Le groupe français vient de racheter la société américaine WhiteWave pour 12.5 milliards de dollars.
L'édito éco de Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos. Bonjour Nicolas.
Danone, roi du bio ! Le groupe français vient de boucler une très grosse acquisition aux Etats-Unis, 12.5 milliards de dollars pour devenir un géant du bio là-bas.
C’est un mouvement stratégique majeur pour Danone. Sa plus grosse acquisition depuis dix ans. Les Etats-Unis sont déjà le premier marché du groupe français. Et en rachetant cette société américaine, WhiteWave, Danone surfe sur la mode des produits bio et des alternatives aux protéines animales, vous savez le lait de soja, le lait de coco, de riz etc. Figurez-vous qu’aux Etats-Unis, en Europe et même en Chine, ces produits connaissent une croissance exponentielle. Le phénomène est mondial. Même Coca Cola s’y met.
Coca Cola ?
Oui Coca Cola fait le pari, comme Danone et d’autres, que les boissons à base de lait végétal ou de lait de vache bio connaîtront la plus forte croissance au monde dans les deux prochaines années (hors alcool). Ce mouvement est porté par la génération des millenials, c’est-à-dire de ceux qui sont nés autour de l’an 2000, qui ont une petite vingtaine d’années. Une génération qui se méfie plus des traces d’antibiotiques ou de traitements divers que l’on peut trouver dans les aliments. Ce goût pour le bio et le végétal s’accompagne aussi d’une autre tendance de fond, qui va avec : l’attrait pour des marques locales. "Le monde se fragmente, le consommateur raisonne de plus en plus local", dit d’ailleurs le patron de Danone, Emmanuel Faber.
Danone qui se réorganise en conséquence
Oui, il y a quelques semaines, le groupe a décidé de repenser son organisation autour d’un modèle plus régional. Les consommateurs, surtout s’agissant de nourriture, veulent du local, des marques dont ils sont proches, qui leur apparaissent plus responsables, qui ont des processus de production plus respectueux de l’environnement et qui ne font pas la loi avec un produit uniforme d’un bout à l’autre de la planète. On veut du local, du bio, du végétal : et c’est toute l’industrie de l’agroalimentaire qui doit se transformer en conséquence. Car in fine, c’est plus souvent le consommateur qui fait la loi et les multinationales qui s’adaptent, plutôt que le contraire.