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Le Français Sanofi a annoncé mardi qu'il allait participer à la production et au conditionnement du vaccin des entreprises Pfizer et BioNTech contre le Covid-19. Le groupe français répond ainsi à une demande du gouvernement sur le sujet. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Les deux projets de vaccins de Sanofi n’étant pas prêts, le groupe pharmaceutique français annonce qu’il va produire le vaccin d’un de ses concurrents.

C’est rare et ce n’est clairement pas le scénario rêvé pour le numéro 2 mondial des vaccins. Le patron de Sanofi, Paul Hudson, reconnaît lui-même qu’il n’aurait pas imaginé que cela puisse arriver un jour. Mais comme il le dit aussi, ce combat contre cette pandémie de Covid-19,  "c’est ma Deuxième guerre mondiale". À la guerre comme à la guerre, Sanofi va mettre ses capacités de production à disposition pour non pas réellement produire mais précisément flaconner le vaccin de la biotech allemande BioNTech, propriété de l’industriel américain Pfizer. Dès le mois de juillet, 15 millions de doses sortiront chaque mois de l’usine allemande de Sanofi. Cet effort de l’industriel français, encouragé par Bercy, mérite d’être salué.

L’État français a beaucoup poussé pour cette solution.

La ministre déléguée à l’Industrie Agnès Panier-Runacher est montée au front sur ce dossier, dès que l’on s’est rendu compte que les projets de vaccins de Sanofi allaient prendre du retard. Grâce à cet accord entre Sanofi et Pfizer, l’Europe va disposer au cours du second semestre de 100 millions de doses supplémentaires. Il y a urgence. L’Europe est à la traîne puisque nous n’avons vacciné que deux personnes pour 100 habitants, c’est trois fois moins que les États-Unis, cinq fois moins que le Royaume-Uni et vingt fois moins qu’Israël.

Sanofi, contrairement au laboratoire Merck qui est associé à Pasteur, va néanmoins continuer la mise au point de ses propres vaccins.

Son projet principal, développé avec le britannique GSK, doit aboutir au quatrième trimestre. Sanofi est confiant sur sa technologie et estime même qu’il y a de bonnes chances, grâce à la présence d’adjuvants, qu’elle se révèle plus efficace pour faire face aux multiples variants qui apparaissent ou vont apparaître dans le futur. Enfin, Sanofi développe également son propre vaccin à base d’ARN messager, comme celui de BioNTech, cette fois avec la biotech américaine Translate Bio. Là aussi, il vise une commercialisation vers la fin de l’année. Le patron de Sanofi, qui dépense six milliards d’euros en recherche et développement par an, se défend d’avoir été trop conservateur dans ses choix stratégiques. À la fin de la guerre contre le virus, il faudra malgré tout faire le bilan. Et comprendre ce qui, en France, n’a pas marché, ou trop tard, dans la mise au point de vaccins alors que nous disposons en la matière d’une recherche de pointe.