Manifestation des policiers : la stratégie d'étouffoir de Gérald Darmanin

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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il s'intéresse à la stratégie du ministre de l'Intérieur face à la colère des forces de l'ordre. Gérald Darmanin participera cet après-midi à la manifestation organisée par les syndicats de policiers devant l’Assemblée nationale.

Gérald Darmanin participera cet après-midi à la manifestation organisée par les syndicats de policiers devant l’Assemblée nationale. Une grande première !

Un événement assez incroyable, en réalité, puisque le ministre de l’Intérieur va se retrouver mêlé à des manifestants qui protestent contre son action et celle du ministre de la Justice. Sa simple présence est donc un vrai risque.

Dans ces conditions, pourquoi le fait-il ?

Pour dire aux policiers : "Je suis de votre côté". À l’Élysée, on souligne que, dans le moment d’émotion traversé par le pays après l’assassinat d’un policier à Avignon et compte tenu des moyens budgétaires et humains investis durant la présidence Macron, cette présence du ministre de l’Intérieur n’est pas incongrue.

Mais c’est un pari !

Un pari qui est déjà en partie gagné. Peu à peu, le rassemblement de policiers s’est transformé en quelque chose de différent, une mobilisation, mais pas une manifestation au sens classique du terme. Un des principaux syndicalistes le dit d’ailleurs : il doit s’agir d’un "rassemblement sans récupération politique". Et voilà, cette manif a changé de nature, elle devient une mobilisation de soutien à la police et à son travail. Et qui d’autre mieux que le ministre de l’Intérieur peut soutenir la police et son travail ? CQFD.

Et à côté de lui, il y aura des représentants de presque tous les partis politiques, Les Républicains, le centre, et bien sûr, le Rassemblement national, ce parti qui séduit désormais une majorité du vote des policiers. Et puis il y aura la gauche, le PS, les communistes et le Vert Yannick Jadot. Tous seront là pour envoyer un message à leurs électeurs, parce que tous ont intégré que la sécurité était devenue une priorité dans l’esprit des Français. Tous critiquent la présence de Gérald Darmanin dans le cortège, mais personne ne prendra officiellement la parole. C’est la stratégie de l’étouffoir : les syndicats changent de ton, et les politiques se tairont.

Il y aura quand même un absent très remarqué : Jean-Luc Mélenchon.

Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui veut lui aussi envoyer un message de défiance vis-à-vis de la police à ses électeurs, le même que celui qu’il martèle depuis qu’il a fait de la dénonciation des violences policières un de ses thèmes favoris. Ça a d’ailleurs été l’objet d’une vive altercation avec Gérald Darmanin, ce mardi, à l’Assemblée. Une prise de bec voulue, choisie par le ministre de l’Intérieur. Et une opération 100% politique, donc. Reste pour lui un dernier écueil à surmonter : que sa présence dans la manif de policiers ne soit pas chahutée.