux pour le pouvoir actuel.
Les Républicains promettent pourtant de "réconcilier les entrepreneurs et les travailleurs".
Ce sont des mots. Alors, ce qui est vrai, c’est qu’il y a, dans les promesses des Républicains, une véritable mise en avant de la valeur travail, celle que la gauche a fini par abandonner. Mais dès qu’on entre dans le concret, plus rien ! Pas une seule allusion au problème de l’âge de la retraite, qui est pourtant comme un éléphant dans la pièce.
Une expression typiquement anglaise pour désigner un sujet incontournable.
Et, décider de contourner ce sujet de l’âge de la retraite pour les cinq ans qui viennent, ce n’est pas être responsable. C’est faire du populisme. C’est le contresens majeur fait par cette frange des Républicains qui a pris en main la construction d’une doctrine du parti. Ils pensent, et ils ont raison, que la droite ne reviendra au pouvoir que si elle est populaire. Mais être populaire, ce n’est pas aller au-devant des désirs du peuple ou les flatter (ça, c’est du populisme). Être populaire, c’est être compris et approuvé du plus grand nombre, même lorsqu’il faut défendre des mesures difficiles.
Ce pré-programme sera celui du prochain candidat LR à la présidentielle ?
En fait, le candidat comme à chaque fois, imposera son propre programme. Quant à savoir qui ce sera, c’est une autre histoire. Pour une fois, à droite, le programme essaye de précéder le candidat. On ne sait pas si c’est bon signe.