Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il s'intéresse aux difficultés du gouvernement à trancher la question de la fermeture des écoles face à l'accélération de la troisième vague. Selon lui, au-delà de l'enseignement, il est également question d'économie.
Ce sera à coup sûr le sujet de la semaine, dans la lutte contre le Covid : faut-il ou pas fermer les écoles ?
Un débat qui monte à la vitesse ou se propage le variant anglais. On connaît la position du gouvernement. Depuis le premier déconfinement, elle n’a pas changé : "L’école, dit Jean-Michel Blanquer, c’est ce qu’on doit fermer en dernier". Et ce week-end, Emmanuel Macron a confié au Journal du Dimanche qu’il faisait "tout pour renforcer les protocoles sanitaires afin de maintenir les écoles ouvertes".
Ce qui ne l’a pas empêché de dire dans le même entretien que "la fermeture complète des écoles ne saurait être un tabou".
"mais, ajoutait-il dans la foulée, elle doit demeurer un dernier recours". Ce balancement entre "non mais" et "oui peut-être" est typique de l’incertitude générale sur le rôle effectif de l’école dans l’accélération de la propagation du virus. Comme sur à peu près tous les points, la communauté scientifique a varié de position, depuis le début de l’épidémie il y a un an. Et lorsque Valérie Pécresse, la présidente de la région IDF demande la fermeture des classes jusqu’aux vacances de Pâques dans 15 jours, elle s’entend répondre par le ministre de l’Education que l’école "n’est pas la mère de tous les maux".
Donc ça ne changera pas ? Pas de fermeture anticipée ?
Pas sûr, non. Vous avez d’un côté la détermination du gouvernement, qui s’appuie sur un argument social (fermer les écoles, c’est une source de creusement des inégalités, ce qui est vrai). Mais le gouvernement a un autre souci à l’esprit, qu’il ne dévoile jamais celui-là : la fermeture des écoles, ça met l’économie à l’arrêt. Dans un pays où, beaucoup plus qu’en Allemagne par exemple, les deux parents travaillent, école fermée égale parents bloqués. Et c’est encore plus vrai pour les familles mono-parentales. En tout cas, ça fait deux très bonnes raisons pour tenir.
Donc, détermination totale du gouvernement d’un côté et de l’autre.
De l’autre, la montée en puissance du virus, ainsi que la pression des enseignants qui (malgré ce que promet Emmanuel Macron) ne pourront pas être vaccinés d’ici la fin du mois prochain. À chaque semaine son défi. Il y a 15 jours, le reconfinement régional. La semaine dernière c’était les vaccinodromes. Cette fois, c’est l’école avec à la clef, un nouveau pari du chef de l’État. On connaît celui qu’il a tenté fin janvier en refusant de confiner le pays une troisième fois. Un choix aujourd’hui très critiqué, mais pour lequel il affirme n’avoir "aucun mea culpa à faire, aucun remords, aucun constat d’échec". Voici le pari de l’école, avec là aussi une position à peu près unique dans la durée, si on se compare aux autres pays. Un pari audacieux qu’il a maintenant quinze jours pour réussir.