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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Le gouvernement est en campagne pour vanter les mesures qu’il a prises en faveur du pouvoir d’achat. Mais est-ce la bonne stratégie économique? 

C’est une stratégie sociale avant d’être économique. Les mesures pouvoir d’achat prises en réponse à la crise des "gilets jaunes" sont avant tout une réponse à une crise sociale. Ces mesures auront un "effet massif", selon Edouard Philippe. On peut rappeler les principales : la "prime Macron" dont ont bénéficié 5,5 millions de salariés, la prime d’activité, plus de 4 millions de bénéficiaires, la défiscalisation des heures supplémentaires, qui concerne près de 7 millions de salariés du privé etc. Donc oui, il y a un effet pouvoir d’achat important.

C’est important sur le plan social

Oui. D’autres mesures, d’ailleurs, ne sont pas exclues. Matignon pourrait par exemple ouvrir avec le patronat une discussion sur une prime transport. Le leader de la CFDT Laurent Berger suggère aussi une autre piste en demandant des aides au logement renforcées, car dans les régions où les prix sont très tendus comme en Île-de-France, le logement ampute le pouvoir d’achat, notamment de ceux qui démarrent dans la vie active, de manière disproportionnée par rapport aux générations précédentes.

Bref, au total, un grand nombre de mesures de pouvoir d’achat ont été ou vont être engagées. On peut espérer qu’elles aient un réel impact sur le plan social. Seront-elles efficaces au plan économique ? C’est une autre affaire.

Pourquoi ?

Parce qu’une politique de soutien de la demande est un pari, ça ne fonctionne pas toujours, loin s’en faut. Voyez ce qui s’est passé au premier trimestre : le pouvoir d’achat a augmenté de 0,7%, mais la consommation n’a augmenté que de 0,4%. Traduction : les Français ont épargné une bonne partie du surplus de pouvoir d’achat. D’où une croissance décevante au premier trimestre. Donc distribuer du pouvoir d’achat n’entraîne pas forcément la croissance. J’ajoute que cela peut tirer davantage la croissance des autres, si on importe beaucoup de biens de consommation, ce qui est notre cas en France, que tirer la croissance domestique.

Deuxième raison, donc, d’être méfiant par rapport à cette stratégie économique. Et puis bien sûr, soutenir la demande en distribuant du pouvoir d’achat tout en disant qu’on veut reconstituer la compétitivité des entreprises, c’est assez vite contradictoire. Avec ses nombreuses mesures pouvoir d’achat, le gouvernement peut espérer résoudre son équation sociale, mais pas son équation économique.