Coronavirus : les médecins en première ligne dans les décisions politiques

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Le Conseil scientifique se réunit ce matin en présence d’Emmanuel Macron. L’extension de la durée du confinement pourrait être annoncée ensuite…

C’est très probable, en effet. Déjà, Edouard Philippe a durci hier soir certaines dispositions du confinement. Mais c’est ce matin que le nouveau dispositif de combat contre le coronavirus sera validé et annoncé. Par Emmanuel Macron, sur avis des scientifiques. C’est une constante, dans la gestion de cette crise sanitaire, le chef de l’Etat ne fait rien sans l’avis des médecins et des scientifiques…

Vous voulez dire quoi ? Qu’il s’abrite derrière les médecins ?

On peut le dire comme ça, oui. Mais on peut dire aussi (et c’est très différent) qu’il s’appuie sur les médecins. Au fond, la question que vous posez en creux, Mathieu, c’est : qui décide ? Le président de la République ou les médecins ? Et c’est vrai que depuis le début de la crise, les médecins occupent largement le devant de la scène. On les voit sur tous les plateaux de télé, on les entend à la radio, tous les matins, ici même. Ce sont eux qui façonnent désormais l’opinion publique.

Et ce sont les politiques qui suivent….

En fait, ce qui complique tout, c’est la méconnaissance à peu près totale que le monde de la science a de cette maladie. Entre la banale « grippette » du début, et la pandémie dévastatrice aujourd’hui, on a eu droit, de la part des mêmes, à tous les stades de la mise en alerte. Et évidemment, les politiques ont été obligés de suivre, de se caler sur cette vision évolutive de la science…

Ce qui veut donc dire que ce n’est plus le politique qui décide ?

Plus vraiment, enfin… plus seulement. C’est vrai que dans l’absolu, les médecins ne sont pas en charge de l’intérêt général de la Nation, et que la décision politique devrait rester aux politiques. Mais lorsqu’Emmanuel Macron affirme qu’il « veut nourrir ses décisions de l’expertise scientifique », c’est impossible de lui donner tort. Il reste d’ailleurs, pour chaque politique, une part de liberté de décision. Il suffit par exemple de comparer la manière dont les Italiens ont réagi (ils ont démarré trop tard), celle adoptée par les Espagnols (un gouvernement qui s’est montré désinvolte), ou encore le pari de Boris Johnson qui, avant de confiner son pays, avait fait un choix inverse du nôtre en Grande-Bretagne : celui d’accepter que l’épidémie se propage, parce que c’est comme cela que la population finira par être immunisée.

Oui, c’est la thèse de certains médecins, pour éviter par exemple un rebond du virus lorsqu’on sortira du confinement…

Exactement. On voit bien, justement, que plusieurs avis peuvent s’affronter (et s’affrontent probablement au sein du Conseil Scientifique), et que donc, à la fin, c’est au politique de trancher. Mais il ne peut plus le faire, seul, sans s’entourer de spécialistes. La matière est trop complexe, et de façon générale, gouverner un pays moderne est devenu trop complexe.

Et puis, qu’il le veuille ou non, et même si la décision est largement orientée par les scientifiques, à la fin, c’est toujours le politique qui doit assumer et rendre des comptes au pays.