Entre les polémiques sur l'islamo-gauchisme à l'université et les repas sans viande au menu des cantines de Lyon, les derniers jours ont été tumultueux au sein de la majorité. Les Marcheurs se divisent sur fond de retour du clivage gauche-droite. Un mauvais signe pour Emmanuel Macron, à un peu plus d'un an de l'élection présidentielle.
Le calme semble être revenu dans la majorité présidentielle. Un peu comme après une forte tempête.
Oui, parce que depuis quelques temps, ça secoue à l’intérieur même de la majorité, aussi bien au gouvernement qu’au cœur du Parlement. Coup sur coup, les esprits se sont enflammés et les polémiques ont fusé sur l’emprise de l’islamo-gauchisme à l’université ou sur l’absence de viande dans les menus des cantines de la ville de Lyon. Alors, ce n’est pas la première prise de bec du quinquennat, mais désormais, ça cogne plus que ça ne débat, et c’est ça qui est le plus marquant. Ça et le retour d’un clivage droite-gauche.
Ce clivage que la macronie entendait effacer, ou dépasser.
Oui, et qui au contraire se creuse de plus en plus, comme si la vie commune entre Marcheurs venus de la gauche et Marcheurs venus de la droite devenait avec le temps plus difficile à supporter. Ça avait commencé un peu mezza voce après les déclarations de Gérald Darmanin regrettant que Marine Le Pen soit trop molle sur la lutte contre l’islamisme. Et ça a ensuite dérapé sur la laïcité dans les universités et sur l’écologie dans les assiettes, en fait à chaque fois sur des sujets très identitaires de la droite et de la gauche. Ce qui veut dire que c’est révélateur d’un mal profond.
Lequel ?
Une absence de ligne politique claire sur ces sujets, une absence de consensus dans la majorité. J’y ajoute une absence criante de bienveillance et d’empathie (vous vous souvenez que En Marche ! devait faire de la politique autrement), et j’y ajoute enfin un manque évident d’autorité sur les troupes. Sur le gouvernement et sur les parlementaires.
Il y a quand même eu un rappel à l’ordre de Matignon à tous les ministres.
Oui, le cabinet du Premier ministre les a mis en garde contre "les polémiques autoportées". Vous savez ce que c’est une polémique autoportée ?
C’est un couac !
Voilà, un gros couac, comme ceux que François Hollande avait fini par collectionner, et qu’Emmanuel Macron observait alors avec une grande sévérité. C’est à lui, maintenant, de mettre de l’ordre dans cette majorité. Parce que plus on s’approchera des élections, plus chaque camp essaiera de peser en influence et moins ce sera supportable.
Ça passe par une mise au clair sur des sujets qui ne sont pas dans l’ADN du chef de l’Etat et sur lesquels il a du mal à se positionner clairement. Je pense en particulier à l’écologie. Un thème sur lequel Emmanuel Macron a beaucoup fait sans jamais réussir à obtenir son label vert. Et qui risque à nouveau de provoquer des grincements de dents dans quelques jours seulement. Ce sera en effet le début de l’examen du projet de loi Climat et résilience. Un terrain d’expression parfait pour les dissidences.