Après trois semaines de confinement, l'exécutif se prépare au déconfinement de la population. Un exercice complexe, qui provoque quelques hésitations au plus haut sommet de l'Etat. "Le déconfinement est beaucoup plus difficile à organiser que le confinement", explique Nicolas Beytout.
Trois semaines, jour pour jour, après le début du confinement, on voit maintenant se bousculer les hésitations sur le déconfinement.
Parler déconfinement, c’est la conséquence logique de cette sorte de palier qu’on a pu observer depuis maintenant plusieurs jours dans l’évolution de l’épidémie. Bien sûr, tous les indicateurs restent au rouge, mais on note une stabilisation (voire une légère décrue) des entrées de malades en réanimation, et une baisse du nombre de morts quotidiens à l’hôpital. Ce qui a amené Martin Hirsch, le patron de l’APHP, les hôpitaux de Paris, à parler de la sortie du confinement.
Oui, il a expliqué que le confinement allait probablement évoluer pour devenir, je le cite : "plus subtil".
Voilà, et tout le monde a noté qu’il ne parle pas de déconfinement mais de confinement plus subtil. C’est comme si on expliquait à un prisonnier non pas qu’il aurait droit une libération conditionnelle mais que son enfermement allait devenir plus subtil. La réalité, c’est que cette formule traduit bien l’embarras du gouvernement et des autorités médicales pour aborder cette période.
Le déconfinement, c’est beaucoup plus difficile à organiser que le confinement. Tout dépendra d’abord du nombre de masques et des tests disponibles. Ensuite, des statuts différents pourront être créés selon l’âge, la région de résidence, le fait d’avoir été ou pas touché par le virus.
Bon, ce sera subtil. Sauf que pour l’instant, on entre dans une quatrième semaine de confinement. Et je devrais dire : une quatrième semaine au moins.
Exactement, d’où l’embarras du gouvernement, avec des messages qui, selon les jours, varient sensiblement. Le spécialiste de cette communication à géométrie variable, c’est Christophe Castaner. A la veille des premiers départs en vacances de Pâques, le ministre de l’Intérieur menaçait, faisait les gros yeux, promettait aux briseurs de confinement de leur faire faire demi-tour au péage, bref, il jouait le flic de base en s’enorgueillissant du nombre formidable de contraventions que ses forces de l’ordre avaient dressé.
Et au lendemain du weekend, il expliquait au contraire que les Français "faisaient partie de ceux qui respectent le mieux le confinement". Si c’était pour féliciter ses troupes d’avoir bien travaillé, Christophe Castaner aurait pu choisir quelque chose de moins infantilisant.
Est-ce que ce n’est pas la figure classique de la carotte et du bâton ?
Si, bien sûr. Mais du coup, je ne trouve pas que ce soit très subtil. Donc, une nouvelle fois, c’est vers Emmanuel Macron, et vers Edouard Philippe qu’il faudra se tourner. Il y a eu le ratage sur les masques (pas utiles, pas faciles à porter, réservés aux soignants puis enfin progressivement conseillés à tout le monde). Il y a eu le ratage sur les tests (la mobilisation de tous les moyens de fabrication et de dépistage en France a été laborieuse). La gestion politique du déconfinement sera le prochain défi : comment éviter le relâchement chez les Français, comment les libérer du confinement en bon ordre, comment relancer la machine économique ? Ce sont les prochains 18 mois qui vont se jouer là.