Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il s'intéresse aux médecins qui font la tournée des médias pour dire tout et son contraire concernant la pandémie. Certains souhaitent mettre la pression sur l'exécutif mais ne se rendent pas compte que leur parole a un impact direct sur le moral des Français.
Finalement, le troisième confinement attendra…
Avant de prendre sa décision, Emmanuel Macron veut avoir en main les résultats de 15 jours de couvre-feu à 18 heures. C’est donc ce week-end que le compte à rebours sera relancé.
Pour une décision probable la semaine prochaine ?
Exactement. Ce que traduit ce report d’une semaine, c’est à la fois la volonté d’Emmanuel Macron d’être au plus près de la réalité de l’épidémie, et la crainte de voir les Français renâcler face à un troisième confinement. Car le moral de la population est mis à rude épreuve, on oscille entre espoir et désespoir, on passe du vaccin au variant, dans une instabilité permanente. Le chef de l’État a d’ailleurs bien raison de se préoccuper de la psychologie des Français. Parce qu’à la fin, c’est lui qui sera tenu pour responsable, qui devra rendre compte politiquement de ce qu’il aura décidé sur le plan sanitaire. C’est lui, même s’il n’est pas le seul à compter.
Et qui d’autre ? Les médecins ?
Mais oui, les médecins. Ceux qui passent une partie de leur temps dans les médias, matin, midi et soir. Le plus souvent, leur parole est utile. Mais que penser de ceux qui disent blanc un jour, noir le lendemain, qui appellent à un confinement urgent un soir et reconnaissent le lendemain que ça peut attendre ? Que dire de ceux qui exhortent à un blocus total jusqu’à l’été ou même septembre, ou de ceux qui suggèrent maintenant que la victoire sur le virus serait impossible ? Ils ont des doutes, fort bien ; le virus est mutant, dommage. Mais ils devraient se rendre compte, ces médias-médecins aux certitudes changeantes, que le moral des Français est indexé sur leurs avis variants. Et que l’indécision des politiques est soumise à leurs prescriptions aléatoires.
Sauf que dans une crise sanitaire, ça paraît impossible de se passer l’avis des médecins.
C’est impossible. Mais il faut comprendre comment on en est arrivé là. Lors du premier confinement, lorsque Emmanuel Macron a donné la priorité absolue au sanitaire, quoi qu’il en coûte, il a lié ses décisions à l’avis des médecins. Leur parole est alors devenue politique, leurs avis ont motivé des fermetures de pans entiers de l’économie, le blocus de l’école et l’interdiction d’aller où bon nous semblait. Depuis le deuxième confinement, plus light, les choses se sont rééquilibrées, le politique a repris une part d’autonomie sur le médical. Mais les médecins ont continué à croire (ou à espérer) que c’était eux qui décidaient. Et à s’exprimer comme des décideurs. C’est cela qu’ils devraient recaler.