Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse à la division des écologistes qui rajoute une épine supplémentaire dans le pied de la gauche à un an de la prochaine présidentielle.
Un nouveau sommet de la gauche s’est tenu ce lundi à Paris, toujours avec le projet d’organiser un rassemblement de la gauche.
Oui, et tout ça dans la perspective de 2022. La vérité oblige à dire que, pour un sommet, on était plus près des Monts d’Auvergne que de l’Himalaya. Pas vraiment une réunion pour l’histoire, donc. Même chose en ce qui concerne les participants : il ne s’agissait pas vraiment des premiers de cordée, pas de chef de parti ni de leader national.
Parce qu’ils n’y croient pas ?
Il y a un peu de ça, oui. Et puis, on en est encore aux travaux préparatoires. Ce n’est que la deuxième fois que cette réunion se tient, le chemin est encore long. Et puis à gauche, il y a ceux qui ne veulent pas d’union maintenant, et ceux qui n’en veulent pas du tout. Parmi ceux-ci, Jean-Luc Mélenchon, toujours vindicatif à l’égard de ses camarades de la gauche et hostile à tout ce qui pourrait l’empêcher d’être, une dernière fois, candidat à l’Élysée.
Il y avait pourtant un député de La France Insoumise à cette réunion.
Exact. Parce que, dans ce genre de course de lenteur vers une très hypothétique union, il ne faut surtout pas être celui qui fait échouer l’accord. Jean-Luc Mélenchon n’arrête pas de pester contre les socialistes et de se méfier des Verts, mais il veut rester dans le jeu.
Et ceux qui n’en veulent pas maintenant, qui sont-ils ?
Les écolos. Ou plutôt, les membres d’Europe-Ecologie les Verts. Leur raisonnement est simple : rien ne presse avant les élections régionales où ils espèrent rééditer le succès des municipales de l’an dernier. Ça leur permettrait de prendre un ascendant sur le reste de la gauche, les socialistes en particulier. Et puis, ils misent tout sur l’organisation, après l’été, d’une primaire interne pour désigner leur candidat. Là où tout se complique, c’est que l’initiateur de ces réunions à la recherche d’un rassemblement des gauches, n’est autre que Yannick Jadot, le député européen et potentiel candidat des Verts à la présidentielle. Il veut bousculer le calendrier, accélérer le processus, en pariant que les sondages suffiront à établir son leadership face aux autres candidats de son parti.
Mais tous ces jeux de personnes et ces astuces de calendrier cachent en fait une nette divergence de ligne entre la direction d’EELV d’un côté et Yannick Jadot de l’autre, réputé plus modéré. D’un côté des militants très à gauche, et de l’autre un candidat ressemblant aux Verts allemands, c’est-à-dire à des écolos de gouvernement. C’est ce qui rend quasi-impossible cette recherche d’une union des gauches. Aux désaccords entre partis, il faut ajouter les fractures à l’intérieur d’un même parti. L’union des gauche, il n’est pas nécessaire de l’espérer pour l’entreprendre.