2:03
  • Copié
, modifié à

Le "quoi qu'il en coûte" a sauvé l'économie française mais il pourrait bien avoir de très longues répercussions. Directeur de la rédaction des "Échos", Nicolas Barré revient vendredi sur Europe 1 sur les estimations des économistes d'Euler Hermes selon lesquelles il faudra 67 ans à la France pour retrouver son niveau de dette publique d'avant la crise.

Les pays européens ne sont pas égaux devant la dette. Certains, comme la France, mettront plus de 60 ans à effacer la dette Covid...

"Le 'quoi qu’il en coûte' va coûter longtemps... Il faudra en fait, non pas quelques années, mais des décennies pour revenir aux niveaux de dette publique d’avant la crise du Covid. Niveau qui était déjà élevé puisqu’en France, la dette publique représentait déjà 100% du PIB, soit une année de production de richesse. Selon les économistes d'Euler Hermes, il faudrait 67 ans à la France pour ramener la dette publique à ce qu'elle était d'avant la crise.

Autrement dit, tout cet argent qui coule à flots depuis un an pour aider les secteurs en difficulté, payer le chômage partiel et compenser les pertes de chiffre d'affaires devra bien être remboursé et cela va peser sur les épaules des Français pendant au moins deux générations.

Cette crise du Covid va donc laisser des traces pour longtemps...

Les mêmes économistes ont calculé qu'il faudra 89 ans à l'Espagne pour retrouver le niveau de dette d'avant Covid. Ce sera beaucoup moins long en revanche pour l'Italie, seulement 26 ans. Alors tant que la Banque centrale européenne rachète cette dette des Etats, c'est assez indolore. Mais la banque centrale prévoit d'arrêter petit à petit ce financement et donc le poids de la dette risque de devenir plus problématique.

Et cela va renchérir le coût de financement des Etats les plus endettés...

C'est exactement le risque pour des pays comme la France ou l'Italie. On l'observe déjà : avant le Covid, l'Etat français pouvait emprunter de l'argent sur 10 ans à taux négatif, à environ - 0,30%. S'endetter ne coûtait rien et c'était même une bonne affaire ! Aujourd'hui, on est autour de + 0,30%. Sur des dizaines de milliards d'euros, ça fait une grosse différence. Et c'est encore plus net dans le cas de l'Italie.

Certes, la situation n'est pas alarmante à ce stade. Mais cela montre que l'envolée de la dette publique se paie un jour. Ce n'est pas indolore. Aujourd'hui, les pays vivent dans une sorte d'insouciance, on dépense sans compter... Mais on en oublie que cela revient à vivre à crédit et à alourdir le fardeau des générations à venir. On leur renvoie la facture de la crise du Covid. Il serait temps de s'en rendre compte."