Bruno Le Maire annoncera cet après-midi le lancement d’un fond pour renforcer les contrôles des fleurons français avec la BPI. Les Émirats y prendront part avec d’autres investisseurs. Cela fait partie de la stratégie de défense des groupes français.
C’est la nouvelle arme économique française, un fonds de plusieurs milliards d’euros baptisé "lac d’argent" a pour objectif de protéger le capital des grands groupes français.
Cela fait des mois que BPI France peaufine ce projet et lève de l’argent auprès de gros investisseurs. Des assureurs, des investisseurs privés, de grandes familles et même des fonds souverains étrangers. Bruno Le Maire annoncera ce lundi un accord avec le prince héritier d’Abu Dhabi, Mohammed ben Zayed. les Émirats ont accepté d’investir un milliard d’euros dans ce fonds. Un fonds qui prendra des participations de quelques pour-cent dans des grands groupes cotés français afin, en quelque sorte, de planter un drapeau tricolore et d’envoyer un message pour que ces groupes conservent leur ancrage français. Car en fait, beaucoup de grandes sociétés du CAC 40 et au-delà, comme Danone, Schneider, Saint Gobain ou encore Pernod Ricard, ont un capital éparpillé et sont donc à la merci de fonds étrangers dits "activistes" qui peuvent les bousculer.
Ce n’est pas forcément un mal.
Non, mais à condition que cela ne débouche pas sur un démantèlement ou une perte de contrôle. Le but de ce fonds, c’est de stabiliser le capital de ces entreprises. Edouard Balladur, lors des privatisations de 1993-95, avait inventé les "noyaux durs". L’idée n’est pas neuve. Dans les autres pays, ce sont les fonds de pension qui assurent la stabilité du capital des entreprises. Mais en France, nous n’en avons pas. Donc c’est BPI France qui "fait le job", comme le dit souvent son patron Nicolas Dufourcq. Le fonds "Lac d’argent" sera opérationnel dans les semaines qui viennent. Il vise 10 milliards d’euros. C’est une goutte d’eau par rapport à des fonds étrangers qui pèsent parfois plusieurs centaines de milliards de dollars. Mais on l’a vu avec des sociétés comme PSA ou Valeo, parfois il suffit d’une goutte d’eau pour stabiliser le contrôle et le destin d’un grand groupe dans des moments difficiles. C’est le but.