Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il s'intéresse au début de la vaccination pour les plus de 75 ans et pour les personnes à hauts risques souffrant de pathologie chronique. Alors que la population semblait réticente à se faire vacciner, il semblerait désormais que la demande soit bien plus importante que prévue. La campagne de vaccination va enfin pouvoir démarrer.
La vaccination dite "grand public" démarre ce lundi sur tout le territoire, en commençant par les plus de 75 ans et les personnes plus jeunes qui souffrent de maladie grave.
Oui, et il était temps. Le choix stratégique du gouvernement de réserver la première phase de vaccination aux résidents en Ehpad, puis d’élargir aux seuls personnels médicaux de plus de 50 ans, ce choix était trop restrictif pour tenir très longtemps. Surtout avec l’apparition de variants toujours plus menaçants, venant de toutes les régions du globe. C’est devenu une évidence : notre seule chance collective de limiter le nombre de victimes et de reprendre une vie normale, c’est le vaccin.
Pourquoi est-ce que ça a été si long à s’imposer ?
Lorsque ses interlocuteurs posent la question à Jean Castex, qui connaît très bien cet univers de la santé, le Premier ministre livre cette explication : "le ministère de la Santé est une administration de soin, il ne sait pas faire de prévention. Et comme l’administration française est plutôt du genre diesel, ajoute-t-il, ça démarre lentement, mais une fois que c’est lancé, ça tourne". Bon, voilà, il semble que cette fois, ce soit enfin lancé, et que ça devrait tourner.
Olivier Véran parle de quatre millions de personnes vaccinées fin Février.
Absolument. Depuis la fin de la semaine dernière, on a eu un retournement complet de situation. Les candidats à la vaccination se manifestent par centaines de milliers (un demi-million sur la seule journée de vendredi). Là où on entendait surtout les anti-vaccins, depuis des semaines, on voit maintenant la foule de ceux qui veulent se faire vacciner le plus vite possible. C’est une mécanique très simple, en marketing : le testimonial, faire parler les gens, donner la parole à celui ou celle qui a testé. C’est beaucoup plus persuasif que n’importe quel discours politique.
D’ailleurs, dans les sondages, les pro-vax sont redevenus majoritaires. Est-ce que ça veut dire que la partie est gagnée pour le gouvernement ?
Sur le plan politique, c’est sûrement la première fois depuis le début de cette séquence ratée sur la vaccination que la pression va pouvoir retomber. On a désormais plus de 800 centres de vaccination ouverts sur tout le pays, les publics autorisés à se faire vacciner vont progressivement s’élargir et le gouvernement va pouvoir marteler un message général d’accélération, et non plus de restriction de la campagne. Le seul risque c’est que les labos ne puissent pas livrer suffisamment de doses. Mais là, ce ne sera plus de la responsabilité des pouvoirs publics, mais de la mécanique mise en place au niveau de l’Europe pour commander et répartir les vaccins. Restera pour plus tard une grande question : un pays qui a dépensé plus de 450 milliards d’euros en soutien d’une économie ruinée par le virus n’aurait-il pas mieux fait de payer plus cher pour arracher plus vite davantage de vaccins ? Autrement dit, pour faire davantage de prévention que de soin ?