Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce vendredi, il revient sur la reprise des réformes évoquée par Emmanuel Macron en déplacement dans le Lot.
"Je ne peux pas gérer l’été en pente douce. Je vais devoir prendre des décisions qui vont pour certaines être très difficiles". En quelques mots prononcés ce jeudi lors de son déplacement dans le Lot, Emmanuel Macron a tranché un débat qui divisait sa majorité.
Réformer ou ne pas réformer, that is the question. Depuis plusieurs semaines et depuis que l’on voit une lumière au bout du tunnel Covid, l’Élysée s’est remis à phosphorer sur l’après-crise sanitaire. Avec une question centrale : maintenant que la stratégie de vaccination et le recours au pass sanitaire semblent tranchés et majoritairement acceptés par les Français, le quinquennat peut-il reprendre son cours normal ?
Sauf qu’on n’est plus qu’à 11 mois de la fin de ce quinquennat.
C’est justement le problème ! Que faire de ces 11 petits mois lorsque l’on est à la fois président sortant et candidat à un second mandat ? Comment le chef de l’État doit-il agir aujourd’hui pour que le candidat en profite demain. C’est un sujet qui a agité tous les Présidents sortants, du moins ceux qui se sont représentés. Et très vite, dans l’entourage d’Emmanuel Macron, le débat a opposé ceux qui voulaient reprendre le fil du mandat, retrouver l’esprit réformateur du macronisme et des débuts à l’Élysée, et ceux qui ne voulaient pas relancer de grande réforme, qui craignaient de brusquer une société encore convalescente, une opinion publique fragile et avide de souffler.
Dans le Lot, le Emmanuel Macron a parlé de la réforme des retraites.
Oui, parce que dans sa majorité, le clivage pour ou contre la pause dans les réformes s’est cristallisé autour de cette réforme avortée. Et ça tombe bien parce qu’elle coche deux cases. Premier avantage : elle constitue un marqueur idéal de l’esprit de réforme, et rouvrir ce grand chantier serait le moyen de renouer avec ce pour quoi Emmanuel Macron avait été élu en 2017. Mais, et c’est le deuxième avantage, un des ministres du clan des "bougistes" faisait remarquer à Nicolas Beytout que distribuer des milliards d’euros ne sera jamais crédité au Président. Pour la bonne raison que tout le monde aurait fait la même chose à sa place. Réformer au moment où on sort de la crise, ce n’est plus distribuer un argent qu’on n’a plus, c’est prendre des décisions difficiles. Réformer les retraites, c’est stopper la dérive des comptes publics, c’est enclencher la sortie du "quoi qu’il en coûte". De ce point de vue, c’est le dossier idéal.
Idéal et risqué.
C’est la position de ceux qui préfèrent un immobilisme prudent au mouvement. Emmanuel Macron a tranché, et il a même évoqué l’hypothèse d’une candidature rendue impossible par la relance de ces réformes. C’est une formule, bien sûr, mais c’est une façon de rafraîchir son portrait de Président qui a le goût du risque et de l’audace. Depuis 18 mois, il avait pris un peu la poussière.