Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse à la personnalité du Premier ministre. On disait Jean Castex extrêmement organisé, homme de dialogue et proche des régions, il apparaît finalement comme un homme qui ne concerte pas et sans autorité politique.
C’était ce lundi le premier jour de fermeture des restaurants et des bars dans la région d’Aix-Marseille. Dans l’ensemble, la profession s’est bien tenue.
Oui, et on a dû pousser un ouf de soulagement au gouvernement. La fronde des élus locaux, plus la colère d’une ville qui est persuadée d’être stigmatisée, ça promettait de donner un cocktail assez détonnant sur une population chauffée à blanc et, parfois, menacée par la ruine. Certains élus avaient même donné l’impression d’excuser par avance la désobéissance civique.
Finalement, fausse alerte ?
Oui. Mais ça n’en fait pas pour autant une victoire pour le gouvernement. L’affaire laissera des traces, en particulier sur un thème : le manque de concertation. À part ceux qui se réclament d’En Marche, tous les élus locaux se sont en effet plaints des méthodes du gouvernement. Aucune discussion, aucune explication, une décision qui tombe de la capitale sans aucun préavis. Olivier Véran, le ministre de la Santé, a affirmé avoir téléphoné aux principaux concernés, la maire de Marseille et le président de la région. Mais il l’a fait quelques minutes seulement avant l’annonce de la mise en surveillance maximale de Marseille.
Olivier Véran s’en est expliqué : "Concerter ne veut pas dire tomber d’accord".
Ce qui est vrai. Mais informer n’est pas concerter. C’est d’ailleurs un trait de caractère assez étonnant de ce gouvernement. Jean Castex, on s’en souvient, a été nommé avec un pitch (une feuille de route) très "terrain", très "locale". Il est arrivé avec en bandoulière la réputation de quelqu’un qui est sensible aux territoires, qui les aime et les écoute. Bref, qui concerte. Eh bien non ! À Marseille et à Paris aussi, il a été pris en défaut sur ce point. Et ce n’est pas le seul cas. Le représentant d’un secteur clef pour la reprise économique racontait ce lundi à Nicolas Beytout qu’il avait découvert dans la presse le traitement (pas forcément réjouissant) qui avait été concocté au budget pour ses activités. Pas un coup de fil, pas une lettre. Le silence, une première dans sa relation de longue date avec les pouvoirs publics.
Mais est-ce que ce genre de démarche est du ressort du Premier ministre ?
Bien sûr que non, ce n’est pas forcément à Jean Castex lui-même de faire le travail d’explication. Mais si aucun de ses ministres ne le fait, cela signifie que l’administration a repris du terrain, alors que le remaniement avait été calibré justement pour que le politique reprenne la main. C’est la question du moment : Jean Castex a-t-il la main ? Sa première grande émission de télévision, jeudi dernier sur France 2, n’a pas enthousiasmé tout le monde dans la majorité. On a ressenti une forme d’incapacité du chef du gouvernement et chef de la majorité, à faire de la politique. S’il n’arrive pas à se construire une autorité politique à lui, et qu’il ne marque pas les esprits par sa méthode de gouvernement, alors, oui, au bout du compte, il y aura un problème Castex.