Abandon de la proportionnelle pour les législatives : le quinquennat est-il terminé ?

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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse à l'abandon de la proportionnelle pour les législatives malgré la promesse d'Emmanuel Macron durant sa campagne.

C’est maintenant une certitude, le mode de scrutin pour les prochaines élections législatives ne sera pas modifié.

C’était pourtant une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Il s’était engagé à faire trois réformes institutionnelles : limiter à trois dans le temps le cumul de mandat ; réduire d’un tiers le nombre de parlementaires, et instaurer la proportionnelle pour l’élection des députés. Avec ce dernier renoncement, ça fait trois promesses et trois de chute.

Pourquoi ?

Problème de temps et problème d’opportunité aussi. D’abord, le temps manque. Pour passer à la proportionnelle, il faudrait voter une loi après examen du projet par une Commission de contrôle du découpage électoral, et tout ça avant le printemps puisqu’il est interdit de toucher à un mode électoral moins d’un an avant l’échéance. Ça veut dire techniquement qu’il ne reste qu’une dizaine de jours, tout au plus. Or rien n’est prêt. Et puis, comme le confie Jean Castex en petit comité, si le gouvernement sortait ce projet actuellement, il serait accusé de "hors-solisme", autrement dit de décalage.

Ce n’est pas opportun, donc. Est-ce que c’est un problème pour Emmanuel Macron ?

C’est toujours un problème de ne pas tenir ses promesses électorales, même s’il peut à bon droit accuser le Covid d’avoir fracassé son calendrier de réformes. Mais c’est sur le plan politique que le chef de l’État peut avoir des regrets. Cette proportionnelle, c’était le dada de François Bayrou et du MoDem, qui vont être déçus. C’était aussi une forme d’assurance pour l’avenir qui s’estompe. La proportionnelle c’est un moyen assez sûr de mettre en place des coalitions parlementaires. Et pour un Président qui, si il est réélu, n’a que peu de chances de retrouver une majorité parlementaire écrasante, la coalition, c’était une carte à jouer.

Et puis, c’est comme un signe noir qui frappe une nouvelle fois toute velléité de transformer la démocratie. Dans une France qui se sent trop souvent mal représentée, mal défendue, la proportionnelle, c’était l’assurance d’une plus grande diversité. Le Grand débat n’a pas produit grand-chose ; la Convention citoyenne est partie en vrille sur une vision doctrinaire du climat ; un comité Théodule sans aucune légitimité ni pouvoir a été chargé de suivre la vaccination. Décidément, nouer le dialogue en direct avec le peuple ou avec ses vrais représentants, c’est compliqué.