Présidentielle : Anne Hidalgo entravée par son costume de maire de Paris

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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce vendredi, il s'intéresse à la campagne présidentielle d'Anne Hidalgo. Selon lui, la candidate socialiste est entravée par son costume de maire de Paris.

Mauvaise nouvelle pour Anne Hidalgo : son projet sur le temps de travail à la Mairie de Paris a été annulé par la justice.

Quand ça veut pas, ça veut pas. Anne Hidalgo a beau accélérer le mouvement, déployer son dispositif en régions, multiplier les interventions dans les médias, rien n’y fait : elle est constamment confrontée à 2 problèmes (pour l’instant insolubles) : son bilan très contesté en tant que maire de Paris, et le peu de succès que recueillent ses propositions de candidate officielle du Parti socialiste à l’élection présidentielle. Son idée de doublement du salaire des profs et de tous ceux qui, en milieu scolaire, sont en contact avec les enfants, a eu l’effet inverse de celui qui était recherché : les syndicats ont jugé le sujet pas sérieux et loin de leurs attentes. Même flop avec les 110 km/h sur autoroute, une façon maladroite de renforcer son image anti-bagnole. Quant à la promesse de créer un ISF climatique, elle avait déjà été préemptée par les Verts.

Anne Hidalgo a également promis, si elle est élue, d’encadrer les loyers dans toutes les métropoles et les villes moyennes où la situation du logement est tendue.

Oui, parce que dit-elle, "ça marche". Ben en fait, non, ça ne marche pas. L’exemple de Paris est assez éclairant. Moins d’un loyer sur deux est effectivement encadré, et pour le reste, si les hausses ont été modérées depuis un an, c’est davantage parce que beaucoup de Parisiens ont décidé de quitter la capitale (c’est l’effet Covid), ce qui a, pendant un temps, fait un peu baisser la pression immobilière. La ville se vide un peu tous les ans, les écoles perdent des effectifs, c’est un mouvement d’érosion lent mais préoccupant. Et voyez-vous, ce casse-tête du logement à Paris est symptomatique du problème plus général d’Anne Hidalgo. Son bilan de maire et son image plaident plutôt contre elle dans le reste du pays. Dernier exemple en date, justement, l’embrouillamini sur le temps de travail des fonctionnaires de la Ville de Paris.

En fait, une loi de 2019 a imposé à toutes les collectivités locales d’appliquer les 35 heures au plus tard le 1er Janvier 2022.

Voilà, dans deux mois, donc. Et Paris ne sera pas en règle. Les fonctionnaires, qui font actuellement 32 heures par semaine, refusent de passer aux 35 heures. Vous vous souvenez de Strauss-Kahn, lorsqu’il était ministre des Finances, qui avait expliqué avec humour que les fonctionnaires allaient passer progressivement aux 35 heures : 32, 33, 34, etc… Et bien ce gag est devenu réalité un peu partout en France, sauf à Paris. Ne voulant pas se fâcher avec les syndicats, Anne Hidalgo a eu l’idée un peu ficelle de remonter le temps de travail, mais d’accorder en compensation trois jours de congés de plus. Illégal, vient de dire le Tribunal administratif de Paris. D’où le dilemme pour la candidate socialiste : soit elle braque les syndicats et elle apparaît antisociale, soit elle contourne la loi ce qui n’est pas très républicain. Dans les deux cas, pas terrible comme image. Elle paye là très clairement son choix d’être restée aux commandes de la ville, de ne pas avoir passé la main à son homme de confiance, Emmanuel Grégoire. Tous les conflits avec les écolos, dans la majorité municipale, ont des répercussions au plan national, et l’ambiance se tend. Parce que, en plus, les sondages ne bougent pas.

Elle est toujours donnée entre 4 et 7% des intentions de vote.

Derrière, Yannick Jadot et derrière Jean-Luc Mélenchon. Et ça commence à peser sur le moral. À plusieurs reprises depuis deux ou trois jours, Anne Hidalgo s’est énervée, renvoyant dans les cordes ceux qui l’interrogent sur ses difficultés de campagne. C’est pourtant la seule chose qu’elle devrait éviter : elle a déjà une image très dure. Un sondage (Odoxa pour La Dépêche) vient de mesurer que les Français ne lui prêtent majoritairement que des défauts, ce qui dénote une exceptionnelle sévérité. Plus grave, depuis le début de la campagne, l’évolution est négative. Quand ça veut pas, ça veut pas…