Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce jeudi, il s'intéresse à la prise de parole d'Emmanuel Macron attendue ce dimanche et qui devrait lancer la "nouvelle étape" du quinquennat.
Emmanuel Macron va s’adresser à la Nation, dimanche soir. Est-ce que ça signifie que son plan pour l’après-Covid est prêt ?
Pas tout à fait, non. Dimanche, il va clôturer un cycle de trois mois, qui avait débuté le 16 mars, celui du confinement. Il va dire que la vie va pouvoir bientôt reprendre, et lancer quelques pistes pour ce qu’on appelle à l’Élysée la "nouvelle étape" du quinquennat. Et c’est entre le second tour des municipales et le 14 juillet que tout sera dévoilé.
Mais on commence à en connaître pas mal, sur ce plan.
Oui, les grands axes. Et d’abord que le chef de l’État ne rayera pas d’un trait de plume les réformes de sa première partie de quinquennat. Il estime que son bilan (croissance, emploi, investissement, attractivité) est bon, et il n’en changera pas. Pas de retour de l’ISF, pas d’impôt nouveau pour qui que ce soit (si la fiscalité avait été une arme contre le virus, alors, dit-on drôlement à l’Élysée, la France n’aurait pas été touchée !) Pas de retour en arrière non plus sur les ordonnances sociales, elles ont aidé à réduire le chômage au plus bas depuis 15 ans. Même chose pour la réforme des retraites qu’on croyait enterrée : le chef de l’État veut relancer l’affaire, et pas sur une version franchement light.
Est-ce que ce n’est pas un épouvantail pour les syndicats ?
Pour certains, oui. Mais Emmanuel Macron promet de donner du temps au temps, d’allonger les délais. C’est le principe qui compte : selon lui, il n’y a pas de mystère, il faudra à l’avenir travailler plus longtemps.
Ça, donc, c’est le principe. Et la méthode ?
C’est là que la nouvelle étape devrait être très différente. À l’Élysée, on parle de proposer un nouveau deal social aux partenaires sociaux. Objectif : amortir la déferlante des plans sociaux en proposant, dans les entreprises, un compromis entre patrons et salariés : pas de licenciements mais du chômage partiel et de la modération salariale, en échange d’une aide de l’État. Le Président, qui en a déjà parlé aux partenaires sociaux, est persuadé que le patronat et quelques syndicats vont toper (pas tous, bien sûr, mais assez pour instaurer un nouvel état d’esprit).
Et s’il n’y a pas d’accord ?
Le doute n’existe pas sur ce point. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’Emmanuel Macron, lorsqu’il évoque la suite du quinquennat et la "nouvelle étape", met en avant deux mots, deux concepts qu’il veut réhabiliter : le couple liberté-responsabilité. Son idée, entre autres, est de lancer une nouvelle phase de décentralisation qui fasse reculer l’État central, qui fasse maigrir l’administration parisienne, qui donne plus de liberté aux gens, et plus de responsabilité, aussi. C’est une façon de renouer avec la trace que le ministre de l’Économie qu’il était, en 2016, avait creusée. Une trace qui s’est perdue dans les crises. Mais qui peut lui donner une occasion de boucler l’histoire du quinquennat.