Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Le face à face promet d’être tendu : le ministre de l’Economie Bruno Le Maire reçoit aujourd’hui le président du Medef Geoffroy Roux de Béziers. Le patronat est remonté contre le rabotage des niches fiscales.
Depuis la conférence de presse du président de la République la semaine dernière, la tension ne cesse de monter entre le gouvernement et le patronat. Motif : les niches fiscales dont bénéficient les entreprises et que le gouvernement songe à réduire pour financer ses promesses de baisses d’impôt sur le revenu. Côté patronal, on sonne l’alarme et on commence à dresser les barricades : hors de question de prendre dans la caisse des entreprises pour redistribuer aux ménages, ce serait contraire à ce que fait le président Macron depuis son élection pour redonner de la compétitivité aux entreprises. Sauf que les caisses de l’Etat sont vides et que Bercy compte bien financer une partie des baisses d’impôts en rognant sur ces fameuses niches fiscales.
On sait lesquelles ?
Oui, on peut citer quelques pistes, mais elles sont toutes assez vite polémiques. Il y a par exemple la fin du taux réduit de taxe sur le gazole pour les entreprises de BTP. Le secteur est évidemment vent debout. Autre piste encore plus polémique : le taux réduit de TVA dans la restauration. Certains députés voudraient revenir dessus au prétexte que l’efficacité de la mesure, censée favorisée l’emploi, n’a jamais été vraiment démontrée. Mais bon courage pour affronter le lobby des cafés-restaurants qui subissent chaque samedi les assauts des gilets jaunes.
On pourrait aussi revenir sur l’exonération de taxe sur le kérosène pour les vols intérieurs, mais là encore le moment est mal choisi compte tenu de la santé du secteur aérien domestique. Pourquoi pas rogner également sur les avantages en faveur du mécénat. Mais vous le voyez, à chaque fois, ça promet des levées de boucliers.
Mais certaines niches fiscales sont quand même réellement peu efficaces, ce n’est pas anormal de les remettre en cause.
En effet, sur 40 milliards de niches fiscales, toutes ne sont pas complètement pertinentes. Mais il ne faut pas perdre de vue l’essentiel : les entreprises françaises sont nettement plus imposées que leurs homologues étrangères. A quoi servent les niches fiscales ? A corriger cet écart. Un peu. Mais malgré ces avantages, on reste en France très au-dessus du taux d’imposition des autres pays. Oublier cette réalité pour financer des baisses d’impôt pour les particuliers serait une politique à courte vue, ruineuse pour notre compétitivité et pour l’emploi. Malheureusement, la politique étant ce qu’elle est, ce risque existe.