Coronavirus : le gouvernement mise sur le sens des responsabilités des Français pour éviter le reconfinement

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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il revient sur la stratégie du gouvernement face au risque de seconde vague de Coronavirus en France. L'exécutif souhaite faire appel au sens de responsabilité des Français pour éviter tout reconfinement.

Les signaux indiquant que l’épidémie de Coronavirus accélère n’ont cessé de se multiplier depuis quelques jours.

Avec en particulier un chiffre redoutable. Si le nombre de personnes testées a été multiplié par deux depuis juillet, le nombre de cas détectés a été multiplié par 12 selon l’agence Santé Publique France. Une réalité qui nous place tous, et le gouvernement en particulier, dans une situation très délicate. Pour les Français, c’est la crainte de voir ressurgir la menace au stade où elle en était à Pâques dernier. Au moment où démarre le plan de relance de l’économie, ça risque d’avoir un effet paralysant ravageur. Car, dans ce cas, pas de reprise de la consommation et pas de dégonflement des bas de laine (les fameux 85 ou 100 milliards économisés par les épargnants pendant le confinement). Et puis pour les chefs d’entreprise, c’est le risque d’un coup de frein sur l’emploi et d’un gel des investissements.

Est-ce que ça peut aller jusqu’à faire capoter le plan de relance ?

Clairement, oui. Tout va dépendre d’un facteur-clef, la psychologie, qui est une donnée essentielle, en économie. C’est donc cela qu’il va falloir surveiller et bichonner.

Est-ce que le gouvernement peut agir sur ce facteur psychologique ?

Certainement. D’abord, il doit redire qu’un nouveau confinement brutal et total est exclu. On est censé avoir, beaucoup plus qu’il y a six mois, les moyens de lutter contre la propagation de la maladie. La seule chose qui fait défaut, c’est cette grotesque appli StopCovid. Mais on a des masques, du gel et des tests. Et puis, même si aucun gouvernement ne pourrait le plaider avec autant de brutalité, nous n’avons plus la possibilité de supporter un nouveau blocus ; nous n’avons plus les moyens d’arbitrer quoi qu’il en coûte pour la santé contre la survie économique et sociale du pays. Il faut donc envisager autre chose.

Par exemple ? Est-ce que les zones rouges, les fermetures anticipées de bars ou le port du masque obligatoire font partie de cette panoplie ?

Absolument. Et c’est précisément là que tout va se jouer. Avec une question-clef : est-ce que le gouvernement est disposé à jouer le local, en adaptant au plus près du terrain les mesures de restrictions qu’il peut prononcer (lui, ou le préfet du coin) ? Ce n’est pas évident, comme on l’a vu à Marseille, ou dans le Bas-Rhin avec l’interdiction totale sans distinction ni de lieu ni de densité de la population, de circuler sans masque. Il fallait faire simple et compréhensible, se défendaient les pouvoirs publics. Il faut garder un espace de liberté, a tranché le Conseil d’État qui a annulé en partie cet arrêté. Voilà bien toute la problématique : les Français sauront-ils faire bon usage d’un espace de liberté, si minime soit-il, qui peut leur être laissé, avec ce que ça peut avoir de positif sur la psychologie collective ? Ou devront-ils à nouveau courber la tête, avoir peur et s’enfermer ? Et là, dégâts assurés.