Malgré l'aide de 11 milliards d'euros au secteur de la Culture, une centaine de théâtres reste toujours bloquée. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Le gouvernement a fait beaucoup pour soutenir le secteur de la Culture pendant la crise sanitaire. Et pourtant, les intermittents du spectacles bloquent la reprise ici et là.
Il y a une chose qui ne change pas entre le monde d’avant et le monde d’après, ce sont les revendications des intermittents du spectacle, chauffés à blanc par la CGT, dominante dans le secteur. Dans le contexte actuel où tout le monde a envie de profiter du déconfinement et de retourner au cinéma, le blocage d’une centaine de théâtres par les intermittents a quelque chose de surréaliste, pour ne pas dire indécent. Car il faut le rappeler, le secteur de la culture a bénéficié d’aides publiques massives, 11 milliards d’euros payés par la collectivité, par nous tous.
Peu de pays en ont fait autant ?
Aucun, même ! C’est pourquoi lorsque l’on entend des slogans de "culture sacrifiée" censés justifier l’occupation sauvage de théâtres, il y a de quoi bondir. À Paris, l’Odéon a été enfin libéré ce week-end après trois mois d’occupation, mais c’est très loin d’être le cas ailleurs. Or ces 11 milliards d’aides à la culture, c’est deux fois plus qu’en Italie, cinq fois plus qu’au Royaume-Uni où de grands artistes, comédiens, musiciens dans les meilleurs orchestres symphoniques, en sont réduits à changer de métier. Une tragédie. C’est même 14 fois plus qu’en Espagne où les artistes envient le sort de leurs collègues français.
Mais que veulent les intermittents grévistes ?
Ils ont obtenu l’an dernier une année blanche de couverture chômage, c’est-à-dire la prolongation de leurs droits jusqu’au 31 décembre prochain. Ce qu’ils veulent maintenant, c’est pouvoir continuer à toucher le chômage jusqu’à l’été 2022, donc dans un an, toujours sans travailler. Mais ils font grève aussi contre la réforme de l’assurance chômage, alors qu’ils ne sont absolument pas concernés. Il y a donc là une dimension politique. Les Français font beaucoup pour soutenir la Culture, 11 milliards, c’est une somme énorme, c’est trois années du budget annuel de la Culture en temps normal ! Un peu de reconnaissance ne ferait pas de mal.