Le Conseil européen qui se déroulera ce vendredi en visio-conférence ne devrait pas bloquer le projet de plan de relance européen de 750 milliards d’euros, et en particulier son volet endettement de 500 milliards mutualisé entre tous les pays, une grande première dans l’histoire de l’Union européenne.
Le Conseil européen qui va débuter dans quelques heures sera le premier depuis que la France et l’Allemagne ont lancé leur spectaculaire projet de dette commune.
C’est bientôt le week-end et, comme pour la météo, on a envie de bonnes nouvelles. Le Conseil des 27 qui se déroulera ce vendredi en visio-conférence ne devrait pas bloquer le projet de plan de relance européen de 750 milliards d’euros, et en particulier son volet endettement de 500 milliards mutualisé entre tous les pays, une grande première dans l’histoire de l’Union européenne.
Le Conseil "ne devrait pas bloquer", c’est ça une bonne nouvelle ?
Oui, parce que l’on a en mémoire les réactions des pays les plus vertueux de l’Europe du Nord (on les appelle, selon qu’on les admire ou qu’on les craint, les frugaux ou les radins). Ces pays, bien gérés sur le plan économique et budgétaire, n’ont jamais accepté l’idée que l’Europe s’endette sur leur réputation, qu’on utilise leur signature pour aider les voisins mal gérés. Et après l’annonce surprise du plan Macron-Merkel, leurs réactions avaient été virulentes. Elles se sont finalement nettement adoucies.
Sous l’influence de quoi ? Ou plutôt de qui ?
D’abord du couple Macron-Merkel. Comme le dit le chef de l’Etat en privé, vu la force de conviction que représentent ensemble la France et l’Allemagne, ce n’est pas simple de bloquer. D’ailleurs à l’Elysée, on affirme qu’on n’hésitera pas à faire pression sur les réfractaires en liant ce plan de relance avec l’adoption du budget communautaire. Et pas de budget, ça signifie pas de fonds européens pour ces petits pays qui en dépendent largement. Premier argument, assez convaincant, je vous l’assure. Ajoutez à cela l’engagement personnel d’Angela Merkel, qui a l’énergie et la foi du converti (elle était historiquement hostile à ce fameux emprunt mutuel). Elle va prendre dans quelques jours la présidence de l’Europe, pour six mois. Ce sera la dernière fois de son immense carrière. Elle n’a aucune intention de rater ce moment. Et elle veut aller vite.
Vite, c’est-à-dire ?
Une signature avant fin juillet. Parce qu’il ne faut pas que la relance tarde trop (laisser l’économie se dégrader trop longtemps, ce serait gâcher des centaines de milliards d’euros). C’est jouable. On pourra alors dire que la crise du Coronavirus aura poussé l’Europe à se réinventer en profondeur.
En profondeur ? Parce qu’il y a d’autres bonnes nouvelles ?
Oui, l’Europe a fait un revirement spectaculaire sur la protection de ses propres forces, de son propre territoire. C’est l’autre bascule inattendue effectuée par les 27 ces dernières semaines. Fini, la naïveté, fini l’angélisme vis-à-vis de nos concurrents commerciaux ou des pays qui voudraient faire leur marché sur le continent (la Chine en particulier). Une nouvelle doctrine, plus protectrice, a été mise en place (et là aussi, le changement de position de l’Allemagne a compté). On se protège, on se renforce. Oui, bonnes nouvelles…