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Le Premier ministre Édouard Philippe réunit ce lundi à Matignon des élus, les partenaires sociaux et des associations sur le thème de la "mobilisation nationale pour l’emploi". Est-ce utile ?
On peut commencer par être sceptique. Dans notre pays laïc, on adore les grand-messes, les plans, les lois. Savez-vous par exemple que plus de 20 lois sur l’emploi ont été votées depuis la fin des années 1970, sans éradiquer le chômage de masse. Ceux qui ont connu la présidence de Valéry Giscard d’Estaing se souviendront peut-être du premier « pacte pour l’emploi des jeunes » du Premier ministre Raymond Barre:1977, plus de 40 ans! Quatre ans plus tard, élu président, François Mitterrand promettait de gagner « la bataille de l’emploi ». Un septennat plus tard, le Parlement votait une loi quinquennale pour l’emploi pendant la cohabitation Chirac-Mitterrand, avec toujours le même succès. En 1995, Jacques Chirac décrétait que l’emploi "priorité nationale". Puis il y a eu les 35 heures, avec ses promesses mirobolantes et non tenues de créations d’emplois et l’on pourrait continuer. C’est facile d’ironiser mais nous n’avons pas remporté beaucoup de succès dans cette bataille pour l’emploi depuis un-demi siècle!
Ça augure mal du nouveau plan d’Édouard Philippe ?
Alors justement, ce n’est pas un plan. On change de méthode. Acceptons la nouveauté. L’idée est d’aller dans le très concret sur, par exemple, tout ce qui constitue des freins, j’allais dire pratiques, à l’emploi: un chômeur qui trouve un job dans le département d’à côté mais n’a pas de voiture, pas de logement alors qu’il faut prendre l’emploi tout de suite, comment fait-il ? Comment mieux faire coller les emplois non pourvus, il y en a plus de deux millions, avec les personnes disponibles? L’idée de cette mobilisation nationale est d’aller dans le local, bassin d’emploi par bassin d’emploi. Et de voir avec les élus s’il n’y a pas des solutions à imaginer pour faciliter les créations d’emplois.
Ça peut marcher ?
Il y a à l’évidence beaucoup de choses à faire et le gouvernement a raison de lancer l’exercice. Mais bien sûr il ne faut pas perdre de vue la "big picture", comme disent les Anglo-saxons, qui, eux, ont vaincu le chômage de masse. La "big picture", ce sont les briques qui font la compétitivité d’une économie et des entreprises: la qualité de la formation et de la recherche, le niveau de réglementation, le niveau des impôts notamment. La bataille de l’emploi, c’est à ce niveau là qu’elle se gagne, pas ailleurs.
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