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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il décrypte l’intervention télévisée d’Emmanuel Macron.

On reparle avec Nicolas Beytout de l’intervention télévisée d’Emmanuel Macron.

Et de quatre depuis le début de l’épidémie, mais cette fois, sans lyrisme, sans grandes envolées. Bien sûr, quand on n’a que des bonnes nouvelles à annoncer, inutile de délayer. Et pour une fois, c’est lui (et non pas son Premier ministre, toujours plus réservé sur le déconfinement) qui les dévoilait, ces bonnes nouvelles. Alors, attention, il y a eu quelques arrangements avec la réalité : les performances de la France en matière de lutte contre le Coronavirus ont été largement surestimées par le chef de l’État, et la stratégie de confinement dur a fait de la France le pays qui a le plus plongé dans la récession économique. L’appel à reprendre et à accélérer le retour au travail était donc vraiment indispensable. Mais l’état d’esprit général d’Emmanuel Macron, c’est : se réinventer, oui. Mais s’excuser, non !

Se réinventer : il l’avait déjà dit mi-avril.

Sans préciser vraiment ce que ça signifiait. Cette fois, on n’a toujours pas le détail, mais on comprend que pour lui, se réinventer c’est gouverner autrement. Après les Gilets jaunes, le chef de l’État avait repris la main avec le Grand débat, mais son mode de management n’avait finalement pas changé : du haut vers le bas. Cette fois, il promet d’associer plus largement à la décision, de consulter tout l’été, de faire confiance au terrain.

Mais sans s’excuser ?

Exactement, et c’est frappant. Pas d’excuses sur ses choix politiques de la première partie du quinquennat, sur la baisse des impôts, sur les réformes du marché du travail. Pas d’excuse face à ceux qui le poussent bruyamment à changer de politique : non, il ne renonce pas à dire qu’il faudra travailler plus pour reconstruire, plus pour conquérir un peu plus de souveraineté. Pas d’excuse, c’est-à-dire pas de changement d’axe politique. Une série d’ajouts, bien sûr (l’écologie, les relocalisations "lorsque cela se justifie", l’hôpital, aussi, évidemment). Mais pas de reniement. Et bien sûr, cette fermeté sur les trois premières années du quinquennat lui permettra le moment venu (en 2022) de revendiquer cette partie du bilan qui a été anéantie par l’épidémie.

Et puis, il y a le rappel à l’ordre républicain.

Oui, et là non plus, pas d’excuse, mais au contraire, une grande fermeté dans le soutien aux policiers et aux gendarmes (sans aucune contrepartie, contrairement à ce que les forces de l’ordre avaient entendu de leur ministre de tutelle, Christophe Castaner a été désavoué publiquement). En tout cas, une fermeté bienvenue pour refuser de remettre en cause l’histoire de France, d’en effacer les périodes qui gênent, de céder à la "réécriture haineuse ou fausse du passé". Emmanuel Macron, promet qu’il précisera en juillet ce que sera ce cap pour les deux prochaines années, mais on voit déjà que sur l’économie, sur l’ordre, sur la décentralisation, il ne laissera pas d’espace à la droite. La campagne pour 2022 a vraiment démarré ce dimanche soir à 20 heures.