Total a pris des engagements forts en faveur de la neutralité carbone à l'horizon 2050 mais pour ces actionnaires, ça ne suffit pas. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Chaque année à cette époque, les entreprises réunissent leurs assemblées générales d'actionnaires. Et cette fois, la question du climat est devenue centrale.
Avec un cas emblématique, mais il n'est pas du tout le seul, c'est celui de Total. Un groupe d'investisseurs dans lequel on retrouve des fonds de pension étrangers mais aussi des gérants d'épargne français veut profiter de l'assemblée des actionnaires pour demander à Total d'aller encore plus loin dans sa stratégie climat. Le groupe pétrolier a pourtant pris des engagements forts en faveur de la neutralité carbone à l'horizon 2050 mais pour ces actionnaires, ça ne suffit pas.
Le mouvement dépasse largement Total.
C'est en train de devenir en quelque sorte la nouvelle norme : les grands gérants d'épargne mondiaux, qui détiennent plus de la moitié du capital du CAC40, sont de plus en plus exigeants vis à vis des entreprises. Ils utilisent le pouvoir de l'argent pour dire aux dirigeants des grands groupes: soit vous faites plus pour lutter contre le réchauffement climatique, soit nous vous mettons en minorité. Et leur pouvoir est considérable : plusieurs centaines d'investisseurs du monde entier ont formé une coalition qui s'appelle Climate Action 100+ et collectivement, ils pèsent plus de 50.000 milliards de dollars. Pour situer les choses, l'ensemble du CAC 40 vaut un peu plus de 2.000 milliards. Donc, on a intérêt à les écouter.
La finance est en train de devenir moteur dans la lutte contre le réchauffement climatique ?
Il n'y a pas de mystère, dans un système capitaliste, les détenteurs de capitaux, les actionnaires, les épargnants ont le pouvoir. Et ils l'exercent. Ce à quoi l'on assiste, c'est tout simplement au fait que l'argent va là où la transition énergétique avance. Cette pression des actionnaires est une incitation très forte à accélérer les efforts. Beaucoup plus forte qu'un énième texte de loi. Le secteur privé est en train de prendre à bras le corps la question du climat. Et quand on sait l'efficacité dont il est capable, on peut être raisonnablement optimiste.