Primaire à droite : l'arbre qui cache la forêt

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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce jeudi, il s'intéresse à l'accord trouvé entre les Républicains lors de leur bureau politique. Avant de décider d'une éventuelle primaire à droite, ils laissent le temps à un "candidat naturel" d'émerger d'ici cet été. Selon Nicolas Beytout, les Républicains feraient mieux de passer leur temps à se mettre d’accord sur des idées plutôt que sur un nom.

La réunion s’annonçait très tendue, mais le Bureau politique du parti Les Républicains s’est finalement déroulé sans drame.

Les flingues ont été laissés au vestiaire. Deux camps risquaient de se retrouver face à face au sein de la direction du parti : ceux qui veulent que soit organisée une primaire pour désigner le prochain candidat à l’élection présidentielle, et ceux qui n’en veulent pas. Côté pro-primaire, Bruno Retailleau (le patron des sénateurs LR) et aussi le Président du Sénat Gérard Larcher qui veut un "mécanisme de départage". Il utilise cette litote pour ne pas prononcer le mot primaire qui leur a tellement porté malheur. De l’autre côté, Christian Jacob, le patron des Républicains et une partie de la direction. Dans les deux camps, les esprits s’étaient échauffés en prévision d’un affrontement qui n’a finalement pas eu lieu. Bien au contraire puisqu’une motion a été adoptée à l’unanimité.

Comment s’est opéré ce retournement ?

Grâce à une vieille technique : le choix a été fait de ne pas choisir. De remettre à plus tard. Plutôt que se donner en spectacle en offrant à leurs adversaires de contempler leurs divisions. Gérard Larcher et Christian Jacob, les deux autorités tutélaires du parti, ont dealé un arrangement avant la réunion. Comme on dit, une mauvaise paix vaut mieux qu’une bonne guerre.

Tout est arrangé ?

On n’en est pas loin, même si les arrière-pensées sont toujours aussi vivaces. Car l’idée nouvelle qui est apparue est de laisser le temps à un candidat naturel de s’imposer de lui-même. Un peu comme aurait pu le faire François Baroin s’il avait décidé de plonger dans le grand bain. Si aucun candidat n’est apparu naturel cet été, alors il y aura un système de départage à la rentrée. On aura donc l’homme ou la femme, mais on n’aura pas les idées.

C’est-à-dire ? On n’aura pas le programme ?

Evidemment non. Et là, ce n’est plus une question de mécanique de départage ou de candidat naturel, c’est un problème de fond. À ce jour, le parti Les Républicains n’a aucune unité de pensée. Rien de commun entre un Guillaume Peltier, le numéro 2 du parti et un Gérard Larcher ou un Eric Woerth (le président de la Commission des Finances de l’Assemblée). Rien de commun entre une Nadine Morano et un Jean-François Copé. Et comme il n’y a à peu près aucune chance pour que tous ces gens-là se mettent d’accord sur un programme cohérent et partagé par tous, ça signifie que c’est l’éventuel candidat naturel qui imposera le sien.

Et s’il n’y a pas de candidat naturel ?

Le vainqueur de la primaire défendra le sien. Mais il y a fort à parier que ce sera avec le même succès tout relatif que ce que fit François Fillon, vainqueur incontestable des primaires de 2016 mais dont le programme avait immédiatement été contesté à l’intérieur même de son parti. Comme quoi Les Républicains feraient mieux de passer leur temps à se mettre d’accord sur des idées plutôt que sur un nom.

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